Travail dominical: les Français très divisés

A Paris et à La Défense, les enseignes font du lobbying

«LES DISPOSITIFS actuels pour ouvrir le dimanche ? C’est comme l’orthographe, rétorque-t-on au sein du Comité Champs-Elysées, qui regroupe 95 % des enseignes de l’avenue. C’est une somme d’exceptions. Certains magasins ont le droit d’ouvrir, d’autres non. Et l’on ne comprend pas vraiment pourquoi.» Ce que l’on comprend très bien, en revanche, sur la plus belle avenue du monde, parcourue chaque année par 100 millions de visiteurs dont 70 % d’étrangers, c’est que certains touristes, comme les Chinois, ne viennent qu’une seule journée à Paris. Et parfois le dimanche … se retrouvant devant des magasins fermés.

30 % à 40 % du chiffre d’affaires

Du coup, l’association de commerçants a décidé de faire du lobbying auprès des politiques pour qu’une véritable loi soit votée, et que les boutiques situées dans des quartiers classés zones touristiques – il en existe sept à Paris – puissent ouvrir sans restriction. « Nous demandons au gouvernement de clarifier l’ouverture des commerces le dimanche, explique Jean-Noël Reinhardt, le président du Comité Champs-Elysées et de Virgin Megastore. Il est absurde qu’un touriste ne puisse trouver la diversité des produits qu’il espère acheter sur les Champs-Elysées : on ne peut demander à un Chinois ou à un Brésilien de revenir le lundi ! » Autre zone touristique parisienne mécontente : la rue des Francs- Bourgeois, en plein coeur du Marais, où les boutiques de vêtements affirment réaliser « 30 % à 40 % » de leur chiffre d’affaires le dimanche .. Elles n’hésitent pas à ouvrir même sans autorisation depuis plusieurs années, quitte à payer des amendes … pour tenter de faire bouger les choses. Dans ces zones touristiques, même des enseignes comme Monoprix sont en train de négocier discrètement avec la préfecture pour obtenir l’autorisation d’ouvrir. A la frontière de Paris, le quartier de La Défense a, lui, presque réussi son lobbying. Le site le plus visité des Hauts-de-Seine, avec un million de touristes dont 250 000 sur le toit de la Grande Arche, n’attend plus que la décision du préfet, avant la fin de l’année ou au début de l’année prochaine au plus tard, pour devenir une zone touristique. Ce classement permettra à certains magasins du centre commercial des Quatre-Temps,  récemment rénovés et qui accueillent 100 000 visiteurs chaque jour, et au Cnit, en cours de réhabilitation, d’ouvrir le dimanche. Mais, encore une fois, tous n’obtiendront pas les autorisations. Violette Lazard (avec Christine Henry)

 

Pages : 1 2 3 4 5 6

Laisser un commentaire