Le bref retour du travail dominical

En peu de mots, Libération analyse, tout à fait pertinemment selon nous, le nouvel déboire du Gouvernement sur la question du travail du dimanche.

Fortement contesté à l’Assemblée, certains sénateurs avaient cru devoir, à l’invitation (sur l’ordre ?) de Xavier Bertrand, faire revenir par la fenêtre ce qui avait été refusé par la porte, médiocre combine faisant peu de cas du dialogue social, et, par delà, du citoyen.

Entre autre grâce à une mobilisation importante des élus de gauche et des organisations syndicales, les amendements « cavaliers » de MM. Pozzo di Borgo et Maurey (dans la droite ligne du fameux amendement Confokéa, dit amendement Debré, toujours pas abrogé malgré les engagements pris), ont été retirés par leurs auteurs.

Libération, 08/04/09

Empêtré dans l’impossible réforme du travail dominical, la majorité se prend encore les pieds dans le tapis. Deux sénateurs centristes, Hervé Maurey (Eure) et Yves Pozzo di Borgo (Paris), ont déposé des amendements au projet de loi sur le tourisme. Le premier préconise l’autorisation d’ouverture le dimanche pour tous les commerces situés en zones ou communes touristiques, le second vise à permettre le travail dominical dans «un périmètre d’usage de consommation exceptionnel» dans les villes de plus d’un million d’habitants.

En déposant ces amendements dans le cadre de l’examen d’un texte sur la relance de l’économie touristique discuté aujourd’hui, les centristes zélés espéraient offrir à la majorité une porte de sortie discrète. Le chef de l’UMP, Xavier Bertrand, n’avait-il pas suggéré, ce week-end, que la promesse présidentielle d’instaurer «la liberté» de travailler le dimanche pouvait être tenue par voie d’amendements ? Mais la voie ouverte par les sénateurs risque de finir en impasse. Car gouvernement et majorité UMP ont décidé de s’opposer aux deux amendements. Celui de Pozzo di Borgo a tout du «cavalier législatif». Sans aucun rapport avec le projet de loi, il risquait d’être invalidé par le Conseil constitutionnel. Quant à celui d’Hervé Maurey, il ne règle pas le problème principal, celui des zones commerciales qui travaillent déjà, mais illégalement, le dimanche. A l’Assemblée, le chef du groupe UMP Jean-François Copé a charitablement noté que les sénateurs n’avaient pas tort de «découper» la question du travail dominical en plusieurs sujets : nombre de dimanches ouvrables, zones commerciales, zones touristiques.

Les sénateurs du groupe communiste et du Parti de gauche ont prévenu qu’ils s’opposeront «avec vigueur» aux amendements centristes, «ces dogmatiques du libéralisme entendent précariser plus encore l’emploi». Cinq fédérations syndicales du commerce et des services – CGT, CFTC, CFDT, Sud et CFE-CGC – se sont élevées contre «ces amendements visant une nouvelle fois à faire du dimanche un jour comme les autres». François Sauvadet, chef de file des députés Nouveau Centre (NC) réclame, lui, «que l’on aborde le sujet courageusement, franchement, et pas seulement au détour d’un amendement». De quoi enterrer l’initiative de ses amis politiques.

Laisser un commentaire