Le Télégramme, Karine Joncqueur – 12 juillet 2009
Soumise au vote de l’Assemblée nationale mercredi prochain, la proposition de loi sur le travail dominical ne cesse de faire querelle. Par dérogations, travailler le dimanche serait autorisé toute l’année dans certaines zones, et sans contrepartie ? salaire, repos… ? obligatoire.
Cette quatrième mouture débattue à l’Assemblée nationale cette semaine, bien qu’elle réaffirme le principe du repos dominical, vise à adopter des dérogations à ce principe dans des communes situées en zones touristiques ? au sens du code du travail ?, ainsi que dans certaines grandes agglomérations ? unmillion d’habitants ? pour les salariés volontaires. En clair, il est ici question de régulariser, avec contrepartie (repos compensateur, majoration de salaire) pour les salariés, le travail dominical dans trois grandes agglomérations (Paris, Lille, Marseille) et de l’étendre, sans contrepartie obligatoire, à tous les commerces de détail des communes et zones touristiques. En Finistère, depuis 2003, il s’en compte 17.
Porte ouverte au lobbying?
Le gouvernement affirme que cette extension de la loi va concerner 500 communes. L’opposition avance, elle, le chiffre de 6.000. De fait, les syndicats craignent un lobbying des communes auprès du préfet afin d’obtenir «Le label» zone touristique qui autoriserait, à l’année, une ouverture de leurs commerces le dimanche. Sans contrepartie pour le salarié, répétons-le. Mardi, une délégation syndicale a ainsi, pour protester, déposé en préfecture, à Quimper, une pétition nourrie de 5.000 signatures. «Il existe déjà une loi permettant, ponctuellement, par dérogation préfectorale ou municipale, l’ouverture des commerces le dimanche. Pourquoi ce nouveau texte», s’interroge Thierry Gourlay, secrétaire départemental de la CGT. «Dans certains secteurs, il n’est pas possible de faire autrement, et nous restons disponibles pour les déterminer, mais si tout le monde travaille le dimanche, vous, au Télégramme, vous ne pourrez plus, par exemple, faire votre «lundi Sport» car il n’y aura plus d’équipes de foot. Maintenant, si ça crée de l’embauche, si c’est correctement indemnisé, qu’il n’est pas fait de menaces de licenciement en cas de refus, pourquoi pas? Dans les magasins, on travaille souvent à temps partiel et 100 € de plus, ce n’est pas négligeable».
«Prêts à sortir les fourches»
Yves Châtalen, président de l’Union professionnel des artisans du Finistère UPA, est ferme: «Nous ne voulons pas que le travail du dimanche soit généralisé. Là, ce serait niet et ça barderait. Ce quatrième texte est mieux que le premier. Les choses sont plus cadrées mais ça reste un danger. Il faut faire attention à ce qui est écrit à la virgule près. Nous sommes très vigilants principalement pour tout ce qui touche à l’alimentaire. Aujourd’hui, la loi donne droit au boucher, au boulanger d’ouvrir son commerce jusqu’à 13h, le dimanche. Si demain, une moyenne ou une grande surface y est aussi autorisée, ça ne sera pas tenable. Si ça va trop loin, nous sommes prêts, dans la minute, à sortir nos fourches». Sans rire. Et vous, qu’en pensez-vous? Selon un sondage paru dans Libération, «55% des Français se disent opposés au travail dominical». De son côté le gouvernement, qui a ses propres références, assure que, selon un sondage ? aussi ? qui ne dément pas les précédentes enquêtes, une majorité de plus en plus large de Français s’y dit favorable. Mercredi, le texte sera voté.