Malgré la pression des élus et syndicats, Ikea ne se démonte pas

20 minutes, 07/12/09

Ambiance électrique, hier matin, au centre commercial Atlantis. Près de 250 syndicalistes et élus de gauche ont bloqué dès l’ouverture les entrées d’Ikea, qui a décidé d’ouvrir tous les dimanches avant Noël en dépit de l’interdiction du préfet. Une première dans l’agglomération nantaise. Le géant suédois s’appuie pour cela sur une loi de janvier 2008, qui accorde aux magasins de meubles des dérogations à la règle du repos dominical. Problème : la préfecture invoque, elle, un arrêté de décembre 1968 qui ne peut être annulé que par un nouvel accord entre patronat et syndicats.

Mais, hier matin, l’heure n’était pas à l’interprétation des textes de lois. Après avoir brièvement ouvert son magasin, Ikea a dû baisser le rideau durant deux heures, sous la pression des manifestants. Certains militants syndicaux empêchaient physiquement les clients de passer, donnant lieu à de vifs échanges et des empoignades. D’autres tentaient de faire preuve de plus de pédagogie. « Si on laisse Ikea ouvrir aujourd’hui, ses concurrents vont devoir faire pareil, explique Philippe Menuet, cariste (CFDT) chez Auchan. Cela implique aussi de faire travailler les salariés des sociétés de transport et des entrepôts de logistique de tous ces magasins. Il faudra aussi que des nourrices gardent les enfants des salariés le dimanche. »

Reste que les salariés qui travaillaient hier étaient tous volontaires. « C’est du volontariat forcé », rétorque Alain Rodicq, un responsable de l’union locale CFDT. Les intéressés font, selon lui, l’objet de « pressions » de la direction, pour obtenir un renouvellement de CDD ou de possibles arrangements de planning. Un volontariat qui ne s’applique en outre pas aux employés des sous-traitants, comme celui qui gère le PC sécurité d’Atlantis. Contrairement aux salariés d’Ikea, payés plus du double d’une journée normale, ils n’ont pas de majoration salariale le dimanche.

« Avec nos bas salaires, mes collègues vont gagner au mieux 18 euros de plus dans le mois », calcule Marylène Laure, déléguée syndicale (CGT) d’Ikea. « Notre vie familiale, sociale et culturelle ne vaut-elle pas plus que cela ? » Mais, face à elle, les clients ne l’entendent pas de cette oreille. « Tant que c’est sur la base du volontariat, moi ça ne me gêne pas », estime Nicolas, 33 ans, un instructeur d’auto-école pourtant « syndiqué à la CGT ». Lui est venu de Couëron avec sa compagne et leur fils de 3 ans acheter leur sapin de Noël. « On n’a pas d’autre choix que de venir le dimanche matin : en venant après notre journée de travail, les stocks sont vides. »

Marie-Annick est, elle, « indignée » par l’attitude des manifestants qui sifflent et huent les quelques clients qui passent au travers des mailles de leurs filets. « Je n’ai pas spécialement envie de venir faire mes courses le soir, quand le périph est bouché », explique cette Nantaise de 55 ans. Finalement, elle pourra accéder au magasin quelques minutes plus tard. Au fur et à mesure des départs de manifestants, peu après midi, Ikea a décidé de relever son rideau. Selon la préfecture, l’enseigne s’expose aujourd’hui à des « sanctions » et à une éventuelle « procédure pour concurrence déloyale » de la part de ses concurrents. W

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