Soumettre 100% des salariés aux horaires atypiques, une urgence ?

A l’heure ou déjà 63% des salariés sont soumis à des horaires anormaux, l’urgence est-elle vraiment de porter ce pourcentage à 100% ?

Le Figaro, 26/05/09

Près de deux salariés sur trois travaillent en horaires «atypiques» 

Travailler le soir, la nuit, le week-end, à temps partiel ou en horaires décalés, c’est le lot quotidien d’environ 63% des salariés français, selon une étude de la Dares.

L’étude, publiée lundi, de la direction des études des ministères du Travail et de l’Emploi (Dares) met en exergue que seuls 37% des salariés ont des horaires dits «normaux». Près de deux salariés sur trois ont donc des horaires de travail atypiques : de nuit, le week-end, à temps partiel ou décalés. Les 37% de chanceux qui travaillent en horaires «plus adaptés aux rythmes biologiques et sociaux» sont en majorité des hommes. Ces horaires «normaux», sont réguliers et les salariés «travaillent rarement tôt le matin, tard le soir, le samedi ou le dimanche», précise la Dares.

Horaires décalés pour le contact avec le public

En revanche, 19% des salariés travaillent régulièrement la nuit ou le week end, et peuvent également cumuler différentes contraintes horaires, «comme des semaines irrégulières, l’absence de repos hebdomadaire de 48 heures» ou encore des créneaux fixés par l’entreprise. La Dares ajoute que les «horaires habituellement décalés concernent notamment les métiers en contact avec le public». De plus, cette dernière relève que le quart d’entre eux connaissent des longues journées de plus de 11 heures (contre 17 % de l’ensemble des salariés). La Dares précise que «ces contraintes sont caractéristiques du commerce et des professions permettant d’assurer la continuité du service public. Huit salariés de cette catégorie sur dix sont en contact avec le public». Ainsi, sont notamment concernés les métiers de services relationnels, comme les professions de la santé et du travail social, les employés de la fonction publique (essentiellement les policiers), les employés de commerce et de l’hôtellerie-restauration. Selon la Dares, ils connaissent de nombreuses contrainte organisationnelles comme «des contraintes de rythme, l’obligation de devoir toujours se dépêcher. Ils signalent plus souvent manquer d’autonomie et de moyens pour réaliser leur travail». De plus, « ils déclarent souvent des risques de blessure ou d’accident et sont plus souvent exposés à des agressions verbales ou physiques au cours de leur travail».

Par ailleurs, 10% des salariés travaillent selon des horaires atypiques de façon occasionnelle. Ils travaillent surtout en «semaines variables, avec des horaires alternants et matinaux».

Horaires flexibles pour les cadres

Cependant, près de 10 % des salariés, notamment des cadres, des professions intermédiaires et des hommes, ont des horaires «longs, flexibles mais peu contraints», selon la Dares. Revers de la médaille, ils subissent «l’emprise du travail sur le temps hors travail» ainsi qu’«une forte pression temporelle», souligne encore la Dares. Ils bénéficient par contre d’«importantes marges de manœuvre». Elle ajoute qu’ils «sont les plus nombreux à avoir des horaires quotidiens variables, des dépassements d’horaires fréquents, à être joints par leur entreprise hors de leur lieu de travail, à être soumis à des astreintes, à emmener du travail chez eux».

Enfin, la direction des études précise que 17,5 % des salariés, très majoritairement des femmes, travaillent à temps partiel, notamment dans le secteur tertiaire. La direction des études indique que «parmi ces salariés à temps partiel, un tiers d’entre eux déclarent souhaiter travailler davantage d’heures, et on peut les qualifier de salariés en «sousemploi» ou en «temps partiel subi». La Dares conclut que «chacun de ces types d’horaires est associé à des conditions de travail spécifiques».

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