Mulliez : il ouvre ses Leroy Merlin le dimanche, mais est contre le travail dominical.

Gérard Mulliez est le fondateur du groupe Auchan, regroupant Auchan, Boulanger, Saint Maclou, Décathlon, Leroy Merlin, Kiloutou, Kiabi, Norauto, Phildar, entre autre.

Interrogé par Fabrice Lundy, l’étonnant animateur de BFM (toujours la pêche !), il expose sa conception du travail du dimanche en commençant par rappeler avec humour que Dieu n’a demandé qu’un seul jour de repos par semaine ! Globalement, il est contre l’ouverture, mais pas pour ce qui concerne le secteur du bricolage, qu’il assimile à un service familial. Point de vue qui peut en effet se discuter.

BFM Radio, le Grand Journal de Fabrice Lundy, 20/11/09

Question autour de l’actualité, de la distribution, du commerce. Le travail dominical continue à faire débat, puisque dans la capitale, le Gouvernement propose d’étendre l’autorisation d’ouvrir le dimanche à 10 000 commerces contre vingt fois moins actuellement. Quel est votre regard sur cette question, vous qui êtes à la tête d’un empire ?

Le Seigneur a demandé que l’on se repose le septième jour. Les gens qui ont organisé le travail estiment qu’on doit avoir deux jours de repos par semaine. J’accepte parfaitement le travail du dimanche quand c’est quelque chose d’indispensable : les loisirs, le cinéma, les transports. Si on n’arrêtait de travailler le dimanche dans les transports, on ne pourrait plus circuler, si on arrêtait d’avoir des restaurants ouverts, les familles ne pourraient pas s’y rendre. Supposez que demain les curés ne travaillent plus le dimanche, il y aurait encore moins de monde dans les églises.

Mais ils sont ouverts vos magasins le dimanche ?

Nous avons un certain nombre de dimanches qui sont ouverts dans nos magasins, parce qu’au mois de décembre notamment, il y a certaines semaines où il faut compenser la foule qui tourne par un élargissement des horaires. Mais dans notre métier, l’agroalimentaire, il n’est pas nécessaire d’ouvrir le dimanche, quand on est ouvert depuis le matin jusqu’au soir à 22 heures.

En revanche, dans certains métiers d’aide aux personnes, comme par exemple le bricolage, c’est en famille que l’on va regarder les produits qu’il faut acheter, la couleur des peintures ou des revêtements de sol, l’outillage à acheter. J’ai vu des magasins comme Leroy Merlin ouvert le dimanche en région parisienne, c’est très émouvant de voir une famille qui achète ensemble. Mais aller acheter dans les grandes surfaces des produits alimentaires le dimanche au lieu de se reposer, je suis contre.

J’ai le droit d’être contre, parce que moi j’ai travaillé le dimanche quand j’ai démarré Auchan et après on a remplacé le dimanche matin par l’ouverture jusque 22 heures. Il n’y a aucune raison d’ouvrir les magasins alimentaires le dimanche.

Entretien complet sur le lien lire la suite.


Fabrice Lundy : Gérard Mulliez, vous êtes l’une des grandes figures du patronat du Nord, vous avez soixante-dix-huit
 ans. Vous avez construit l’un des empires français de la distribution, Auchan, Boulanger, Saint Maclou, Décathlon, Leroy Merlin, Kiloutou, Kiabi, Norauto, Phildar, on connaît tous évidemment ces marques. Vous avez passé le flambeau il y a deux ans à la jeune génération et vous avez accepté de livrer vos analyses à Lille, au World Forum, sur le thème de l’argent de la rémunération des dirigeants. Quelles leçons tirer de cette crise qui commence à se terminer ?
Gérard Mulliez : d’abord je voudrais vous remercier de dire que la crise est en train de se terminer, puisque l’un de mes dadas est de dire que plus on parle de ce qui ne va pas, plus on entraîne les choses pour que ça aille de plus en plus mal. Quand vous dites que la crise est en train de se terminer, vous nous envoyez une bouffée d’optimisme et je vous en remercie.

Et vous nous confirmez que cette crise est en train de se terminer ?
Quand on est arrivé au fond de la piscine, on donne un grand coup de pied en bas et on remonte, et nous sommes à ce moment là.

