Travail dominical : pas de discussion avant le printemps

Enterrement de première classe, ou léger différé ?

Entre M Fillon, assurant que le débat aura bien lieu, mais qu’il ne fait pas partie de ses priorités, Mme Brunei (député UMP 77) qui affirme que le débat aura lieu après la réforme des procédures législatives gènant le gouvernement (plus de 7000 amendements auraient été déposés !), MM Chatel et Karoutchi qui jurent que le gouvernement ne reculera pas, M. Copé, embarassé, qui devait en parler à M. Sarkozy, et M. Sarkozy lui même, qui s’est gardé d’aborder le sujet lors des voeux traditionnels aux parlementaires.

Le suspense reste entier…

Le Figaro – Sophie Huet et Charles Jaigu 07/01/2009

François Fillon assure que la discussion sur la proposition de loi Mallié aura bel et bien lieu.

L’Élysée y tenait mordicus. Et Nicolas Sarkozy en avait fait une «priorité absolue». Mais voilà, la réforme du travail dominical n’en finit pas d’être reportée. À l’Élysée on met en cause les quatre semaines perdues en décembre à cause de l’opposition qui a «mené une guerre d’amendements» contre la loi sur l’audiovisuel. L’Élysée n’apprécie guère ce report, mais jure qu’il n’est pas question d’enterrer ce texte ou de le renvoyer aux calendes grecques. «Nous le ferons», jure un collaborateur du président de la République. En tout cas, la proposition de loi très controversée de Richard Mallié (UMP) sur l’ouverture de certains magasins le dimanche ne figure plus à l’ordre du jour fixé mardi en conférence des présidents à l’Assemblée. Son examen devait reprendre le 15 janvier, mais l’annonce du dépôt de 7 400 amendements par le groupe socialiste a refroidi les ardeurs de l’exécutif. «On ne peut pas travailler de façon sereine compte tenu du contexte d’obstruction pratiqué par le PS», a reconnu mardi Jean-François Copé, le patron des députés UMP.

Le premier ministre François Fillon a bien précisé mardi, devant les députés UMP, que cette réforme, chère à Nicolas Sarkozy, n’était pas enterrée pour autant. «J’entends dire que le texte sur le travail du dimanche est reporté sine die. C’est faux. La discussion sera poursuivie. Mais on ne peut pas dire encore quand.» Vraisemblablement, le chef du gouvernement attend le vote de la loi organique et de la réforme du règlement intérieur qui imposera un «temps global» pour l’examen des textes, ce qui renverrait le débat sur le travail dominical au printemps prochain.

Bon nombre de députés UMP sont en tout cas soulagés : ceux qui ne voulaient pas entendre parler d’un texte susceptible de porter atteinte au repos dominical, tel Lionnel Luca, qui s’est exclamé mardi : «Je ne sais pas quand on trouvera le bon moment pour en parler !» Et ceux qui ont toujours considéré que face à la crise et à la montée du chômage, l’extension du travail dominical n’était plus une priorité.

«D’autres urgences»

Volontiers caustique, le villepiniste Hervé Mariton déclarait mardi : «Beaucoup de gens se disent que ce texte nous pose plus de problèmes qu’il n’apporte de solutions.» Autre villepiniste, François Goulard pense que cette décision de report a été prise au plus haut sommet de l’État «parce que les sondages montrent que face à la montée du chômage, l’ouverture du dimanche n’est pas populaire». Patrick Ollier, le président de la commission des affaires économiques, pense, lui, comme beaucoup de ses pairs, que «ce texte viendra en son temps» mais qu’il y a «d’autres urgences, comme la réforme hospitalière et le texte sur le logement». Pas mécontent de ce recul (provisoire ?) du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, le patron des députés PS, a une nouvelle fois réclamé mardi «le retrait complet» du texte, se demandant si ce nouveau report signifiait ou non «un enterrement de première classe».

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