Sondage : liaisons dangereuses…

Où la crédibilité des sondeurs, et notamment d’OpinionWay, ainsi que la crédibilité des media, et notamment du Figaro, en prend encore un coup !

OpinionWay s’était signalé par un sondage bidonné en 2008, publié par le Figaro, bidonnage qui avait été relevé entre autre par Mediapart, la CFTC, et le CAD, bien sûr. Sondage bidonné qui faisait suite à un autre sondage bidonné, celui publié par le JDD… Et qui faisait encore suite au sondage IPSOS 2006 par Tonton Carbistouille, dit Richard Mallié, et qui avait été financé par Usine Center. Ça commence à faire beaucoup.

Le Monde, 17/07/09

La politique des sondages de l’Elysée critiquée par la Cour des comptes

côté des frais du chef de l’Etat, la Cour des comptes s’est intéressée, dans son rapport sur la gestion des comptes de l’Elysée, paru jeudi 16 juillet, à la politique de commande des sondages d’opinion. Elle s’interroge notamment sur un contrat signé en juin 2007 avec un cabinet qui a commandé par la suite à l’institut de sondages et d’études OpinionWay plusieurs enquêtes d’opinion, pour 1,5 million d’euros. Des sondages payés par l’Etat et dont les résultats ont pourtant été également publiés par Le Figaro et LCI.

La présidence a ainsi déboursé 392 288 euros en 2008 pour des Politoscope, réalisés toutes les deux semaines, alors que cette enquête était disponible sur les deux médias. « Les comptes-rendus facturés à l’Elysée étaient entièrement disponibles en ligne gratuitement » assure ainsi Yves Rolland, magistrat à la Cour des comptes. Quinze études sur les trente-cinq payées par la présidence ont été également publiées dans la presse, ce qui conduit à « mettre en doute l’intérêt de telles commandes », selon Philippe Séguin, le président de la Cour.

Ces accusations sont contestées par OpinionWay, qui assure sur son site que les résultats vendus au cabinet contenaient également des questions supplémentaires et « des tris détaillés par catégorie de population des résultats de nos enquêtes publiées, comme le font depuis longtemps la plupart des instituts d’études ». Ce qui justifierait une facturation spécifique : « Cette autre prestation ne correspond donc aucunement aux questions financées par LCI et Le Figaro« , assure ainsi le communiqué.

« L’Elysée a peut-être simplement remis le format allégé de nos études au conseiller de la Cour des comptes. Ou bien les CD qui contiennent plus de 60 pages de détail que nous avons remis à Publifact [le cabinet en contrat avec l’Elysée] ont peut être été perdus » avance Bruno Jeanbart, le directeur des études politiques de l’institut, pour expliquer les constatations de la Cour. Publifact appartient à Philippe Buisson, directeur de la chaîne Histoire (groupe TF1) et conseiller de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle.

LA SOCIÉTÉ DES RÉDACTEURS DU « FIGARO » FAIT PART DE SA « CONSTERNATION »

La Cour a remarqué que le contrat avec Publifact avait été passé sans mise en concurrence, pourtant obligatoire, et qu’il avait généré au total cent trente factures en 2008, outre des honoraires mensuels fixes de 10 000 euros pour le cabinet. Le cabinet disposait en effet d’une totale liberté d’appréciation quant aux études et sondages à mener et à facturer, ce qui privait la présidence de tout contrôle. Les services de l’Elysée ont répondu à la Cour des comptes que les relations contractuelles avec ce cabinet avaient été modifiées en mars, avec notamment la règle d’un bon de commande par étude et la limitation du champ d’action à « l’image du président de la République ». « Exclusives et confidentielles (…) ces enquêtes font l’objet de rapport disctinct » assure l’Elysée.

Cette affaire n’arrange pas OpinionWay, un institut déjà accusé d’être proche de la majorité par François Bayrou et la gauche. « Nous sommes ici au cœur d’un système d’instrumentalisation de l’opinion et de connivence entre le pouvoir, un institut de sondage et certains médias », a d’ailleurs critiqué la députée socialiste Delphine Batho, proche de Ségolène Royal, dans un communiqué diffusé jeudi soir. « Nous rappelons qu’OpinionWay compte parmi ses clients des acteurs positionnés aussi bien à droite qu’à gauche », se défend pour sa part l’institut.

