Ça chauffe entre les boulangers et la Mie Câline

Ouest-France, 2/12/10

La fédération a envoyé lundi un huissier à la Mie Câline, ouverte 7 jours sur 7, pour faire appliquer une décision du tribunal lui interdisant de vendre du pain un jour de la semaine.

L’huissier est passé lundi à la Mie Câline, rue de la Patrie. Pas pour acheter son pain, mais pour signifier à Olivier Grimée, patron de la franchise lorientaise, qu’il ne pourra pas vendre de pain un jour par semaine sous peine d’une amende de 2 000 €. L’huissier n’a fait qu’appliquer une décision du tribunal de commerce de Lorient qui, le 17 septembre dernier, a ordonné à la Mie Câline de se mettre en conformité avec un arrêté préfectoral de 1996. Un arrêté qui interdit la vente de pain un jour par semaine pour respecter le repos hebdomadaire des boulangers.

« Je ne comprends pas cet acharnement »

Olivier Grimée, qui ouvre sept jours sur sept, n’aura donc pas le choix. Il a décidé de ne pas vendre de pain le jeudi, et seulement le jeudi « Cet arrêté nous demande de ne pas vendre de pain un jour par semaine. Sous la contrainte, j’ai choisi le jeudi. Je sais que je vais perdre 20 à 25 % de mon chiffre d’affaire car les clients, quand ils viennent pour acheter une baguette, prennent aussi des viennoiseries, etc. »

Olivier Grimée est un peu amer « Cela fait douze ans que j’ai ouvert cette boutique et cela fait quatre ans que certains artisans boulangers attaquent, via leur fédération, la Mie Câline, pour nous éviter de vendre du pain. Chacun fait son business et je ne vais pas chercher des poux aux boulangers de Lorient. Je ne comprends pas cet acharnement. Cet arrêté préfectoral est différemment interprété selon les départements. Parfois, la Mie Câline peut vendre du pain sept jours sur sept et puis dans d’autres cas, c’est interdit. Je ne comprends pas. »

Pour se défendre, Olivier Grimée va porter l’affaire devant le tribunal administratif « Je vais me battre. Je ne suis pas boulanger, d’accord. Je reçois mes pâtons congelés, je les fais lever et cuire dans mes fours. Certains artisans boulangers font presque la même chose. Ils fabriquent leurs pâtons pour une semaine, les congèlent et les font cuire exactement comme moi. Alors, elle est où la différence ? »

« La loi doit être respectée »

De son côté, Eric Blancho, président de la fédération et boulanger à Locminé, assume. « La fédération a effectivement saisi le tribunal de commerce pour faire appliquer l’arrêté préfectoral et nous avons demandé le passage d’un huissier pour constater si cette décision était respectée. » Éric Blancho poursuit : « Le métier de boulanger est difficile et comme tout le monde nous avons le droit à un jour de repos hebdomadaire, le lundi. Si la Mie Câline vend son pain sept jours sur sept, c’est de la concurrence déloyale. » Éric Blancho ajoute « Boulanger, c’est un métier qui s’apprend. Nous fabriquons notre pain tous les matins et nous voulons défendre notre savoir faire. Nous continuerons donc à attaquer ceux qui ne respectent pas les règles. »

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