Le dimanche fait un flop

Sud Ouest 06/09/10

Quelques enseignes commencent à ouvrir le dernier jour de la semaine. Les clients ne sont pas au rendez-vous dans le centre-ville, à l’exception du Quai des Marques.

Les boulangeries, les pâtisseries, les brasseries, les cafés, les chocolatiers, les supérettes, les marchands de glaces, de fleurs, de journaux. La plupart sont ouverts le dimanche. Bénéficiant du statut de ville touristique, Bordeaux pourrait pourtant avoir bien plus de rideaux levés le dernier jour de la semaine.

Depuis la loi du 10 août 2009, les commerces non alimentaires sont eux aussi autorisés à ouvrir sans demande préalable auprès de la mairie. Le font-ils ?

 

Oui, mais encore au compte-gouttes.

Hier, 14 heures. Dimanche sans voiture à Bordeaux. Soleil de plomb dans la rue Sainte-Catherine. Heure de la plage pour beaucoup. Heure de la flânerie pour quelques-uns dans le centre-ville. Surtout des touristes.

Le sport démarre

Entre le cours Victor-Hugo et le cours Alsace-Lorraine, seul magasin non alimentaire ouvert : Decat’. Le magasin de sport a ouvert ses portes tous les dimanches du mois de juin et de juillet. Même programme prévu pour ce mois de septembre. À l’intérieur de la boutique, les vendeurs font des rangements ou discutent entre eux, faute de clients. « Le dimanche, ça ne prend pas vraiment », confie le directeur du magasin, Yannick Féré.

Une centaine de mètres plus haut, le magasin de chaussures Béryl affiche sur sa vitrine qu’il est ouvert le dimanche. À l’intérieur, le désert. « Nous avons ouvert il y a une heure, pas un client pour l’instant », confie une des deux vendeuses.

Pas simple pour le personnel

Chez André, autre boutique de chaussures, une affichette annonce aussi que l’enseigne est désormais ouverte tous les dimanches. « On le fait depuis mai, mais personne ne le sait encore vraiment. Nous espérons être plus de commerçants dans les mois à venir », explique une des employées.

L’enseigne Go Sport, elle, a exceptionnellement ouvert ses portes hier. « C’était prévu depuis trois mois, mais je suis déçu », raconte le directeur du magasin, Didier Caparros. Il comptait sur ce premier dimanche de septembre, susceptible d’attirer les familles pour les courses de la rentrée. « Mais avec cette météo… », soupire-t-il.

Habituellement, le directeur du magasin accorde ses violons avec les Galeries Lafayette pour ouvrir les mêmes dimanches. « Même si la loi nous y autorise aujourd’hui, nous sommes confrontés à deux problèmes pour ces ouvertures dominicales. Le premier est interne, explique-t-il. Go Sport est une enseigne nationale, et chacun ne peut pas faire ce qu’il veut avec son personnel dans son magasin. Les règles pour le travail dominical doivent être adoptées en comité d’entreprise. Tout n’est pas encore réglé. »

Autre condition, selon lui, pour attirer les clients dans Bordeaux centre ce jour habituellement chômé : une meilleure harmonisation entre les enseignes. « Si nous voulons ouvrir le dimanche, il faut que nous communiquions sur ce jour d’ouverture. »

Une très prochaine réunion des commerçants de l’hyper-centre devrait aborder ce sujet. Mais un an après la mise en application de la nouvelle loi sur le travail dominical, force est de constater que la graine n’a pas vraiment pris dans Bordeaux-centre.

Ne baissant pas les bras, le directeur de Go Sport compte renouveler l’expérience sur deux dimanches en octobre. Et la question ne se pose même plus : il sera ouvert, comme toutes les enseignes du centre-ville, les trois dimanches précédant Noël. « Mais là, on sait d’avance que ça va marcher. Les gens sont au courant depuis plusieurs années », dit-il.

Pas dans les mœurs

Commerce alimentaire autorisé à ouvrir le dimanche avant la loi de l’année dernière, la célèbre enseigne de canelés Baillardran fait travailler ses employés le dernier jour de la semaine dans toutes les boutiques du centre-ville. « C’est un jour où nous avons beaucoup de touristes, mais aussi des clients fidèles qui ont pris leur habitude ce jour-là, confie une vendeuse, rue Porte Dijeaux. C’est dommage que les enseignes non alimentaires restent si timides pour ouvrir ce jour-là. Il y a un potentiel. »

Bordeaux sans shopping le dimanche ? À une grosse exception près : celle du Quai des Marques. Face à la Garonne, cette zone commerciale fait l’essentiel de son chiffre d’affaires le week-end, dimanche compris où toutes les enseignes de prêt-à-porter, de décoration ou d’électroménager sont ouvertes, sans exception, mais fermées le lundi.

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