Le dimanche à Paris, travailler plus pour gagner autant

Rue89, 02/08/10

Qui se souvient encore de la promesse « Travailler plus pour gagner plus » ? Pas le préfet de Paris, qui vient de rejeter la demande de la mairie de Paris de classer les sept zones touristiques de la capitale en « périmètre d’usage de consommation exceptionnelle » (PUCE), ce qui aurait permis de mieux protéger les salariés du commerce et de la distribution y travaillant le dimanche.

C’est ce que nous apprennent Les Echos de ce lundi. Possibilité offerte par la loi Mallié d’août 2009 dans les régions parisienne, marseillaise et lilloise, le PUCE donne un cadre protecteur aux salariés travaillant le dimanche, à négocier via un accord collectif. A défaut d’accord, il leur garantit au moins un repos compensateur, un salaire doublé et la possibilité de refuser de travailler le dimanche.

Avec le classement « zone touristique » actuellement en vigueur, le travail dominical est de plein droit sans repos compensateur ni doublement de la rémunération. Rien n’interdit de négocier des contreparties, mais rien n’y oblige non plus, et le rapport de forces, favorable aux employeurs, n’incite guère ces derniers à faire des cadeaux.

« La loi Mallié est une loi faite pour les grandes enseignes »

La CFTC, qui dénonce le refus préfectoral, rappelle que Nicolas Sarkozy avait lui-même promis, en plein débat sur la loi Mallié (qui n’est à l’époque pas passée comme une lettre à la poste), que « ceux qui travailleront le dimanche seront volontaires et payés le double ». Nous voilà donc encore une fois face à une promesse non-tenue, où l’excès de démagogie permettant de faire passer la pilule de la loi, est vite oublié dans la mise en pratique.

Défendant sa paroisse, la CFTC déplore : « Une fois de plus la démonstration est faite que la loi Mallié sur le dimanche est une loi uniquement faite pour les grandes enseignes et ce, incontestablement, au détriment de la vie familiale, personnelle, associative et spirituelle. »

Non content de renier les promesses de campagne du candidat Sarkozy, le gouvernement a proposé d’allonger le nombre de zones touristiques dans la capitale, précisent Les Echos. De sept secteurs aujourd’hui (avenue des Champs-Elysées, place des Vosges et rue des Francs-Bourgeois, rue d’Arcole, la rue de Rivoli partiellement, le viaduc des Arts partiellement, Montmartre partiellement, le boulevard St-Germain partiellement), on passerait à beaucoup plus. Un projet à ce jour bloqué par la mairie de Paris.

Paris constate en outre sur le terrain un autre problème : celui de l’effet d’entraînement et de « décomplexitude » initié par le discours dérégulateur. De nombreuses supérettes ouvrent désormais le dimanche alors qu’elles ne le faisaient pas avant. Sans être situées ni en zone touristique ni en PUCE. Bref, en toute illégalité et sans être inquiétées par quiconque.

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