Le jour du saigneur

Un billet d’opinion très engagé, mais intéressant, de Séb Musset. Bonne réflexion !

Seb Musset, mercredi 29 octobre 2008

Comme notre président nous a refait le sketch éculé de la «vendeuse du bon côté des Champs-Elysées » dans son soporifique discours des Ardennes (pour la relance de l’emploi) supposé étayer le bien fondé de sa volonté de faire travailler les plus pauvres le Dimanche, faisons le point sur le sujet :

Le travail le dimanche a beaucoup d’avantages (pour le gouvernement) :

– A la différence des Etats-Unis (où les magasins sont ouverts le dimanche depuis des dizaines d’années), La France épargne, beaucoup, trop au gout du marché. Cette épargne est intolérable pour notre gouvernement : Il lui faut mettre la main dessus. Le travail le dimanche est là pour ça. Dans une société où le pouvoir d’achat rapetisse à vue d’œil, avec son offre exceptionnelle d’une journée supplémentaire pour dépenser c’est, pour les plus fauchés, l’aubaine d’un endettement supplémentaire qui, à une carte près, les conduira directement au surendettement.

– Le travail le dimanche occupera les travailleurs les plus précaires. Cette solution à l’avantage de plaire à ceux qui ne travaillent pas (ou plus) et qui se déclarent favorables à ce que les autres, ceux qui travaillent, travaillent vraiment tout le temps. Je ne donne pas de nom, je ne cite pas d’âge : on va encore me tomber dessus.

– Le travail le dimanche comblera, comme à son habitude, l’ennui existentiel de l’occident, fatigué par la réduction de ses désirs à l’acte d’achat mais qui combat cette déprime, avec le seul pouvoir à sa disposition : En achetant encore plus. Du point de vue d’une élite qui n’a pas plus d’imagination que ceux qu’elle contraint : Pourquoi ne pas appliquer une recette qui gagne tous les autres jours de la semaine ?

– Face à la menace permanente de la crise (bien plus terrible qu’un Ben Laden ou un Dieudonné), sous le joug du terrorisme de la croissance coûte que coûte (puisque apparemment notre économie ne tolère même pas le ralentissement, alors la baisse pensez-vous…) voici le travail étendu au dernier sanctuaire de liberté sociale et intime : Le dimanche. Prochain stade : La mise en place dans un terminal de carte bleue dans vos rêves (on y arrivera probablement avant que l’homme ne retourne sur la lune).

On le voit donc, à l’inverse des discours pseudos progressistes du gouvernement qui, à base de sondages orientés, tentent de vous persuader que vous y trouverez « liberté », « épanouissement » et « pouvoir d’achat », le travail le dimanche n’arrangera rien à vos bidons. Il s’agit de court-circuiter l’ennui et une potentialité d’insurrection d’un peuple en mettant la main sur son épargne. Cette « modernisation » surfant sur un asservissement supplémentaire, favorisera pauvreté et frustration.

A la fin de cette journée culturelle en centre commercial avec la petite famille, parions que beaucoup auront encore la rage de ne pas pouvoir acheter plus.

Pour la version vidéo (disco style) :

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