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Le Monde, Chronique d’abonnés, 2/7/09

Le dimanche, un jour comme les autres ?

par Pascale P. 02.07.09

La proposition de loi sur « le travail du diman… le repos dominical », comme le dit si joliment Jean-François Copé, le président du groupe UMP de l’Assemblée, dans les pages du journal « Le Monde », sera discutée à l’Assemblée nationale à partir du 7 juillet lors de la session parlementaire extraordinaire qui s’est ouverte mercredi dernier.  

Le texte précise : « Les établissements de vente de détail situés dans les communes touristiques ou thermales et dans les zones touristiques d’affluence exceptionnelle ou d’animation culturelle permanente peuvent, de droit, donner le repos hebdomadaire par roulement pour tout ou partie du personnel ».

Le repos dominical n’existera plus dans les communes touristiques ou thermales, dont la plus emblématique de toutes : Paris. Ainsi donc, tout « commerce de vente de détail » sera ouvert le dimanche sans contrepartie pour ses employés. Si ces derniers étaient inscrits dans un club de loisirs qui n’ouvre que le week-end, ce n’est pas grave, ils iront s’inscrire dans les grands clubs qui peuvent se permettre de rester ouvert toute la semaine. Tant pis pour les « petits » clubs, ils demanderont plus de subventions aux pouvoirs locaux… Pour survivre.

Que désigne le terme « commerce de vente de détail » ? Une librairie ? Je serai une des première à me réjouir de pouvoir acheter un livre un dimanche après le sport et avant le ciné. Seulement, « commerce de vente de détail » signifie aussi « boutique de fringues », « épicerie », « supermarché », « hypermarché »…

Pouvoir choisir entre faire ses courses un samedi ou un dimanche serait un luxe bien appréciable. Mais le problème est que, le dimanche, les transports publics sont beaucoup moins nombreux qu’en semaine. Il ne suffit pas d’ouvrir les commerces, encore faut-il que les consommateurs puissent s’y rendre. Comment feront-ils s’il n’y a pas suffisamment de bus ou de métro ? Une solution : augmenter l’offre de transport publics dans les « communes touristiques ou thermales ». En un mot : AUGMENTER LES IMPÔTS…

Et puis, comment vont faire ces commerces pour déposer leur argent à la banque ? C’est simple, pour répondre à la demande, les banques demanderont à être ouvertes le dimanche aussi. Et puis, il faudra s’occuper de la maintenance informatique des serveurs bancaires de CB. Qui va s’en occuper ? Celui qui voulait profiter de son week-end avec ses enfants pour faire du sport. Mais c’est vrai. J’y pense, si je travaille le dimanche, pourquoi est-ce que mes enfants n’iraient-ils pas à l’école le dimanche aussi ? Pourquoi ne pas ouvrir les écoles le dimanche aussi ? C’est une excellente idée. Si les enfants ont école le dimanche, les parents n’auront plus d’excuses pour ne pas travailler le dimanche. Et, tant qu’on y est, pourquoi ne pas autoriser les travaux de chantier les dimanches ? Puisque tout le monde sera au travail, personne ne sera gêné par les bruits de marteaux-piqueurs le dimanche matin…

Et en plus, l’ouverture des commerces le dimanche sera un signe fort en faveur des autres religions : un tel pourra demander son repos hebdomadaire un vendredi, un autre, le samedi. Nous serons enfin tous égaux.

Tous égaux à consommer.

Notre vie se résume-t-elle à consommer ? Ne peut-on pas apprécier une journée à faire du sport ou toute autre activité ludique, à lire, à aller voir ses amis, ses parents… Si tout le monde a des « repos hebdomadaires » différents, quand pourrons-nous voir nos familles ? Un enfant dont un des parents divorcés travaille le dimanche ne pourra jamais profiter d’une journée entière avec lui.

Que veut donc le gouvernement avec cette loi ? Nous faire consommer à outrance au détriment de notre bien-être ?

Tant pis si je ne peux pas m’acheter une paire de chaussures, j’aurais au moins passé une superbe journée avec ceux que j’aime. Et j’espère qu’il y en aura plein d’autres dans l’avenir.

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