Quelles leçons tirez vous de cette crise ? Qui sont les responsables de ce qui a ébranlé la planète entière durant l’année qui se termine ? Est-ce qu’on a manqué d’éthique par exemple ?
Je pense qu’effectivement, on ne doit pas dire que c’est la faute des autres, ce que l’on dit trop facilement. En France quand quelque chose ne va pas, on dit que c’est de la faute du Gouvernement, de la Droite, de la Gauche, des patrons, des syndicalistes, de la distribution, des fournisseurs, etc. Enfin, à chaque fois qu’il y a quelque chose qui ne va pas on dit que c’est de la faute d’un autre. 
Ici, ce qu’il y a de bien, c’est que cette crise nous concerne tous et que nous devons faire chacun, là où on est, ce qu’il faut, pour améliorer les choses et donc aider tout le monde à sortir de la crise.

Qu’est-ce qui a le plus manqué ? Est-ce qu’on a manqué d’éthique ? Est-ce que des dirigeants d’entreprise, des dirigeants de banque ont été trop avides ? Est-ce qu’on a trop souvent oublié a valeur de l’argent ?
S’il n’y avait que les dirigeants de banque ou certains dirigeants d’entreprise qui avaient l’esprit de lucre trop développés, il n’y aurait pas eu de gens pour acheter leurs produits idiots, donc tous ceux qui ont acheté des produits sont nombreux, responsables de la crise. Responsables parce que ceux qui ont acheté n’ont pas eu la clairvoyance de savoir que ce qui était vendu c’était du vent, ce n’était pas de la manière concrète. 
Je ne veux pas faire de publicité, mais j’aime mieux que les gens achètent des matériaux de construction chez Leroy Merlin pour améliorer leur intérieur plutôt que d’acheter du papier et de le revendre ensuite en croyant qu’ils vont gagner de l’argent.

Ce n’est pas le même usage aussi…
Il y en a un qui est un usage qui est très agréable c’est d’avoir une belle maison, avec un bon confort, de la beauté, de la couleur. Ca permet d’entretenir une bonne atmosphère familiale et le reste, ça donne à la personne une fausse valeur de la vie de travail, puisqu’elle gagne de l’argent sans travailler, après elle devient dingue et se demande si ça vaut la peine de continuer à travailler. 
Si tout le monde arrête de travailler, il n’y aura plus de produit, il n’y aura plus rien. Je trouve que c’est mieux de peindre l’intérieur de sa maison avec les produits de Leroy Merlin ou de la concurrence, parce qu’il faut être gentil avec la concurrence.

Vous êtes attaché à un certain nombre de valeurs : puisqu’on est au cœur de ce troisième World Forum de Lille, autour de l’argent responsable, est-ce qu’on a oublié cette valeur de l’argent ? Est-ce qu’on a été aveuglé ?
On a oublié que l’argent est un compteur de la valeur du service que l’on rend. L’argent, c’est la contre-partie du travail. Je l’ai dis ce matin, le prix d’une baguette c’est le travail du cultivateur, c’est le coût de la semence, c’est éventuellement dans certaines régions l’arrosage, c’est faire la récolte, c’est transporter le blé, passer chez le minotier, puis chez le boulanger, c’est fabriquer le pain et le vendre. Le prix de la baguette c’est l’addition de tous ces coûts. Donc une baguette c’est le travail de beaucoup d’hommes. C’est un travail concret, précis et méticuleux, et ça cela mérite salaire.

Et certains ont oublié qu’une baguette ça avait une valeur et que ça représentait un certain nombre d’échelons dans la f
abrication. Vous avez pris l’exemple de la baguette mais on aurait pu en prendre d’autres…
C’est dévalorisant pour celui qui travaille de voir des gens qui gagne de l’argent sans rien faire, et ce qu’il y a de dramatique pour ceux qui gagnent de l’argent sans travailler, c’est qu’ils finissent par ne plus savoir faire autre chose. C’est grave quand ils gagnent parce qu’ils polluent tous les gens qui sont autour d’eux.

La référence aux valeurs chrétiennes, dont vous vous inspirez, est-ce qu’elle a manqué elle aussi ?
Si on regarde sur une très longue période, je pense que les enseignements de l’Eglise ont toujours fait passer le bonheur des gens par le partage du savoir, des responsabilités et des résultats. Ils l’ont toujours préconisé. Cela ne date pas d’aujourd’hui, les encycliques d’il y trente ans l’exprimait déjà et la dernière du Pape Benoît XVI est restée très concrète sur la manière dont il fallait gérer ces périodes-ci. Je ne veux pas dire que le Pape est d’accord avec lestraders.

