Pierre Burban (UPA) : "Le travail le dimanche détruira les emplois du commerce de proximité"

Capital, 13/11/08

Travailler le dimanche provoque une levée de boucliers. Cette mesure pourrait pénaliser le commerce de proximité. Pierre Burban, secrétaire général de L’Union professionnelle artisanale veille au grain.

Capital.fr : Que pensez-vous de la volonté du gouvernement de limiter le travail dominical à certains lieux ?

Pierre Burban: Lorsque le Conseil économique et social a été saisi en 2007 sur le sujet, il préconisait de ne pas généraliser le travail le dimanche. Et il proposait de le délimiter à certaines zones touristiques et à certaines périodes de l’année. Les esprits commencent donc à évoluer en ce sens. Nous sommes donc d’accord sur cette annonce de Matignon.

Capital.fr : Le ministre du Travail, Xavier Bertrand souhaite définir de grandes zones d’attractivité commerciale comme l’Ile-de-France, les Bouches-du-Rhône avec Plan-de-Campagne…

Pierre Burban: C’est une généralisation déguisée du travail le dimanche. Les zones touristiques déjà concernées par des dérogations sont suffisantes. Le principe du repos dominical doit être conservé.

Capital.fr : L’assouplissement du travail le dimanche se ferait suivant deux principes: le volontariat et une rémunération doublée. N’est-ce pas une bonne chose ?

Pierre Burban:(Rires)….Le salarié qui refusera une fois, puis une seconde fois de travailler le dimanche se positionnera dans une situation délicate face à son employeur. Et doubler la rémunération n’est pas un élément pour justifier une banalisation du travail le dimanche.

Capital.fr : Travailler le dimanche doit permettre de créer des emplois selon le gouvernement. Cela se fera t-il au détriment des petits commerces ?

Pierre Burban: Cette idée de création d’emplois est contestable. Une généralisation du travail le dimanche profitera aux grands groupes de la distribution. Mais, elle détruira les emplois du commerce de proximité. En effet, à chiffre d’affaires égal, celui-ci emploie trois fois plus de personnel que les grandes surfaces.

Capital.fr : L’instauration de la loi Galland en 1996 avait provoqué une dégradation de l’emploi dans le commerce de proximité. Risque-t-on de vivre le même phénomène ?

Pierre Burban: Nous sommes plus sereins aujourd’hui. Mais nous allons rester très vigilants. Nous ne sommes plus dans la même situation qu’il y a treize ans avec le développement de la grande distribution. Le débat sur le travail le dimanche est archaïque et dépassé. Il va à l’inverse des objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement qui privilégie une économie de proximité. Celui-ci évoquait une économie de proximité. D’ailleurs, le chiffre d’affaires de la grande distribution se tasse car les Français adoptent de nouveaux comportements de consommation. Et, les grandes enseignes sont en train d’envisager des réimplantations en centre-ville avec des surfaces réduites.

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