Au BHV, à Paris : "Nous vous demandons de bien vouloir être à votre poste le 15 août"

Le Monde, 19/08/09

Samedi 15 août, Hélène Pasinetti, vendeuse au rayon meubles du BHV de la rue de Rivoli à Paris, s’apprêtait à partir à Lille pour participer à une fête de famille. Las ! Mme Pasinetti a dû venir travailler ce jour-là, comme n’importe quel autre jour de la semaine, dans le grand bazar parisien, sous peine de « sanction« .

Le 31 juillet, cette déléguée CFDT, qui dit« adorer son métier », a reçu une lettre, avec accusé de réception, signée de la responsable des ressources humaines, la priant fermement d’être à son poste le 15 août. Jour férié ou pas.

« Madame, comme précisé dans la note d’information du 18 juin, le magasin de Rivoli et le BHV Homme seront ouverts le samedi 15 août de 10 heures à 19 heures. Vous ne vous êtes pas déclarée volontaire pour venir travailler ce jour-là, précise le courrier dévoilé par L’Humanité mardi 18 août, dont Le Mondea eu copie. Votre présence est néanmoins indispensable. (…) Le samedi faisant partie de vos jours habituels de travail, nous vous demandons de bien vouloir vous présenter à votre poste ce jour-là. »

« SANCTION »

Et d’insister : « Si vous ne deviez pas tenir compte de notre demande, votre absence serait considérée comme injustifiée et nous serions contraints d’envisager une sanction à votre encontre. »

Pour Mme Pasinetti comme pour les sept autres salariés du rayon meuble, cet événement est le signe qu’avec l’entrée en vigueur de la loi autorisant plus largement les ouvertures de magasins le dimanche, les relations avec leur employeur risquent de s’envenimer.

« Si le BHV rue de Rivoli est classé comme une zone touristique, il va y avoir un tollé général », prédit Mme Pasinetti. La loi stipule que les magasins situés en zone touristique pourront ouvrir le dimanche sans aucune contrepartie due aux salariés, mais que le travail dominical se fera sur la base du volontariat. Les syndicats redoutent que ce volontariat ne soit qu’une « parole ». Que les directeurs de magasins fassent pression plus ou moins subtilement sur leurs salariés pour les faire travailler ces jours-là. « Surtout qu’avec la crise, les chiffres de vente ne sont pas terribles, ils vont vouloir se donner le plus de marge de manoeuvre possible », prédit Monique Giorgini, déléguée centrale CFDT.

Du côté du BHV, on explique que la formulation du courrier était « maladroite » mais que l’on ne peut faire l’amalgame avec le travail du dimanche. « Le comité d’entreprise du BHV avait validé le fait que le 15 août serait un jour travaillé. De ce fait, c’est devenu un jour normal, la loi est avec nousprécise la porte-parole du groupe. Le dimanche, c’est différent : il faudra être volontaire. »

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