Au sein du Figaro, le malaise est également palpable. La société des rédacteurs du journal a demandé à sa direction, vendredi 17 juillet, « de mettre immédiatement un terme à ce type de ‘coproduction’ qui nuit gravement à la crédibilité des titres du groupe ». Dans un communiqué, elle fait part de sa « consternation » après le rapport, dans lequel « il apparaît que de nombreux sondages OpinionWay publiés, notamment, par Le Figaro, sont commandités par la présidence et que certains sont expurgés avant d’être diffusés au grand public ».

Etienne Mougeotte, le directeur du journal, a démenti « formellement » tout financement des sondages par l’Elysée. « Le sondage, chaque semaine, est payé par Le Figaro sur la base d’un contrat annuel », explique-t-il, assurant ne pas avoir l’intention de remettre en cause la collaboration avec l’institut de sondage. Vendredi soir, un sondage OpinionWay réalisé pour Publifact sur les vœux 2007 de Nicolas Sarkozy était toujours en ligne sur le site du journal, ainsi que l’article reprenant les résultats, qui assure pourtant que le sondage a été réalisé pour le quotidien.

Sur le lien Lire la suite « Claude Guéant rejette la demande d’enquête du PS »

Le Monde, 19/07/09

On commande des sondages, si des journaux veulent acheter les mêmes, nous, on n’y peut rien ! », et il n’y a « aucune nécessité » d’enquête comme l’a réclamé vendredi le Parti socialiste, a répondu, dimanche 19 juillet, le secrétaire général de l’E
lysée, Claude Guéant, après le déclenchement, vendredi, d’une polémique sur la pratique de commande de sondages de l’Elysée.« Nous, ce qui nous intéresse dans les sondages, ce n’est pas du tout les éléments bruts (…), c’est d’avoir tous les fichiers détaillés des sondages », a-t-il ajouté.

Dans son rapport sur le budget 2008 de l’Elysée, la Cour des comptes s’est étonnée que le « Politoscope » réalisé par OpinionWay pour Le Figaro et LCI ait été facturé à l’Elysée par un cabinet de conseil. Ce cabinet est dirigé parPatrick Buisson, ancien journaliste à Minute et LCI, actuel président de la chaîne Histoire et proche de M. Sarkozy. La Cour a épinglé également pour les mêmes raisons une série de 15 études d’opinion publiées dans la presse, et facturées également à l’Elysée par le cabinet de conseil. Mais, là, la Cour n’a pas révélé quels instituts de sondages avaient réalisé ces études, ni quels médias les avaient commandées. Le président d’OpinionWay, Hugues Cazenave, avait assuré vendredi que son institut n’avait pas réalisé ces 15 études, dont Delphine Batho, porte-parole de l’ex-candidate PS à la présidentielle a demandé la publication.

« SYSTÈME DE COPRODUCTION ET DE CONNIVENCE »

Si la polémique était centrée vendredi sur OpinionWay et Le Figaro, qui ont tous deux dit être « prêts » à montrer les factures, elle s’est déplacée dimanche sur le cabinet de conseil de M. Buisson. Dans un communiqué intitulé« L’Elysée essaie d’étouffer l’affaire des sondages OpinionWay et du cabinet Buisson », Mme Batho a annoncé qu’elle allait demander la création d’une « commission d’enquête » sur les sondages « financés par l’Elysée ou par l’intermédiaire de son cabinet conseil ». La Cour des comptes épingle en effet la convention signée le 1er juin 2007 entre l’Elysée et ce cabinet – dont ni le nom ni celui de son gérant ne sont mentionnés – pour un coût « avoisinant 1,5 million d’euros » sous la forme de « près de 130 factures ». Pour Mme Batho, « il y a désormais trois versions différentes des faits. Celle d’OpinionWay, celle d’Etienne Mougeotte [directeur des rédactions du Figaroet maintenant celle de Claude Guéant ».

« Tout cela confirme l’embarras des intéressés, mais aussi l’existence d’un système de coproduction et de connivence dont la finalité n’est pas l’étude de l’opinion, mais la maîtrise du débat politique dont les termes sont pipés », a-t-elle accusé. Durant la campagne présidentielle, M. Buisson, qui conseillait M. Sarkozy, était dans le collimateur de Ségolène Royal et de François Bayrou, président du MoDem. Ils estimaient que ce spécialiste des sondages œuvrait pour Nicolas Sarkozy avec l’aide d’OpinionWay.

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