Onze mois de grève pour le droit au repos dominical

La Télé Libre, 29/9/10


ONZE MOIS DE GREVE POUR LE DROIT AU REPOS DOMINICAL
envoyé par latelelibre. – L’actualité du moment en vidéo.

Depuis près d’un an, six caissières d’un supermarché ED sont en grève chaque dimanche contre le travail dominical que leur impose leur direction. Cela fait 49 semaines consécutive que cela dure et cela se passe à Albertville, en Savoie. Là-bas, elles sont devenues un symbole de résistance au pouvoir et à la société de consommation. Nos correspondants dans la région nous proposent ce très beau reportage.

Corinne, Peggy, Marie-Anne, Valérie, Agnès et Valérie sont toutes caissières au supermarché ED d’Albertville en Savoie. Depuis le 11 octobre 2009 – date à laquelle leur direction a décidé d’ouvrir le magasin le dimanche, elles sont en grève le jour du seigneur, refusant ce travail dominical que leur impose leur direction. Elles revendiquent au contraire le droit de vivre leurs dimanches en famille, comme tout le monde… Et pour faire entendre leur voix, celles qu’on surnomme les « guerrières du dimanche » n’attendent pas sagement le retour du lundi : elles se rassemblent toute les dimanches sur le parking du supermarché où elles travaillent la semaine pour inciter les consommateurs à ne pas faire leurs courses le dimanche, avec autour d’elles des centaines d’Albertvillois les soutenant dans leur lutte. Elles peuvent aussi compter sur l’ensemble des associations, syndicats et partis politiques de gauche du bassin (CGT, CFTC, CFDT, FSU, CNT, PCF, PS, NPA, Front de Gauche, Parti de gauche…), sur les élus du coin : Philippe Masure – maire d’Albertville – et Antoine Fadiga – conseiller régional – par exemple, et même sur l’église avec Monseigneur Ballot – archevêque de Chambéry.

ED choisi la Justice plutôt que la négociation…

Voulant mettre un terme à ces manifestations et refusant toute négociation avec ses six salariées, la direction d’ED (groupe Carrefour) décide de se tourner début mars vers la justice. Elle obtient le 24 du mois une ordonnance du tribunal de grande instance demandant « le libre accès au magasin, au parking et aux dépendances ». Les guerrières du dimanche et leurs soutiens en prennent acte, choisissant de ne plus bloquer l’accès au magasin tout en continuant de manifester chaque dimanche. Alors que les rassemblements se succèdent, la Préfecture et la municipalité d’Albertville tentent plusieurs médiations au cours du printemps… en vain. Estimant que ces manifestations portent encore préjudice à l’activité du magasin toujours ouvert les jours de grèves et qu’il y a « violation des termes de l’ordonnance », la direction d’ED décide au début de l’été d’assigner au tribunal ses six salariées pour « occupation illégale » du parking et blocage du magasin.

… et se plante! Victoire judiciaire pour les six caissières grévistes

Résultat, le 17 août dernier, Corinne, Peggy, Marie-Anne, Valérie, Agnès et Valérie se retrouvent donc devant le juge d’exécution du tribunal d’Albertville. Dans la salle, les soutiens aux « filles d’ED » sont nombreux. Près de 200 personnes, ceux là-même qui étaient présent chaque dimanche qu’il pleuve ou qu’il neige. Elles sont venus saluer le courage exemplaire dont font preuve les employées de ED depuis dix mois. Certains n’ont même pas pu rentrer faute de place. Le tribunal rend finalement son verdict le 7 septembre. La justice donne raison aux six salariés d’ED en rejetant la demande du supermarché considérant « qu’exercée périodiquement, et non tous les jours, cette grève ne porte pas atteinte au libre accès au magasin ». Elles décident alors de fêter leur victoire ce dimanche 12 septembre à l’occasion de leur 49ème jour de grève sur le parking de leur supermarché… d’autant plus qu’après cette victoire judiciaire les guerrières sont en situation de provoquer la fermeture complète de toutes les grandes surfaces dans le bassin albertvillois…

Mikaël Chambru
Interview : Elodie Chabert
Images et montage : Mikaël Chambru
Finalisation: Etienne Broquet

NDLR : La direction d’ED n’a pas souhaité s’exprimer devant notre caméra.

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