À Lille, c'est « six jours pour avoir et un jour pour être »

Nord-Eclair jeudi 04 février 2010

La capitale des Flandres persiste et signe : l’ouverture dominicale des commerces est une hérésie. Une motion a déjà été votée par le conseil municipal, qui n’y voit aucun impact positif sur le plan économique.

La phrase sort de la bouche de Pierre de Saintignon, le premier adjoint, qui lui même l’emprunte au député UMP Hervé Mariton : « Nous avons six jours pour avoir et un jour pour être ». Traduction, Lille n’ouvrira pas ses commerces le dimanche, malgré son statut assumé de ville touristique. « Notre position n’a absolument pas bougé », martèle le premier adjoint, en référence à une motion adoptée par le conseil municipal contre la loi sur l’ouverture dominicale. C’était en novembre dernier. La communauté urbaine devait suivre la même voie quelques semaines plus tard.

« Absurde »

Ce ne sont pas les arguments de l’opposition – surtout sur l’impact économique d’une telle mesure – qui freineront les ardeurs de l’équipe de Martine Aubry. « C’est un non sens, peste Pierre de Saintignon. Il n’y a absolument rien qui démontre que cette loi aurait un impact positif sur la croissance. C’est faux d’affirmer le contraire. » Et l’élu de citer une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) affirmant que la loi en question risque même de détruire des emplois.
Sous le beffroi, on n’hésite pas à parler d’un « non-sens social ». « Il est absurde de vouloir construire ce type de société où l’on consomme en permanence. C’est affligeant d’entendre qu’ouvrir les centres commerciaux le dimanche permettrait aux gens de s’évader, de changer d’environnement », dénonce le premier adjoint, qui appelle avant tout à résoudre le problème de la crise économique et du pouvoir d’achat. Car selon lui, « les salariés n’iront pas dépenser le dimanche l’argent qu’ils n’ont déjà pas en semaine », ironise-t-il. w
MORAD BELKADI 

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