Dubus (MEDEF) : « Il faudrait revoir la loi pour les grandes métropoles comme Paris »

Au festival des arguments fantaisistes, il est certain que Jérôme Dubus, délegué général du MEDEF Ile de France, serait remarqué. Au concours des imbéciles aussi, d’ailleurs.

Il nous dit tout d’abord que ce qui a changé avec la loi Mallié, c’est que des PUCE et des zones touristiques ont pu être crées. On ne s’en serait pas douté. Il nous explique ensuite qu’il faut créer de nouvelles zones touristiques à Paris, puisque ce sont les grands magasins qui ont le plus profité des soldes. Réflexion profonde, qui témoigne d’un sens aigu des questions sociales et des réalité économiques.

Il opine dans la foulée que les PUCE « ne sont pas adaptés aux grandes métropoles », parce que « tout le monde est obligé de négocier ». A se tordre de rire. Il a sans doute oublié que les PUCE, justement, ont été faites uniquement pour les grandes métropoles. Quand au motif de son inadaptation pour cause d’obligation de négociation, il laisse soupçonner qu’il a été commissaire politique, dans une autre vie ? Inconscience ou provocation, il affirme que les PUCE nuiraient au petit commerce, au motif que le petit commerce ne peut pas s’aligner sur les grandes enseignes. Dans ce cas, pourquoi avoir fait des PUCE ?

Il s’en va ensuite contester les chiffres de l’APUR. Nous lui laissons la responsabilité de son affirmation, mais l’absolue stupidité de son intervention laisse fortement présumer de l’inexactitude du chiffre qu’il produit, sans citer de source.

[ 10/08/10  – 01H00  – Les Echos  – actualisé à 00:35:52  ]

Pour le délégué général du Medef Ile de France la loi sur le travail le dimanche a davantage d’effets dans les petites villes que dans les grandes où elle défavorise les petits commerces.

Qu’est ce que la loi a changé ?

Contrairement à ce qui a été dit, elle n’a pas été sans effet. Elle a permis de créer un certain nombre de zones touristiques et de Puce. Ensuite, ses effets varient en fonction de la situation pré-existante. Dans des zones comme celles de Plan de Campagne dont le conflit est aujourd’hui réglé ou dans le Val-d’Oise, les résultats sont positifs. Le chiffre d’affaires des entreprises est en hausse sur l’ensemble de l’année et cela a permis de mieux rémunérer les salariés, comme on l’observe chez Castorama et Conforama dans le Val-d’Oise. Les salariés étaient d’ailleurs largement demandeurs d’ouverture le dimanche.

Ce qui va mal, et il faudra revoir la loi pour cela, ce sont les grandes métropoles comme Paris. Il faut en étendre les zones touristiques. A Paris, le boulevard Haussmann n’y est pas, or, lorsqu’on regarde les résultats des dernières soldes, ce sont les grands magasins qui en ont le plus profité. S’ils avaient ouvert le dimanche, ils en auraient encore davantage bénéficié. Il est donc absurde d’avoir refusé de créer de nouvelles zones touristiques sur le boulevard Haussmann.

Et pourquoi pas des Puce comme le demandait le maire de Paris Bertrand Delanoë ?

Les périmètres à usage de consommation exceptionnel ne sont absolument pas adaptés aux grandes métropoles, tout simplement parce que tout le monde est obligé de négocier, y compris les petits commerces de centre-ville qui ouvrent le dimanche. Pour eux, il est quasiment impossible d’arriver aux mêmes conditions de négociation salariale ou de jours de repos que les grands magasins. Cela revient à ce que les petits commerces ne puissent plus ouvrir le dimanche compte tenu des conditions qu’on leur impose.

A Paris, la situation semble bloquée. Comment en sortir ?

Quand le maire ne souhaite pas étendre les zones touristiques, la loi Maillé ne sert pas à grand-chose. Paris a gâché une belle opportunité. Je le répète : s’il y a bien une zone touristique qui s’impose à Paris, c’est celle qu’on pourrait créer sur le boulevard Haussmann. Aujourd’hui, le maire n’a pas voulu étendre les zones touristiques, il a proposé de transformer celles qui existent en Puce et le préfet a refusé. Donc, pour le moment, c’est le statu quo. De ce point de vue, la loi Maillé ne sert à rien à Paris. C’est d’autant plus dommage que, contrairement à ce que dit l’Agence parisienne d’urbanisme, Paris est en retard sur les grandes métropoles européennes. On compte 12 % à 18 % de commerces ouverts le dimanche à Paris, c’est le triple à Londres !

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE MALECOT, Les Echo

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