Le dimanche c'est sacré, pourquoi La Vie s'engage

APPEL AUX LECTEURS

Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction – publié le 04/12/2008

Faut-il permettre à « ceux qui le souhaitent » de travailler le dimanche pour« créer des emplois » ? 
Le gouvernement le pense, et soutient mordicus la proposition de loi déposée il y a quelques semaines par un député. 

Le 11 décembre, l’Assemblée nationale devra se prononcer sur cette libéralisation, qui suscite la contestation des Églises, des syndicats, de l’opposition et d’une partie importante des élus de la majorité.

L’efficacité économique de la mesure est vivement remise en cause par de nombreux experts. Le principe du doublement de salaire mis en avant par le gouvernement n’est en réalité pas garanti.

Et surtout, c’est la vision de la société qui est en cause. Depuis plusieurs millénaires, la civilisation judéo-chrétienne a inventé, défendu, maintenu, vaille que vaille, l’idée d’un shabbat, autrement dit d’un repos sacré. 

Ce repos a été inscrit dans la loi républicaine en 1906, dans une période pourtant fort anticléricale. 

Plusieurs évêques et cardinaux ont pris position contre le travail du dimanche, un sujet sur lequel le pape Jean Paul II s’était lui-même déjà prononcé. 

Ils l’ont fait au nom de l’homme et non au nom des intérêts de la religion ou de la défense de la messe dominicale.
C’est pourquoi La Vie soutient et publie l’appel au président de la République lancé par le père Patrice Gourrier lundi 1er décembre sur RMC.

C’est pourquoi, encore, nous avons décidé de publier une carte postale que vous pouvez envoyer à votre député(e) par la poste ou par mail à partir de notre site.

Vive le dimanche, temps de rencontre, de gratuité et de liberté !

POUR AGIR ET ÉCRIRE À VOTRE DÉPUTÉ(E)
• Par courrier 
Il suffit de découper notre carte postale ci-contre et de l’envoyer à l’adresse suivante : 
M. ou Mme X – inscrire le nom de votre député(e) – Assemblée nationale 126, rue de l’Université 75355 Paris 07 SP.

Pour trouver l’adresse mail de votre député(e), rendez-vous sur le site de l’Assemblée nationale : www.assemblee-nationale.fr/13/tribun/comm3.asp

Ils ont pris position

Une certaine lenteur assumée peut être légitimement préférée à la hâte, voire à cette course haletante qui est devenue notre lot commun. 
Le « toujours plus », dont procède cette envie d’effacer le dimanche, est évidemment un marché de dupes. Nous serons sans doute mieux armés pour en prendre conscience et déjouer le piège. Réapprenons la lenteur dominicale.
JEAN-CLAUDE GUILLEBAUD, ÉCRIVAIN, LA VIE, 22 OCTOBRE 2008

Il y a pour les chrétiens d’aujourd’hui un appel à rappeler de manière prophétique que « l’homme ne vit pas seulement de pain » (Luc 4, 4). 
En gardant au dimanche le sens de la célébration de la Résurrection, l’Église affirme sa volonté de permettre aux chrétiens la possibilité de le vivre dans des conditions favorables. Elle souhaite également rendre service à la société tout entière, pour qu’elle puisse trouver un chemin qui permette de rendre la vie humaine toujours plus humaine. 
CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE, LE DIMANCHE AU RISQUE DE LA VIE ACTUELLE, DOCUMENTS ÉPISCOPAT, FÉVRIER 2008
Le jour du Seigneur a rythmé l’histoire bimillénaire de l’Église. La célébration du dimanche chrétien, pour les significations qu’il évoque et les dimensions qu’il implique par rapport aux fondements mêmes de la loi, demeure un élément déterminant de l’identité chrétienne. Pour les chrétiens, il n’est pas normal que le dimanche, jour de fête et de joie, ne soit pas aussi un jour de repos, et il reste en toute hypothèse difficile de sanctifier le dimanche quand on ne dispose pas d’un temps libre suffisant. 
JEAN PAUL II, LETTRE APOSTOLIQUE SUR LA SANCTIFICATION DU DIMANCHE, 1998

Tout est « marchandisé », même le temps. Mais l’économie de marché ne doit pas oublier qu’elle est fondée sur l’économie du don. La mise en cause des temps sociaux comme le dimanche fait partie de cette dérive. Il faut donc tenter de reconquérir des espaces non marchands d’échange. 
Les gens, souvent dépossédés de leur propre vie, ont besoin de reprendre le pouvoir. 
PATRICK VIVERET, PHILOSOPHE, LA VIE, 6 NOVEMBRE 2008

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