Sarko à la reconquête des cathos

Les Echos, 04/10/10

Nicolas Sarkozy avait lancé sa campagne de 2007 au Mont-Saint-Michel. C’est à Vézelay vendredi dernier qu’il a lancé celle de 2012. A la reconquête de ses électeurs déçus, le chef de l’Etat n’oublie pas les catholiques, qui avaient plébiscité le candidat exaltant « le long manteau de cathédrales » couvrant la France et faisant de Jean-Paul II « l’homme qu’il admirait le plus ».

D’où l’importance de sa rencontre avec Benoît XVI ce vendredi à Rome. Un appel du pape, le 22 août dernier, à « accueillir les légitimes diversités humaines » avait été trop rapidement interprété comme une condamnation des évacuations de camps de Roms. Quelques évêques ou responsables de mouvement s’étaient engouffrés derrière cette généralité papale pour donner de la voix, de manière isolée et parfois excessive. L’avisé cardinal Vingt-Trois, président de la conférence des évêques de France, a oeuvré pour introduire plus de raison dans le débat. Et c’est cette fois de manière concertée que l’Eglise de France a formulé des critiques ciblées sur le projet de loi d’Eric Besson, tout en reconnaissant aux Etats « le devoir d’établir des règles » et de « procéder à la régulation des flux migratoires, prenant en compte le bien commun ».

Au-delà de la seule question de l’immigration, Nicolas Sarkozy doit convaincre le pape et les catholiques de la cohérence entre son discours et son action. De son livre « La République, les religions, l’espérance » à son discours de Latran, le 20 décembre 2007, il a toujours défendu une « laïcité positive, c’est-à-dire d’une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout » pour la société. Une « laïcité ouverte », avait dit en écho Benoît XVI à Paris il y a deux ans. Ce plaidoyer, allant de pair avec une reconnaissance, rappelée vendredi à Vézelay, des « racines chrétiennes » de la France, est en rupture avec cette « exception française » d’une laïcité de combat.

Mais dans les faits ? Le texte – même revu à la baisse –sur le travail du dimanche, la défense des écrits de Frédéric Mitterrand, la publicité autour de la vie conjugale du chef de l’Etat, l’indignation sélective face aux profanations de cimetières, les critiques publiques de ministres contre Benoît XVI… Tout cela a heurté. A l’approche de la révision des lois de bioéthique, c’est autant sur son action que sur des symboles que les catholiques jugeront Nicolas Sarkozy.

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