101e dimanche de grève pour des caissières d'Albertville

AFP – 02/10/2012

Fortes de nom­breux sou­tiens, du Parti com­mu­niste à l’Eglise catho­lique, cinq cais­sières du super­mar­ché Dia d’Albertville (Savoie) ont fêté dimanche leur 101e jour de grève contre le tra­vail domi­ni­cal imposé par leur direction.

A l’entrée du par­king, une ban­de­role jaune accueille les clients venus faire leurs courses en cette mati­née enso­leillée: « Le tra­vail du dimanche, indignons-nous! »

En ce 101e dimanche de grève, Corine, Peggy et les deux Valérie sont rejointes par une tren­taine de mili­tants locaux, venus les sou­te­nir depuis bien­tôt deux ans. Dans une ambiance de ker­messe, avec tracts et sono hurlante.

« Au départ, à la direc­tion, ils nous ont pris pour des +co-connes+, ils se sont dits: +Dans trois mois, c’est réglé+ », se sou­vient Corine Pointet, délé­guée syn­di­cale CGT.

Depuis le pre­mier dimanche de grève, le 11 octobre 2009, les six employées, deve­nues cinq après le départ de l’une d’elles, se relaient chaque week-end au piquet de grève. Au gré de leur ins­crip­tion au plan­ning du magasin.

« On vient même quand on n’est pas au plan­ning », raconte Corine. « Quand on est chez soi le dimanche, on veut retrou­ver les copines, on ne se sent pas de res­ter seules. »

Quitte à ame­ner leurs enfants en bas âge que ces mères sont sou­vent seules à élever, avec un salaire de 1.100 euros net par mois.

« Au départ, j’étais prête à faire l’effort de tra­vailler si mon salaire me per­met­tait de payer la nour­rice », explique Peggy, chef-adjointe du magasin.

« Mais vu qu’ils ne majorent les salaires que de 8 euros par dimanche tra­vaillé, j’ai cal­culé que je gagnais 30 euros en me met­tant en grève », assure-t-elle.

Le maga­sin conti­nue à ouvrir, avec le concours de quelques étudiantes et de sala­riés de Dia venus des super­mar­chés alentours.

« C’est le monde actuel. Il faut que les gens tra­vaillent pour que la crois­sance soit là », explique Amadou, 36 ans, un volon­taire de Chambéry.

Les gré­vistes ont reçu le sou­tien de nom­breux élus locaux, mili­tants du Parti com­mu­niste et même de l’Eglise catholique.

A l’image de Bernard Anxionnaz, prêtre ouvrier de 74 ans, qui peste contre la mar­chan­di­sa­tion du jour du Seigneur. « Nous ne lais­se­rons pas le dimanche deve­nir l’affaire des hommes d’affaires », lance-t-il.

La cause est remon­tée jusqu’à l’archevêque de Chambéry, mon­sei­gneur Philippe Ballot, qui a salué dans L’Humanité la « per­sé­vé­rance » et le « cou­rage » des cais­sières d’Alberville.

Quant aux clients, ils sont le plus sou­vent par­ta­gés. « Je les com­prends. Elles ont leur vie de famille. Il n’y a pas que le tra­vail dans la vie », com­pa­tit Ali, ouvrier indus­triel de 26 ans, rem­plis­sant son coffre de pro­vi­sions, tout en recon­nais­sant que l’ouverture le dimanche « ça arrange pas mal ».

Après deux ans de lutte, semée de décou­ra­ge­ment, le conflit pour­rait connaître une issue avec le pro­chain pas­sage du maga­sin en location-gérance et la pro­messe du nou­veau patron de ne faire tra­vailler que des volon­taires le dimanche.

« Quoi qu’il arrive, on conti­nuera le com­bat. Pas pour nous, pour les autres! », assure Corine.

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