Mgr Podvin : « Notre attachement au dimanche sera redit sans cesse »

Repos Dominical, 29/07/10

Lu dans Messages du Secours Catholique n°648 de juillet/août 2010 :

3 QUESTIONS A MGR BERNARD PODVIN

Le porte-parole de la Conférence des évêques de France souhaite la suppression du travail du dimanche

« Défendre le dimanche est notre conception de la mondialisation »

1) La Conférence des évêques s’était opposée en vain à la loi autorisant le travail du dimanche. Un an après sa mise en œuvre, quel bilan faites-vous de son application ?

Les évêques n’ont pas été les seuls à interpeller avec vigueur. De nombreuses instances représentatives de la société ont fait chorus dans leurs compétences respectives. Signe que le sujet est crucial, et concerne chacun. La question continue de troubler les esprits. Ce n’est pas à l’épiscopat de dresser le bilan technique de l’application d’une loi. Comme d’habitude, les experts vont polémiquer sur les chiffres.

L’Eglise ne vit pas dans une bulle. Elle sait qu’il faut de la croissance. Mais pas à n’importe quel prix humain et spirituel ! L’encyclique sociale de Benoît XVI dit que la mondialisation sera ce que nous en ferons. La défense du dimanche est une façon d’exprimer notre conception de la mondialisation.

2) Demanderez-vous au gouvernement de faire machine arrière sur ce sujet ?

Notre attachement au dimanche sera redit sans cesse. L’Eglise n’est pas un caméléon qui prend la couleur du temps. Oui, on peut toujours revenir sur des décisions de loi si c’est pour plus d’humanité.Mais je crains fort que l’économie n’impose sa loi. La confusion domine. Avec une « financiarisation » folle et indécente qui accroît le malaise. Or, plus on est en crise, plus on se doit de poser des choix radicaux et prophétiques. Le dimanche est un don fragile à préserver. Les familles sont éclatées. Le surmenage est pesant. Se ressourcer devient difficile dans une société en perpétuelle apnée ! Nous crions « danger ». La préservation du dimanche pourrait fournir un supplément d’âme à cette société « formatée ».

3) Bruxelles entend-il votre appel collectif avec des élus et des syndicats européens pour faire reconnaître le principe du dimanche comme jour de repos ?

C’est une porte d’entrée par laquelle la question dominicale peut interpeller dans l’Hexagone. C’est une chance à saisir. Il arrive que l’Europe nivelle les choses « par le moins éthique » au nom d’un prétendu dénominateur commun. Ici, nous pourrions reprendre de la hauteur et de la dignité. Encore faut-il la détermination de tous dans l’expression, et la sagesse de ceux qui auront à les entendre ! Faire reconnaître le principe du dimanche comme jour de repos participe de cette conviction !

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