Est-ce que vous pensez que l’économie manque parfois de religion ? Est-ce que les valeurs morales religieuses, quelle que soit la religion, peuvent-elles aussi susciter de bonnes pratiques ?
Je pense que ce qu’il y a d’important, c’est d’avoir une référence constante à une certaine éthique, plutôt que d’avoir une référence constante à un égoïsme personnel. On ne peut pas trouver le bonheur en ne s’occupant que de soi, en ayant les autres autour qui sont malheureux. Donc je pense que de rappeler que la vie ça doit être rendre service à la communauté, c’est quelque chose qui a peut-être été oublié, et non pas gagner de l’argent sans cause, comme ça a été fait dans un certain nombre de cas, heureusement ça n’a été que dans un certain nombre de cas. 
Mais on parle de ce qui a été fait et qui a été complètement négatif, mais en même temps on oublie que tout le reste du monde a continué à fonctionner de manière normale et avec une très grande éthique.

On a souvent oublié la valeur de l’argent, la place de l’homme. C’est vrai que vous demandez toujours à vos caissières le traditionnel sourire, bonjour, au revoir et merci, mais vous n’oubliez pas de les intéresser aux résultats du groupe. Un petit peu moins de 15 % du capital d’Auchan appartiennent aux salariés. Est-ce que vous avez l’impression d’être vertueux, d’être un bon exemple ?
Je pense qu’il y a une grande logique, quand les gens font un travail, qu’ils aient un bénéfice de leur travail. Dans le travail, il y a un bénéfice court terme qui est le produit ou le service que l’on rend immédiatement et il y a un bénéfice qui n’apparaît qu’à long terme, qui est la croissance de l’entreprise. 
Donc ça nous a semblé complètement logique de distribuer des primes sur le bénéfice court terme et que l’on permette aux gens de bénéficier de la préparation de l’avenir dans les résultats qui auront lieu dans plusieurs années.

Cela vous paraît plus logique d’intéresser votre personnel, vos caissières, au capital, aux résultats du groupe, plutôt que de continuer à vous opposer à une entrée en Bourse ? Pourquoi d’ailleurs continuer à vous y opposer ?
Tout d’abord on n’appelle plus chez nous ces employées des caissières, parce que leur travail est beaucoup plus large que celui qui consiste à encaisser l’argent. Ces personnes sont des hôtesses d’accueil qui doivent réconforter le client qui a passé une heure ou deux à faire ses courses et qui est fatigué, et qui a besoin d’être reconnu et qu’on soit gentil avec lui. Donc on les appelle des hôtesses d’accueil et des hôtesses de caisse, et je souhaite que ce langage soit repris par les journalistes.

Je n’oublierais pas ces explications. Pour reprendre ma question, pourquoi vous êtes-vous toujours opposé à une entrée en Bourse ?
Parce que le système boursier de valorisation des entreprises, qui est basé sur la loi de l’offre et de la demande, ne peut pas, de manière constante, donner la vraie valeur de l’entreprise. Parce qu’à un moment donné, les Chinois ont beaucoup d’argent, ils décident d’acheter les actions de mon confrère. Et les actions montent. Quand on regarde le travail de mon confrère, il n’a pourtant pas changé, il est toujours sur la même ligne de croissance légère et tout d’un coup ça vaut 30 ou 40 % de plus. On ne peut rien comprendre, le personnel ne peut rien comprendre. A l’inverse, tout d’un coup la mode sur la distribution baisse et les fonds de pension prennent un autre cheval de bataille, et tout d’un coup Carrefour baisse de 50 %. Cela n’est pas quelque chose de supportable par le personnel et c’est complètement illogique. 
La valorisation d’une entreprise par la loi de l’offre et de la demande est complètement déconnectée de la réalité économique, donc ce n’est pas quelque chose qui permet de faire fonctionner l’actionnariat du personnel au jour le jour, et donc je suis contre. Il est absolument impossible, aujourd’hui, dans ma famille, de remettre en place une cotation boursière, parce qu’alors on perdra dans les cinq à dix ans qui suivent, la quasi-totalité de nos actionnaires, puisqu’à certains moments on achètera beaucoup et ça montera, et quand ça descendra, le personnel va vendre et après ils ne seront plus actionnaires.

Est-ce que ça ne contribue pas au mystère autour de votre groupe ? Certains parleront même de manque de transparence…
Nous avons chez nous, par intelligence, clairvoyance et devoir, une transparence totale avec les employés. Tout le monde a le droit d’avoir exactement les mêmes chiffres que moi. Tout le monde a le devoir de les regarder. C’est même affiché dans nos réserves, souvent, maintenant c’est sur les ordinateurs c’est plus facile, et les fournisseurs ne manquent pas de s’arrêter devant ces tableaux.

