Mgr Philippe Ballot « Un sursaut de fraternité »

L’huma, 26/09/2011

«Pour plusieurs salariées ce sera le centième dimanche de grève pour la défense du repos dominical. Nous pouvons tous saluer leur persévérance et leur courage. Le mot « crise » que nous entendons tous les jours depuis des mois devrait alerter chacun pour que l’homme ne soit pas sans cesse sacrifié par le pouvoir de l’argent. Comme l’écrivait le conseil pour les questions sociales de la conférence des évêques de France en 2008 : “Gommer le caractère particulier du dimanche est une solution de facilité qui, sous prétexte de libéralisme, retire à l’homme un repère objectif, inscrit dans le temps, de sa vie spirituelle. Laisser à la seule décision individuelle le respect du dimanche revient à considérer la vie spirituelle non plus comme une composante de l’homme mais comme la résultante aléatoire de motivations privées.” On ne s’étonnera pas que les évêques évoquent, entre autres, cette dimension spirituelle que j’aime rappeler. Mais comment ne pas être encore plus inquiet, avec d’autres, lorsqu’un repère objectif aussi important pour la cohésion sociale est détruit ? Le dimanche appartient aux familles et non aux affaires. Alors qu’on se trouve dans une société qui ne cesse d’inciter à une surconsommation, à une surexploitation de la planète, il est urgent et vital de savoir s’arrêter tous ensemble. Il faut réaffirmer que la fragilisation du lien familial et social affaiblit le développement harmonieux d’une société. Il y a urgence non seulement de s’indigner mais de résister. Les “femmes d’ED”, par leur action, cent dimanches sans se lasser et d’autres à venir, en témoignent au risque d’accentuer la fragilité de leur propre situation familiale et professionnelle. On a besoin d’un sursaut de fraternité. La fraternité n’est-elle pas dans la devise républicaine ? il faut la sauver !»

Propos recueillis par M. É.

Ce sont les commerces de détails non-alimentaires, employant des salariés, qui sont concernés (magasins, coiffeurs, opticiens, banques,…) ; la loi (L 3132-6 du Code du Travail) leur permet de solliciter des dérogations municipales permettant de faire travailler un ou plusieurs salariés jusqu’à 5 dimanches par an.

Cette réponse faite suite à une expression unitaire inédite, souhaitée par la CGT de Nantes, des 8 organisations syndicales nantaises (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, UNSA), suite à la énième sollicitation du patronat local datant de début 2012.

Il est à noter que le patronat local revient chaque année sur cette question, Nantes étant une des rares communes de France qui ne déroge pas au repos dominical des salariés des commerces concernés.

Cette nouvelle offensive MEDEF-CGPME-UPA envers les salariés des commerces a consisté en une invitation à une réunion de concertation pour la négociation et signature d’un accord pour l’ouverture dominicale des commerces. Malgré notre refus unanime et explicite de remettre en cause ce droit, le patronat a insisté et renouvelé sa demande. La réponse des syndicats resta le refus en bloc de la discussion. C’est dans ce contexte que la Mairie de Nantes suivie du Conseil Communautaire n’accorderont pas de dérogations cette année.

Cette unité des syndicats de salariés face à l’unité des organisations patronales a permis de gagner, pour les salariés des commerces, le respect de leur repos ces dimanches de fin d’année.

Comme on dit, « nous remportons une nouvelle bataille mais pas la guerre… », le patronat s’entêtant à imposer et élargir le travail du dimanche que ce soit au niveau local ou au niveau national.

La CGT de Nantes se satisfait de ce résultat à la faveur des salariés. Elle les invite à rester vigilants contre toute remise en cause de leurs droits et à se mobiliser et s’organiser pour la défense de leurs conditions d’emploi, de salaires et de travail.

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