Travail dominical : le texte de loi était ambigu

Nord Eclair, 17/01/09

Inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée le 15 janvier, la proposition de loi sur le travail dominical sera finalement étudiée après les textes sur le logement et l’hôpital. Pour Alain Flipo, vice-président de la chambre de commerce lilloise, ce report prouve que le sujet méritait plus de débats.

Dans la proposition de loi du député UMP Richard Mallié, il est envisagé des dérogations au travail dominical dans les grandes agglomérations touristiques de plus d’un million d’habitants, comme Lille. En tant que président de la commission Commerce et vice-président de la chambre de commerce et d’industrie Grand Lille, quel est votre avis sur ce dossier ?

>> En concertation avec mes collègues des chambres de commerce de Toulouse, Strasbourg, Nantes, Lyon, Bordeaux et Marseille Provence, nous avons pris position pour rappeler d’abord trois points. Que l’ouverture généralisée des commerces aura peu d’impact économique car dans l’état actuel, on n’obtiendrait qu’un report de consommation d’une journée sur l’autre : cette septième journée d’activité par semaine représente un accroissement de chiffre d’affaires estimé à 2 ou 3 % par le ministre Luc Chatel, et elle engendre par contre 14 % de charges supplémentaires pour les commerçants, qui se répercuteront soit sur la marge soit sur le prix au consommateur. Ensuite que les ouvertures supplémentaires seraient contradictoires avec le souci d’économie d’énergie et les derniers accords du Grenelle de l’environnement. Et puis il est important pour le lien social de garder un jour commun de repos.

Que vous inspire alors le report de l’examen de la proposition de loi sur le travail dominical à l’Assemblée nationale ?

>> Ce report est bien la preuve que le texte de loi était ambigu et que son élaboration aurait mérité plus de débat. Le gouvernement aurait été bien inspiré de discuter avant avec les syndicats, représentants du personnel et chambres consulaires, surtout quand on propose un texte provoquant un bouleversement majeur influant sur les conditions de travail des salariés. Le gouvernement aurait dû davantage jouer sur la concertation.

Aujourd’hui, il semble que le gouvernement permette au maire d’autoriser l’ouverture des magasins dans sa ville huit dimanches par an contre cinq actuellement. Cette mesure vous convient-elle ?

>> Oui car on en vient aujourd’hui à la proposition que nous faisions avec les six autres chambres de commerce, celle d’assouplir et d’aménager la loi actuelle en autorisant notamment l’ouverture des commerces deux dimanches supplémentaires en début de période de soldes, et avec l’ouverture également des commerces de bouche le dimanche jusqu’à 13 h. On est ici dans un bon consensus, pas dans un libéralisme à tout va, et on s’adapte ainsi à la demande du consommateur tout en faisant en sorte que cela corresponde à un vrai bénéfice pour le commerçant.

Pourquoi êtes-vous fondamentalement contre l’ouverture des commerces tous les dimanches ?

>> Parce qu’il faut préserver un jour pour des moments de convivialité et de vie familiale, privilégier un temps gratuit où chacun se pose, où les associations peuvent vivre. C’est essentiel dans une société où l’on constate la montée des égoïsmes. Face à la montée des égoïsmes, il faut préserver le dimanche pour un moment de convivialité et de vie familiale, un temps gratuit où chacun puisse se poser, c’est essentiel.

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