Cohn-Bendit, pour le travail du dimanche

Propos extrêmement surprenants de Daniel Cohn-Bendit, qui envisage froidement, par exemple, d’embaucher les jeunes sous le SMIC, si un emploi à taux normal leur était « garanti » dans les 3-4 ans…

Et, un peu plus loin, au sujet du travail du dimanche, il entretient l’amalgame entre une interdiction généralisée qui n’a jamais eu cours en France (et que personne ne demande), et la loi de 1906, sans remarquer que cette loi, bien avant qu’elle ne soit torpillée par le carabistouilleur Richard Mallié, autorisait justement, avec un rare équilibre, l’ouverture dominicale des services indispensables, nécessaires ou utiles

Bref, Daniel Cohn Bendit, sur ce sujet, navigue entre des approximations qui trahissent, dans l’hypothèse la plus favorable, qu’il n’a pas travaillé le dossier, et des propositions dignes de l’Allemagne de l’Est… avant la chute du mur. Très décevant.

Le Post, 17/12/09

4ème épisode de la lecture commentée du livre de Daniel Cohn-Bendit : Une Envie De Politique – Entretiens avec Lucas Delattre et Guy Herzlich,  La Découverte / Le Monde, Paris, 1998.

Ce quatrième épisode porte sur l’opinion d’oncle Dany (DCB) sur le travail du dimanche.

Déjà en 1998 (date de publication de son bouquin), oncle Dany argumentait en faveur du travail le Week-end… Nicolas Sarkozy semble avoir repris certains de ses arguments en 2008. Peut-être notre Président a-t-il lu l’ouvrage ou bien s’est-il entretenu avec oncle Dany des mérites du travail du dimanche.

Réduction du temps de travail et travail 7 jours sur 7 :

Oncle Dany nous explique qu’un moyen de lutte contre le chômage est la réduction du temps de travail tout en exigeant, en contrepartie, le travail 7 jours sur 7.  

« Je suis pour forcer la réduction du temps de travail. Mais en échange, je le répète, il faut accroître la productivité : c’est là le donnant-donnant. Il faut que les machines travaillent sept jours sur sept, donc admettre le travail du week-end » (p. 162).

L’allongement de la « semaine » de travail pourrait se réaliser sans réels dommages « collatéraux » pour les familles en faisant appel aux « jeunes ».

« Bien des jeunes qui n’ont pas de contraintes ou de besoins familiaux, sont prêts à travailler « en VSD » (vendredi-samedi-dimanche), comme on dit, pour être libres à un autre moment, voire, dans le cas d’une semaine de quatre jours, à travailler sept jours d’affilée s’ils ont ensuite une semaine de congés, pour faire de la marche, de l’escalade, ou toute autre chose dont ils ont envie. Ce travail du week-end ne reviendrait pas forcément plus cher à l’entreprise » (p. 163).

A la limite, le travail du week-end pourrait même revenir moins cher à l’entreprise à condition de sous-payer les jeunes.

« Je suis opposé à ce que l’on embauche systématiquement les jeunes au-dessous du SMIC. Sauf, si en échange d’un salaire réduit pendant trois ou quatre ans, par exemple, on leur donne la garantie d’accéder, ensuite, à un emploi ordinaire, à un salaire normal. Les jeunes sont plus mobiles aujourd’hui : ce peut être pour eux une période d’expérimentation, qui apporte une contrepartie positive à la flexibilité… » (p. 164).

On pourrait envisager la période « d’expérimentation » comme un passage au purgatoire pour pouvoir gagner son salut représenté par le SMIC.

Travailler le dimanche et tous les autres jours !

« J’ai toujours été hostile aux horaires obligatoires d’ouverture des magasins, particulièrement stricts en Allemagne. Tout cela devrait dépendre de négociations locales. Une vraie déréglementation sur ce point pourrait libérer les PME. Tout le monde est scandalisé par le travail du dimanche, mais un Français serait aussi scandalisé de ne pouvoir faire son marché ou acheter son pain le dimanche. Même en Allemagne où cette pratique est impensable, les trains et les autobus roulent le dimanche, certaines stations-service sont ouvertes, et pourtant les cheminots et les chauffeurs d’autobus ont des enfants, eux aussi. On trouve normal qu’en saison les stations de ski fonctionnent toute la semaine. Si l’on veut créer d’autres services – réparation de vélos, d’automobiles, d’ordinateurs, par exemple -, il faudra bien qu’ils fonctionnent quand les usagers sont libres » (p. 163).

J’ajoute que les services hospitaliers d’urgence, les pompiers… « fonctionnent » 24 heures sur 24. Oncle Dany devrait se demander pourquoi les autres services n’auraient pas les mêmes horaires ? Certains jeunes seraient certainement enchantés de travailler la nuit pour être libres à d’autres moments !!!

 A bientôt, pour de nouvelles opinions « éclairées » d’oncle Dany.

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