Compte rendu analytique officiel du 8 juillet 2009 : première séance

M. le président. La parole est à M. Philippe Plisson.

M. Philippe Plisson. Monsieur le ministre, contrairement à ce que vous affirmez, la présente proposition de loi concernant le travail du dimanche n’est pas de bon mais de mauvais sens, ce sens qui est l’apanage de votre politique, le sens inverse du progrès social.

Avec obstination, M. Sarkozy démolit méthodiquement le modèle social français.

M. Marcel Rogemont. Eh oui !

M. Philippe Plisson.. Les postures de gauche, les références à Blum ou à Jaurès ne sont que des leurres et la prétendue modernisation et les réformes ne sont en fait que le retour au modèle de classe du passé dont, décidément, vous ne voulez pas faire table rase.

Depuis la toute première loi du quinquennat, ce fameux bouclier fiscal qui a donné le ton, celui du choix des privilégiés de cette société au détriment des plus faibles, toutes les décisions ont été dans le même sens : les franchises médicales, la fermeture des tribunaux de proximité, le démantèlement des services publics avec en particulier la suppression de milliers de postes d’enseignants,…

M. Marcel Rogemont. Eh oui, monsieur Darcos !

M. Philippe Plisson…demain le travail à domicile du personnel en arrêt maladie et la perspective réjouissante de la retraite à soixante-sept ans.

Aujourd’hui, c’est le travail du dimanche qui est sur la table. Au gré des interprétations des interlocuteurs de droite, il serait facultatif ou obligatoire, payé double ou simple, réservé aux villes touristiques dont la liste est fluctuante ou pas.

M. Guy Geoffroy. Non ! C’est vous qui la faites fluctuer !

M. Philippe Plisson. En fait, au-delà des gesticulations…

M. Richard Malliérapporteur. C’est vous qui gesticulez !

M. Philippe Plisson.…nous sommes sur le fond, sur les valeurs, celles qui séparent fondamentalement la droite et la gauche. Est-ce que la loi des marchés prévaut sur le vivre ensemble ? Est-ce que l’argent et la rentabilité sont les seules aunes de notre société ?

M. Richard Malliérapporteur. Vous n’avez pas le monopole des valeurs !

M. Philippe Plisson. Est-ce que la consommation, donc l’ouverture non stop de ses églises que sont les grandes surfaces, donne seule du sens à l’existence ? Est-ce que la puissance publique est fondée à faire prévaloir des valeurs collectives ?

Je le répète, nous sommes là sur les principes et les valeurs ; décidément, nous n’avons pas les mêmes.

Le travail du dimanche, nonobstant le recul social flagrant qu’il constitue, c’est le choix de cette société de consommation, qui, au-delà des discours et des postures, reste fondamentalement votre référence. Faire du tourisme le dimanche dans ces temples périphériques de la consommation, quel épanouissement social et culturel pour les familles !

Le développement durable que vous avez récemment découvert, car il est tendance, est aux antipodes de ces valeurs. M. Borloo a beau prendre pour en parler le ton de Frédéric Mitterrand commentant le mariage de la reine Astrid du Danemark (Sourires), le développement durable est l’un des piliers que vous n’avez décidément pas intégré, celui du social, celui d’un autre mode de développement plus économe au service d’un autre monde plus équitable.

Avec ce projet de loi vous affichez clairement la couleur : votre développement durable, c’est Germinal avec de la laine de chanvre dans les combles des corons ! (Exclamations et applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Merci, je suis assez fier de ma formule ! (Sourires.)

Pour toutes ces raisons, notre opposition est frontale, car nous portons les espoirs de ces millions de Français qui, chaque jour, nous expriment leur hantise d’être un jour contraints de travailler le dimanche.

Nous disons non, résolument non à votre projet parce que, pour nous, l’avenir de la société française est aux antipodes de votre modèle, le modèle des maîtres de forges du XIXè siècle avec, pour être dans l’air du temps, des panneaux solaires sur le toit de l’usine.

Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, messieurs les députés de la majorité, je vous le dis solenn
ellement : si vous vous rendez coupables de cette transgression, vous serez comptables devant l’histoire de cette sordide régression sociale.(Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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