Vivement le travail dominical pour sauver les Mcdo de Toulon !

Cuverville, 10/02/10

Il y a ce type, Serge Melniczuk, que l’adjoint toulonnais au commerce décrit comme « un homme dynamique ». Depuis quelque temps, le type fait du lobbying auprès de la mairie en vantant les mérites des dispositions législatives qui permettent l’ouverture des commerces le dimanche. Le décret d’application de la loi dite « Mallié » date de septembre 2009.

Est-ce parce qu’elle aime les hommes dynamiques ? L’équipe municipale a installé une commission pour plancher sur l’ouverture dominicale, elle sera pilotée par l’expert Melcniczuk. Deux échéances : un rapport devra d’abord mettre en évidence « l’intérêt touristique » de la ville de Toulon. Convaincu, le Maire soumettra ensuite le dossier au Préfet.

Convaincre ses acteurs que Toulon, ville littorale dont les côtes sont phagocytées à 80% par la Marine nationale, est touristique !

Oui, parce que sur l’intérêt même de l’ouverture dominicale il n’y a plus de question à se poser. Tel le taureau devant la croupe d’une vache distraite, l’homme dynamique fonce vers le centre ancien. On peut se fier à la neutralité bienveillante du président de la commission : Melniczuk gère trois ou quatre McDo, il est aussi président de l’association des commerçants du centre commercial Mayol.

Bon d’accord. Si on enlève au centre les commerces ne fonctionnant qu’avec un gérant ou, soyons fous, un gérant plus un salarié, il ne restera plus beaucoup d’enseignes. Elles ne sont déjà pas très nombreuses. 
Bon d’accord. Leur demander d’ouvrir le dimanche est parfaitement surréaliste à moins d’obliger ces feignants à installer l’appartement familial dans l’arrière boutique, à l’ancienne, pour fonctionner en trois-huit. Sinon je les vois quand, mes gosses ?

« L’ouverture dominicale est basée sur le volontariat mais ce n’est pas une obligation », dit Serge Melniczuk [1]. Ah bon, tu me rassures. Il paraît que Serge Melniczuk est lui-même volontaire pour venir servir ses frites industrielles juste après la messe. Quand on aime sa ville, il faut savoir faire des sacrifices.

D’ailleurs, depuis la loi de 1906 ayant rétabli le repos dominical, rien n’empêche les gérants d’ouvrir leur commerce le dimanche s’ils le souhaitent. Melniczuk est de ces types qui se voient en chantres de la modernité, qui sont seulement incultes et ignorants de l’Histoire sociale de leur pays, qui ignorent et se fichent de savoir pourquoi la société a fini par imposer le dimanche chômé. C’est fascinant.

Melniczuk s’en fout parce que la seule chose qui lui importe au fond est que les grandes enseignes du centre Mayol ouvrent le dimanche. Celles qui emploient suffisamment de salariés pour assurer un turn over dominical, celles qui brassent du monde par paquet de douze… Celles qui sont à deux pas de son McDo. D’ailleurs son McDo est déjà ouvert le dimanche, mais à quoi sert un McDo ouvert le dimanche si tous les commerces avoisinants restent fermés ?

Dans le meilleur des cas l’ouverture dominicale n’aidera que les grosses enseignes à se goinfrer un peu plus, et dans le pire des cas, elle fragilisera davantage les boutiques artisanales et familiales. Dans tous les cas, il vaut mieux pique-niquer à la plage que bouffer des hamburgers sous un néon blafard.

Melniczuk est un homme toxique. Peu importe les mauvaises idées qu’il développe, après tout, on n’est pas obligé de l’écouter. Mais voilà : il devient toxique à partir du moment où les élus en panne d’inspiration — ce qui est l’état naturel des élus toulonnais — commencent à le trouver dynamique et lui prêtent une oreille attentive. On attend avec impatience le rapport de sa commission.

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