Vous préférez donc rendre des comptes aux hôtesses de caisse plutôt qu’à la Bourse ?
Non, je n’ai envie de rendre des comptes ni à la Bourse, ni d’inciter les concurrents à connaître ce qu’il se passe chez nous au jour le jour, pour nous copier. Ils nous copient déjà comme ça, avec quelque fois cinq ou six années de retard, mais c’est mieux qu’avec cinq ou six années d’avance.

On va revenir sur le Grand Emprunt, c’est le grand sujet de l’actualité. Quel regard portez-vous sur cet emprunt que va lancer le Gouvernement ? Il a reçu aujourd’hui la copie du rapport Juppé/Rocard, on annonce un chiffre de 35 milliards, mais qui pourrait faire des petits, jusqu’à 60 milliards si les entreprises et le privé jouent le jeu…
En principe, les banquiers ne devraient prêter qu’aux riches, c’est un vieux slogan. Alors si la France est riche et peut lever un emprunt, pourquoi le fait-elle, c’est ma première interrogation. Ma deuxième interrogation, c’est que l’on peut emprunter de l’argent à condition que le rendement de ce que l’on va faire avec cet argent soit supérieur à l’intérêt de l’argent que l’on va devoir payer. 
Donc si le Gouvernement prête de l’argent, en espérant qu’il ne serve pas à augmenter les frais sans avoir de travail concret et précis derrière, et l’utilise pour permettre à des entreprises de se développer, pour augmenter les capacités de recherches du pays et donc préparer l’avenir, OK. Si c’est pour boucler les budgets de la consommation courante qui sont en déficit, on devra un jour rembourser cet emprunt. Donc on ne fait que reporter une difficulté.

A combien s’élève votre fortune ?
Cela c’est une question très directe. Je ne considère pas que j’ai une fortune parce qu’elle est investie dans toutes les entreprises de notre association et ce sont des emplois derrière. J’estime donc que c’est une fortune dont on n’a pas vraiment l’usage, parce que prendre de l’argent dans les entreprises, ça veut dire supprimer un emploi ou peut-être dix emplois, etc. Je ne considère donc pas ça comme étant
une fortune à disposition.

Vous ne voulez pas en parler. Par exemple on estime votre fortune à 25 ou 30 milliards d’euros, que vous êtes l’homme le plus riche de France ?
On fait une grave erreur, malheureusement je ne suis pas le propriétaire unique de l’association familiale Mulliez, nous sommes environ 500 actionnaires aujourd’hui, demain 1 000. Et heureusement que c’est comme ça sinon il y en a qui aurait la tête tournée, peut-être moi. Donc la fortune dont on parle c’est celle de la famille de M. Gérard Mulliez. Avant on disait que c’était moi tout seul, il y en a qui ont râlé, et maintenant c’est la famille de M. Gérard Mulliez. 
Je suis très content quand on évalue la fortune de manière importante, parce que les relations avec les banquiers sont plus faciles. Ils se disent qu’il y a quelque chose derrière et comme on ne prête qu’aux riches, ils nous prêtent sans doute puisque l’intérêt d’argent est moindre.

C’est plus facile quand on est M. Mulliez, à la tête de Auchan d’aller voir les banquiers. Vous faites quoi finalement de votre argent ?
L’argent est dans les entreprises, je n’ai rien à faire avec.

Vous n’en profitez pas du tout ?
Si, je profite. Je suis très content de voir des entreprises qui se développent, de nouvelles créations d’emplois. Je suis très content quand les équipes inventent un nouveau métier et le mettent en route, et je suis très content qu’ils s’occupent de mon argent, soit disant à ma place.

Quitte à être direct, une autre question. Puisque vous stigmatisez l’avidité, la cupidité, est-ce qu’il faut être radin pour être un grand patron ? On dit que vous allez déjeuner dans les cafétérias de vos marques, que vous épluchez n’importe quelle facture, n’importe quel relevé kilométrique de vos collaborateurs…
Je pense que l’on ne peut pas créer une entreprise en dépensant plus qu’on ne gagne. Donc si le chef d’entreprise lui-même n’est pas économe, on ne peut pas avoir une entreprise qui perdure. Si vous dépensez plus que vous ne gagnez, vous mourrez.

