Le candidat Sarkozy déjà sur le ring

Une leçon de communication donnée par Nicolas Sarkozy.

L’article cite en exemple le coup de la pseudo-vendeuse des Champs Elysée, qui avait été utilisée par Nicolas Sarkozy pour influencer l’opinion au sujet du travail du dimanche, arguments dont il a été amplement démontré qu’il était faux, et qui a servi à créer une loi de commande accentuant les disparités salariales.

On peut regretter que la politique soit maintenant réduite à l’application de techniques de communication toujours plus performantes. On peut de plus regretter qu’aucun souci déontologique ne vienne apparemment effleurer la conscience de nos politiciens les plus hauts.

Christophe Jakubyszyn | RMC.fr | 30/11/2011

Ce matin on suit Nicolas Sarkozy en campagne électorale. Même s’il n’est pas officiellement candidat, il multiplie les attaques contre François Hollande. Il y a une nouveauté dans sa technique de communication. Il veut provoquer l’adversaire, l’obliger à se défendre sans cesse.

Comme on le lit ce matin dans Le Figaro, « d’un bras régalien, il impose une hauteur présidentielle à toutes ses interventions. Toujours il se place du point de vue de « l’intérêt général » et du « rassemblement », deux expressions qu’il utilise abondamment ». Un Figaro un brin ironique et second degré ce matin.Mettre Hollande en première ligneLe Figaro, comme nous, n’est pas dupe. Il a également vu le candidat qui se cache derrière le président. Le candidat par exemple, c’est lui qui présidait le petit déjeuner de la majorité hier matin à l’Elysée.Le candidat Sarkozy a distribué hier leur feuille de route aux dirigeants de l’UMP. Il leur a dit en substance : « Arrêtez de critiquer Eva Joly ou Jean-Luc Mélenchon. C’est bien de les critiquer, mais ce n’est pas notre sujet. Le vrai sujet, ce sont les mensonges de Hollande. Ce n’est pas quelqu’un de fiable. Il faut le dire aux Français ».Provoquer l’adversaireEt la tactique de Nicolas Sarkozy pour dénoncer l’adversaire, c’est une technique américaine de provocation de l’adversaire. Dans le Nouvel Observateur ce matin il y a un très bon article sur la technique utilisée par le président pour sa campagne. Une technique américaine, baptisée « l’injonction paradoxale », qui consiste à caricaturer l’adversaire et à rendre plus difficile sa réponse.

Je vais vous donner deux exemples. Le premier, c’était hier mardi dans le Gers face aux agriculteurs. Concernant l’accord entre le PS et les Verts, Nicolas Sarkozy s’explique en ces termes : « Je sais bien qu’il y a un petit courant de pensée qui pense que l’Homme est un gêneur et que la Terre serait tellement plus heureuse si les hommes ne travaillaient pas, ne mangeaient pas, ne buvaient pas, ne partaient pas en vacances. On met de côté les sectaires et les comportements ou propos caricaturaux ». Comprenez par-là, la gauche, influencée par les écolos, veut le retour à la nature, le retour à l’âge de pierre et si possible la disparition de l’homme.

Non seulement c’est caricatural mais en plus c’est faux. Un peu comme lorsque la droite nous expliquait la semaine dernière, Eric Besson par exemple, que le programme de François Hollande de baisser la part du nucléaire c’est un million d’emplois en moins et l’électricité 50% plus cher.Une méthode de communication habileCette méthode oblige sans cesse l’adversaire à se défendre de quelque chose dont on l’accuse à tort, à tenter de faire de la pédagogie, à expliquer sa véritable position et du coup à apporter une réponse très ennuyeuse alors que les attaques de Nicolas Sarkozy sont percutantes et marquantes.

Un autre exemple. Souvenez-vous comment Nicolas Sarkozy avait tenté de convaincre l’opinion sur le travail le dimanche : « J’ai parlé avec une jeune fille qui était vendeuse dans un magasin sur les Champs Elysées et je lui avais dit « Ce n’est pas trop dur de travailler le dimanche ». Elle m’avait répondu « Non le dimanche ce n’est pas plus long que le lundi, mais seulement nous, on gagne deux fois plus ». S’ils ont envie de faire ça, pourquoi les en empêcher ? ». C’est un argument imparable. Un argument de bon sens. Mais évidemment qui fait abstraction de tous les autres aspects de la question : le travail forcé le dimanche ou encore les conséquences sur la vie familiale.

Il n’en demeure pas moins que c’est toute l’habileté politique de Nicolas Sarkozy qui est désormais à l’œuvre, sa capacité à parler clairement, à emporter l’adhésion de ses interlocuteurs et à faire des propositions très concrètes. La gauche serait bien inspirée d’en prendre de la graine.

Laisser un commentaire