"Travail dominical : un texte de loi Antisocial ?"

Communiqué de Mgr Aillet, Evêque de Bayonne-Lescar et Oloron, à propos du texte de loi concernant le travail du dimanche, présenté à l’assemblée nationale, 07/07/09

TRAVAIL DOMINICAL : UN TEXTE DE LOI ANTISOCIAL ?

Certains y verront peut-être un signe de la Providence : le jour même de la publication tant attendue de la première encyclique sociale du pape Benoît XVI, « Caritas in veritate », sur le développement humain intégral, qui propose des critères de réflexion susceptibles d’éclairer et d’inspirer les choix politiques en matière économique et sociale, l’Assemblée nationale entame l’examen d’une nouvelle proposition de loi relative aux dérogations au principe du repos dominical, que le gouvernement a souhaité faire inscrire à l’ordre du jour des travaux du Parlement réuni en session extraordinaire…

Cette proposition de loi réaffirme le principe du repos dominical, mais dans le même temps, elle entend légaliser le travail le dimanche dans certaines grandes agglomérations et les zones commerciales frontalières, et l’autoriser de plein droit dans les « zones touristiques ».

Dans ces « zones touristiques », tous les commerces auraient la possibilité d’ouvrir le dimanche, sans compensation ni contrepartie financière pour les salariés concernés. Or, un très grand nombre de communes sont susceptibles d’être déclarées « zones touristiques » à plus ou moins brève échéance.
Il en résulterait une banalisation puis une généralisation du travail le dimanche, comme l’ont d’ailleurs relevé la plupart des centrales syndicales ainsi que maints observateurs et des parlementaires de toutes sensibilités politiques.

Ce n’est pas la première fois qu’en France, le législateur affirme solennellement un principe, qu’il vide en fait de son contenu en autorisant des dérogations qui sont telles que la règle (en l’occurrence, le respect du repos dominical) ne tarde pas à devenir l’exception…

Fidèles à l’enseignement social de l’Eglise ainsi qu’à l’héritage des « catholiques sociaux » qui furent si souvent à l’origine des grandes lois sociales du XIXème et du début du XXème siècles, nous ne pouvons accepter une telle régression sociale, hélas caractéristique du « consumérisme » et du « primat de l’économie » qui tend à s’imposer au détriment de la personne humaine, de sa dignité et de ses droits. 
Comme le souligne précisément Benoît XVI dans « Caritas in veritate », « l’activité économique ne peut résoudre tous les problèmes sociaux par la simple extension de la logique marchande. Celle-là doit viser la recherche du bien commun, que la communauté politique d’abord doit aussi prendre en charge » et le marché « ne doit donc pas devenir, le lieu de la domination du fort sur le faible » (c.f. n° 36).

Si le dimanche revêt en définitive une importance primordiale pour les chrétiens du monde entier qui célèbrent et sanctifient le jour du Seigneur, c’est aussi pour l’ensemble de nos concitoyens qu’il importe de défendre le principe d’un jour de repos qui soit le même pour tous, repos dominical si nécessaire à l’harmonie de la vie familiale et de la vie sociale.

+Marc Aillet
le 7 juillet 2009

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