Le repos du dimanche, un droit… [Père Lucien Marguet]

Les billets du Père Lucien Marguet – 5/12/10

Le débat concernant le travail salarié, l’ouverture des grands magasins le dimanche ou le maintien ferme du repos dominical revient régulièrement. Or il est plus qu’anecdotique et circonstanciel. Il s’agit là d’une clé de voûte, d’une pierre angulaire, qui  fonde la civilisation. En effet si le déroulement de la vie ne comportait plus d’alternance entre le travail et le repos, la contemplation, pour n’être plus qu’un temps entièrement voué au travail et à la consommation, le développement et l’épanouissement humains seraient amputés. Car l’humain a un besoin régulier de temps pour la relation aux autres, à la nature et à Dieu. 

Oui ! L’être humain n’est pas que créateur, artisan, il est aussi artiste. L’être humain ne peut assouvir ses besoins essentiels seulement dans le gain et les biens matériels, il ressent aussi en lui un désir de gratuité et de grâce. L’être humain ne s’accomplit pas seulement en s’investissant dans l’action et la distraction, mais aussi en se retirant dans la réflexion et la méditation. Aussi le repos dominical doit-il rester un jour tout entier consacré par chacun à cultiver autant son intériorité que son lien social. 

Dans une société qui donne la priorité à l’argent avec l’ouverture ininterrompue des commerces, les salarié(e)s deviennent des instruments et la vie commune en famille une jachère. Les couples qui se voient déjà peu en semaine ne font que se croiser s’ils sont soumis au travail du dimanche. Ce qui est réclamé par les chrétiens, ce n’est donc pas seulement la possibilité de participer à l’office religieux du dimanche pour retrouver la communauté de foi et de louange, mais c’est que toute la journée dominicale puisse être consacrée à Dieu et sanctifiée dans la présence à la famille et aux amis. 

Dieu créateur s’est arrêté de créer le 7ème jour pour s’asseoir et contempler son œuvre. L’agriculteur visite ses champs travaillés dans la semaine pour constater et se réjouir que les jeunes pousses surgissent de terre. Le dimanche, des paroles s’échangent en famille, en couple. Les enfants se confient. Les parents les écoutent et les conseillent. Ils reçoivent leurs amis, organisent une activité avec eux.La personne est au centre. La liberté, la créativité, l’initiative font sortir des circuits du travail, de la rentabilité, des préoccupations économiques et financières, des conditionnements de la consommation, des contraintes quotidiennes. 

Ainsi, gommer peu à peu le repère marquant de la trêve dominicale, c’est aplatir le temps et lui enlever son relief jusqu’à le banaliser et même le séculariser. A force de matérialiser la vie, celle-ci risque l’anémie et la société la violence

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