Marie-Françoise Clergeau, pour le dimanche

MF Clergeau, député de Loire Alantique, écrit à un pétitionnaire du CAD :

« Ce sont principalement les salariés aux revenus modestes qui vont être amenés à travailler le dimanche. Quant au chantage à l’emploi qui pourrait être exercé par certains employeurs, il sera impossible à contrôler. Ce n’est donc pas une liberté supplémentaire pour le salarié, loin de là.

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Cher Monsieur,

J’ai bien reçu le mail que vous m’avez adressé concernant le repos dominical et je vous en remercie. C’est avec intérêt que j’ai pris connaissance de votre point de vue contre le projet du gouvernement d’élargir la possibilité de travailler le dimanche.

Je tiens à vous dire que je partage pleinement vos réticences à l’extension du travail le dimanche. Il est important de rappeler que des dérogations existent déjà et répondent à certaines nécessités économiques notamment pour les zones touristiques et pour des périodes particulières comme Noël. A mon sens, ces exceptions répondent amplement aux besoins existants.

Faut-il aller au-delà et donc banaliser le travail le dimanche ? Je ne le pense pas. Contrairement aux propos du Ministre du travail ou du secrétaire d’Etat chargé de l’industrie et de la consommation, ce n’est pas une mesure à même de dynamiser notre économie. Le soutien à la croissance passe d’abord par une inflation maîtrisée et par une hausse du pouvoir d’achat. Qui peut croire que l’ouverture des commerces un jour de plus permettra de relancer la consommation des ménages ? Les Français ont un problème de pouvoir d’achat, ce n’est donc pas en ouvrant les commerces plus longtemps qu’on allonge leur budget ! Les Français savent pertinemment que ce n’est pas parce qu’on a davantage de temps pour consommer qu’on peut dépenser plus.

Quant aux entreprises elles-mêmes, les petits commerces et petites entreprises artisanales auront des difficultés à ouvrir tous les jours de la semaine. Bien souvent elles n’ont pas les moyens financiers et humains pour le faire. C’est en réalité une mesure qui favorisera les grandes entreprises, les grandes surfaces commerciales en particulier. Je ne suis donc pas favorable à une mesure qui une nouvelle fois viendra fragiliser les petits commerces de proximité qui ont un rôle important dans la vie des quartiers. Cette mesure serait ainsi contre-productive et génératrice de concurrence déloyale défavorable aux petits commerçants et artisans.

S’agissant de l’argument de la liberté pour le salarié de travailler davantage et notamment le dimanche pour gagner plus, c’est un faux argument. Effectivement, certains sondages annoncent que les salariés sont très majoritairement favorables à cette mesure. Evidemment, dans un contexte économique aussi difficile, promettre à des ménages de gagner un peu plus en travaillant le dimanche, c’est facile. Mais quand on demande à ces mêmes salariés s’ils accepteraient de travailler le dimanche si leur salaire de base était plus élevé : ils répondent aussitôt NON. Ce n’est pas par choix que certains salariés vont vouloir travailler le dimanche mais bien par contrainte économique.

Ce sont principalement les salariés aux revenus modestes qui vont être amenés à travailler le dimanche. Quant au chantage à l’emploi qui pourrait être exercé par certains employeurs, il sera impossible à contrôler. Ce n’est donc pas une liberté supplémentaire pour le salarié, loin de là.

Enfin, et c’est une raison majeure à mon opposition à cette mesure, il convient de préserver un jour non travaillé commun au maximum de personnes. Il en va de la vie familiale, de la vie associative et sportive. Le dimanche permet aux familles de se retrouver, de partager des moments importants, de s’investir au service des autres. Je souhaite que ce temps là soit préservé.

Vous l’aurez bien compris, je partage donc votre point de vue. La généralisation du travail le dimanche n’est ni une attente réelle des salariés, ni une réponse à la crise et elle peut s’avérer destructrice du lien social.

Vous pouvez compter sur mon opposition à une telle mesure.

Je vous prie de bien vouloir recevoir, Monsieur, mes respectueuses considérations.

Marie-Françoise Clergeau

Députée de Loire-Atlantique

11 Quai Turenne  44000 Nantes

http://http/deputes/gw-dep3/www.clergeau.net/

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