Les « couacs» de l'ouverture du dimanche

La propagande officielle, et tout particulièrement le sketche des Champs Elysées, inventé par Séguéla en 1991, et répété à quatre reprises par le président de la république, ainsi que par l’innénarrable Brice Hortefeux, le Ministre de l’intérieur que le monde entier noue envie, s’étaient esclaffés sur une loi qui posait des problèmes de délimitation, puisque les pratiques autorisées par la loi étaient différentes selon que l’on se trouve en zone touristique ou pas.

Saisissant cet arguement, le bon docteur Mallié nous a enfanté, dans la douleur, une loi qui était censée tout résoudre, mon bon monsieur. Mais patatras. Un peu comme dans le sketch de Raymond Devos, drôle, celui-là, qui, pour supprimer le bout d’un bout, coupait le bout en deux pour retrouver deux bouts du bout, notre bon Docteur nous a recréé des zones PUCE dotées de frontières en tous points identiques à celles des frontières des zones touristiques !

Sauf que… la frontière d’une zone touristique est déterminée par le bon sens, alors que celle d’une PUCE est déterminée par la tricherie, comme l’explique fort justement Alain Auffay, président du GIE de Belle Epine.

Le JDD, 10 janvier 2010 – Marie Nicot

belle epine dimancheLE CENTRE commercial de Belle-Epine ( Val-de-Marne ) ses 220 boutiques et leurs 3. 000 salariés étaient prêts à accueillir des clients dimanche 19 janvier. Las, les commerçants doivent renoncer au projet faute d’autorisation préfectorale. En revanche, leurs concurrents de Thiais Village, un centre situé à 300 mètres à vol d’oiseau, ouvrent chaque week-end en application de la nouvelle loi. Thiais Village entre dans le cadre d’un « périmètre d’usage de consommation exceptionnel» ( puce ) délimité par le préfet. Pas Belle-Epine.

Ce cas n’est pas isolé. La loi Mallié sur le travail du dimanche s’accompagne de conflits. Le président du GIE Belle-Epine, Alain Auffray s’insurge : « Nous avons demandé à être éligibles. Mais comme notre centre n’a pas travaillé le dimanche illégalement ces dernières années, l’administration estime qu’il n’y a pas d’usage de consommation exceptionnelle à Belle-Epine. Il aurait mieux fallu tricher! », il a sollicité l’arbitrage de Xavier Darcos, ministre du  Travail.

A Paris, aucun changement avant un an

A Nantes et Brest, Ikea est resté en activité le dimanche en décembre en se basant sur la loi de 2008 concernant l’ameublement. La cour d’appel de Rennes vient de donner tort à l’enseigne privilégiant un arrêtté préfectoral de 1975. Le député des Bouches-du-Rhône Richard Mallié (UMP ) aurait voulu aller plus loin dans la réforme en  modifiant le droit des préfets d’interdire toute activité commerciale. « L’affaire était compliquée et il y avait d’autres situations à clarifier notamment le cas des zones d’intérêt touristiques », souligne-t-il.

Six mois après l’entrée en vigueur de la loi, les choses bougent encore lentement. A Paris, Bertrand Delanoë refuse « de banaliser le dimanche ». Lyne Cohen-Solal, adjointe au maire, préside un groupe de travail qui se réunira pour la première fois … lundi.

Les élus auditionneront syndicats, commerçants, consommateurs et transporteurs afin de rendre un rapport en avril. A charge ensuite au conseil de Paris de demander ou non au préfet des autorisations pour certains quartiers. A ce rythme, aucun changement n’interviendrait avant un an.

L’avancée majeure concerne la zone de Plan-de-Campagne, près de Marseille, classée « puce » en novembre dernier. Mi-décembre, les syndicats ( à l’exception de la CGT et de la CFDT) ont signé un accord sur les salaires et les compensations liées au travail dominical, mettant pleinement la loi en application.

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