Le travail du dimanche : un sermon

Action Familiale et Scolaire, 25/02/10

C’est un sujet qui agite beaucoup, depuis quelques temps déjà, le monde économique et le monde politique qui semble se dire : « Pourquoi ne pas travailler sept jours sur sept ? … et pourquoi pas 365 jours pas an ? »

Récemment, un prêtre, ami de l’Action Familiale et Scolaire, a prononcé un sermon sur ce sujet. Il nous a autorisés à en publier de larges extraits, ce dont nous le remercions vivement.

L’A.F.S.          

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On a beaucoup parlé ces dernier mois du travail du dimanche. Aussi m’a-t-il paru opportun de m’arrêter un instant sur le sens du dimanche. Je ne m’étendrai pas sur tous ses aspects en détail, mais je m’arrêterai au 3e commandement de Dieu :

Tu sanctifieras le jour du Seigneur.

Nous savons, par le livre de la Genèse, qu’après l’œuvre de la création, Dieu se reposa, qu’il bénit et sanctifia.

En prenant du repos après ce travail, Dieu voulait manifestement donner une leçon à l’homme : il voulait par là déterminer la durée du travail de l’homme et fixer le moment de son repos.

Notez que Dieu bénit et sanctifia le 7e jour, pour le désigner comme un jour à part, affecté à son culte et consacré à la prière.

Ce jour fut considéré vraiment comme le jour du seigneur. La preuve, c’est que, avant la promulgation de la loi sur le Sinaï, nous voyons les Hébreux observer le sabbat, à l’occasion de la manne, comme une pratique connue et depuis longtemps établie.

Cependant, avec le temps, cette institution subissait des altérations et Dieu résolut de la remettre à l’honneur. C’est ainsi qu’il dicta ses volontés à Moïse : « Souvenez vous de sanctifier le jour du sabbat ». Le détail se trouve dans l’Exode XX, 8 – 11.

Quand Notre Seigneur fit son apparition sur terre, il trouva la loi du sabbat bien établie. Mais, dans les temps apostoliques, une modification fut apportée à l’ancienne coutume ; le jour de repos et de prière fut transféré du samedi au dimanche.

L’Église, dans sa sagesse, a pris cette décision. Pourquoi cela ? Eh bien, le sabbat solennisait et consacrait l’ouvrage fini de la création ; mais un autre grand ouvrage venait d’être achevé : l’ouvrage de la Rédemption. Et celui-ci se réalisa le dimanche, car c’est en effet le saint jour de Pâques que le Seigneur Jésus, sorti tout radieux du tombeau, se reposa dans la gloire de sa résurrection, de l’immense et douloureux travail de notre rédemption.

C’est le dimanche que le Saint Esprit descendit sur les apôtres à la Pentecôte et leur communiqua cette flamme, cette ardeur conquérante avec laquelle ils ont annoncé l’Évangile.

C’est ainsi que le dimanche fut définitivement adopté comme le jour sacré de la prière.

Dès lors, la loi du dimanche est restée invariablement écrite dans le code chrétien. Elle a traversé les siècles sans altération. On a pu la méconnaître, la violer, mais chaque fois que le besoin s’en est fait sentir, les papes, les évêques, les pasteurs ont élevé la voix pour protester contre ces négligences et ces infractions.

Ainsi le Pape Pie XII écrit-il : « Il faut que, pour vous, le dimanche soit un jour attendu, désiré, célébré avec joie : d’abord parce que vous aurez la possibilité de rendre à Dieu le grand devoir auquel nul homme ne peut se dérober, le plus grand des commandements : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces et tu le serviras lui seul » ; puis, parce que délaissant les soucis matériels, qui sont tellement préoccupants dans notre temps, vous aurez le loisir de vous occuper de votre âme pendant toute cette journée et de vous rappeler cette vérité que les saints nous ont redite si souvent : « si je sauve mon âme, j’ai tout sauvé ; si je perds mon âme, j’ai tout perdu ».

Benoît XVI, le 3 juin dernier disait : « nous ne devons pas oublier le dimanche comme jour du Seigneur, le jour de la liturgie pour percevoir dans la beauté de nos églises, de la musique sacrée et de la Parole de Dieu, la beauté même de Dieu, le laissant entrer dans notre être. Ce n’est qu’ainsi que notre vie peut devenir grande, devenir une vraie vie ».

Le Saint curé d’Ars, quant à lui, disait : « le dimanche, c’est le bien du bon Dieu : c’est son jour à lui, le jour du Seigneur. Il a fait tous les jours de la semaine ; il pouvait tous les garder ; il vous en a donné six, il ne s’est réservé que le septième. De quel droit touchez-vous à ce qui ne vous appartient pas ? Vous savez que le bien volé ne profite jamais. Le jour que vous volez au Seigneur ne vous profitera pas non plus. Je connais deux moyens bien sûrs de devenir pauvre : c’est de travailler le dimanche et de prendre le bien d’autrui ».

Aujourd’hui comme hier, comme aux premiers siècles, le Décalogue, nous dit à tous : « Tu sanctifieras le jour du Seigneur ». Il n’y a pas de loi plus recommandable que celle là. Notifiée au premier homme dans le Paradis terrestre, obéie sous la tente des Patriarches, promulguée sur le sommet du Sinaï, rappelée constamment par les prophètes, observée par le Fils de Dieu lui-même, renouvelée et maintenue en vigueur par l’Église à travers les siècles, elle a droit au respect le plus profond.

Donc, le dimanche est un jour de fête pour tous. Beaucoup ont perdu l’habitude de mettre ce jour là les vêtements qu’on appelle « habits du dimanche » – et c’est bien dommage – car le jour du Seigneur est le plus beau de la semaine – et il faut honorer Dieu comme il se doit. Quand on est invité à déjeuner ou à dîner chez un grand de ce monde, on s’habille comme il faut. A plus forte raison lorsque l’on vient chez le Roi des rois !

Et on arrive à l’heure !

L’après-midi, un dimanche par mois, est célébré l’office des vêpres.

Les vêpres remontent à une haute antiquité et les premières communautés chrétiennes ont conservé cet héritage d’Israël précieusement. Saint Augustin nous apprend que ce n’était pas une loi particulière, mais l’exemple de Jésus-Christ et des apôtres qui avaient généralisé cette pieuse coutume de la prière vespérale, ou prière du soir. Les Constitutions Apostoliques qui sont de la fin du 4e siècle parlent clairement de cette prière liturgique…

Nous devons concourir à la régénération de notre pays si profondément malade, et pour cela, commençons par rendre au dimanche sa véritable signification, faisons-en vraiment le jour du Seigneur.

Que la sainte Vierge – si fidèle dans la pratique du culte à la synagogue de Nazareth, au Temple de Jérusalem, puis dans les premières assemblées chrétiennes – soit notre modèle dans notre pratique religieuse – en attendant de louer Dieu au Paradis éternellement. Amen.

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