Luxembourg : abolition du repos hebdomadaire des stations service ?

À votre service, 365 jours par an

Le Quotidien, 30/12/2009 

L’abolition de la fermeture hebdomadaire des stations-services pourrait être introduite au cours du prochain mois. Le projet ne fait pas l’unanimité.

Faire le plein et quelques courses dans sa station-service pendant toute la semaine et 365 jours par an, cela pourrait bientôt être possible. / De notre journaliste Christiane Kleer

Nous l’avons souhaité vivement et maintenant ça se concrétise enfin», se réjouit Steve Omes, responsable des relations publiques du Petro-Center à Leudelange et gérant de quatre stations-services. «Si les grandes surfaces peuvent ouvrir leurs magasins sept jours sur sept, comme on l’a vu pendant ce mois de décembre et ce qui va peut-être se généraliser un jour, alors pourquoi ne pas accorder ce droit aux pompistes?», s’interroge-t-il en avançant que ce projet présenterait une plus-value pour tous: les clients, les pompistes, l’État et l’économie. Le secrétaire général du Groupement pétrolier luxembourgeois partage cet avis et avoue que le GPL «n’a jamais bien vu ce jour férié hebdomadaire». «Je suis sûr que le nouveau fonctionnement ne déplaira pas à tous les pompistes.» La question de savoir si l’abolition du jour de repos hebdomadaire est un droit ou une corvée pour un pompiste reste à discuter. Le fait est que cette mesure, déjà annoncée dans le programme gouvernemental, pourrait rapidement être mise en place.
Pendant les années 70, la fermeture obligatoire des stations-services un jour par semaine avait été fortement revendiquée par les exploitants, ce qui avait mené à la loi du 21 février 1976 «ayant pour objet d’instaurer un jour de fermeture hebdomadaire dans les stations de vente de carburant et de lubrifiant pour véhicules automoteurs». À l’heure actuelle, un projet de loi porté par la ministre des Classes moyennes, Françoise Hetto-Gaasch, doit venir modifier la loi de l’époque. «Avec l’abolition du repos hebdomadaire, nous voulons augmenter la compétitivité des stations-services luxembourgeoises et leur permettre de compenser les obligations environnementales qui leur sont imposées. En Belgique, l’ouverture en continu des stations est déjà la règle», explique Emmanuel Baumann, premier conseiller du gouvernement pour le ministère des Classes moyennes. Selon ce dernier, le projet de loi serait sur le point d’être achevé et pourrait entamer le mois prochain son chemin à travers la Chambre et le Conseil d’État. «J’imagine que cela ne convaincra peut-être pas tous les pompistes, mais il faut savoir que l’ouverture sept jours sur sept restera facultative», ajoute Emmanuel Baumann.

Bonheur pour les uns, corvée pour les autres

Facultatif ou pas, pour l’exploitant d’une station-service située dans le sud du pays, ce nouveau projet, vu à long terme, mettrait son existence en danger. «Même si je décide de sauvegarder mon jour de repos, mon pétrolier peut toujours m’imposer de suivre le courant et me virer si je ne le fais pas. Dans ce cas, il faudra que je m’adapte pour ne pas perdre mon travail», lance-t-il. Les temps pourraient être durs pour certains exploitants – surtout de petite taille – qui, comme ce dernier, craignent que ce projet de loi ne leur apporte plus d’inconvénients que d’avantages. Des frais d’électricité et de chauffage supplémentaires, dont la compensation par une augmentation des ventes reste incertaine, ne sont qu’un souci parmi d’autres. Selon des calculs de la fédération des exploitants, le seul renfort du personnel, qui deviendrait nécessaire tôt ou tard, représenterait un surcoût mensuel de 1484 euros. 

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