Question autour de l’actualité, de la distribution, du commerce. Le travail dominical continue à faire débat, puisque dans la capitale, le Gouvernement propose d’étendre l’autorisation d’ouvrir le dimanche à 10 000 commerces contre vingt fois moins actuellement. Quel est votre regard sur cette question, vous qui êtes à la tête d’un empire ?
Le Seigneur a demandé que l’on se repose le septième jour. Les gens qui ont organisé le travail estiment qu’on doit avoir deux jours de repos par semaine. J’accepte parfaitement le travail du dimanche quand c’est quelque chose d’indispensable : les loisirs, le cinéma, les transports. Si on n’arrêtait de travailler le dimanche dans les transports, on ne pourrait plus circuler, si on arrêtait d’avoir des restaurants ouverts, les familles ne pourraient pas s’y rendre. Supposez que demain les curés ne travaillent plus le dimanche, il y aurait encore moins de monde dans les églises.

Mais ils sont ouverts vos magasins le dimanche ?
Nous avons un certain nombre de dimanches qui sont ouverts dans nos magasins, parce qu’au mois de décembre notamment, il y a certaines semaines où il faut compenser la foule qui tourne par un élargissement des horaires. Mais dans notre métier, l’agroalimentaire, il n’est pas nécessaire d’ouvrir le dimanche, quand on est ouvert depuis le matin jusqu’au soir à 22 heures. 
En revanche, dans certains métiers d’aide aux personnes, comme par exemple le bricolage, c’est en famille que l’on va regarder les produits qu’il faut acheter, la couleur des peintures ou des revêtements de sol, l’outillage à acheter. J’ai vu des magasins comme Leroy Merlin ouvert le dimanche en région parisienne, c’est très émouvant de voir une famille qui achète ensemble. Mais aller acheter dans les grandes surfaces des produits alimentaires le dimanche au lieu de se reposer, je suis contre.
J’ai le droit d’être contre, parce que moi j’ai travaillé le dimanche quand j’ai démarré Auchan et après on a remplacé le dimanche matin par l’ouverture jusque 22 heures. Il n’y a aucune raison d’ouvrir les magasins alimentaires le dimanche.

Vous avez ouvert votre premier hypermarché il y a une quarantaine d’années à Roncq. A quoi ressemblera le commerce de demain ? Les centres commerciaux de demain ?
Je ne suis pas devin, mais ce que je sais c’est que depuis que le monde est monde, les marchés existent. Avant, ils étaient en face de la place de l’église, pour que les gens viennent à pied, il n’y ait pas besoin de parking de voitures. Maintenant il y en a besoin, alors on a mis des espaces plus grands à l’extérieur. On n’a pas toujours mis des églises à côté. Mais je ne vois pas en quoi l’homme va vraiment changer et que demain il n’existe plus de marchés. 
Tant qu’à faire, avoir des marchés couverts, qui abritent de la pluie, qui abritent du vent, c’est quelque chose qui est agréable. Quand on est dans la rue, que l’on va dans un magasin à l’autre et qu’il pleut, ce n’est pas agréable. Je pense qu’il n’y aura pas de changements extraordinaires. 
En revanche, il y aura une évolution extrêmement grande puisque les gens vont acheter par Internet, et que donc soit ils pourront commander et être livrés chez eux, soit après avoir fait le tour du magasin, commander par Internet. Donc l’évolution va être très grande, par ce phénomène là.

Dernière question, un grand groupe de distribution doitil renoncer aux pays émergents, Brésil, Russie, pour prospérer ? Evidemment je fais allusion à votre concurrent et ami Carrefour, dont les actionnaires ont demandé qu’ils plient leurs gaules dans ces pays…
Je crois que chacun gère son entreprise en fonction de ses possibilités, en fonction des hommes qu’il a autour de lui et en fonction de son éthique. J’estime que les hypermarchés apportent énormément dans les pays en voie de développement, parce qu’ils industrialisent la commercialisation des produits, ce qui permet derrière d’industrialiser la fabrication. 
En France, on a fait énormément de progrès industriel depuis cinquante ans que l’on ouvre des supermarchés et des hypermarchés. Dans les pays où nous sommes allés comme la Chine ou la Russie, il y a un développement industriel considérable, et donc je trouve que c’est bien d’aller dans les pays émergents. Mais ce n’est pas la vocation de tout le monde, et tout le monde ne peut pas aller dans tous les pays du monde. J’aime mieux aller dans les pays qui sont proches plutôt que d’aller dans les pays éloignés.

Laisser un commentaire