Sarkozy sans tabous

Nicolas Sarkozy a de grandes qualités, sans contestes. Pourtant, quand il parle du travail du dimanche, son argumentation, même épicée d’une gouaille boulevardière, se cantonne dans des arguments sans fondements.

En effet, il reprend pour une nouvelle fois la question anecdotique des Champs-Elysées (« De la nécessité de vendre plus de sacs Vuitton pour sortir de la crise »), qui relève davantage du sketche à répétitions que du sérieux. Pour le reste, il limite son argumentation à trois arguments : «  »c’est un jour de croissance en plus, c’est du pouvoir d’achat en plus, et les autres pays le font« , trois arguments qui ne sont étayés par … rien. Au contraire, les rares études publiées sur le sujet font état de conclusions contraires.

In fine, le Chef de l’Etat pose une question à laquelle il fait mine de ne pas savoir répondre : « Pourquoi continuer d’empêcher celui qui le veut de travailler le dimanche ? » Sans doute pour la même raison qu’il n’est pas souhaitable d’autoriser le travail des enfants, ou le travail de nuit, motif qu’un Etat soucieux de la protection des plus faibles n’aurait jamais oublié.

Les Echos 28/10/08

La proposition de loi UMP visant à étendre les dérogations au repos dominical doit être examiné par les parlementaires avant la fin de l’année.  

Nicolas Sarkozy a demandé mardi aux parlementaires de se saisir « maintenant » et « sans tabou » d’une proposition de loi « qui a été préparée » sur le travail dominical.

« Pourquoi continuer d’empêcher celui qui le veut de travailler le dimanche ?« , a lancé le chef de l’Etat à Rethel (Ardennes). « Une proposition de loi a été préparée. Il faut que les parlementaires acceptent maintenant de s’en saisir sans tabou« , a-t-il déclaré, dans une allusion à la proposition de loi du député UMP des Bouches-du-Rhône Richard Maillé, qui vise à étendre les dérogations au repos dominical. Le travail dominical, « c’est un jour de croissance en plus, c’est du pouvoir d’achat en plus, et les autres pays le font« , a argumenté Nicolas Sarkozy.

« Nous sommes le pays du monde qui reçoit le plus de touristes« . « Est-ce qu’il est normal (…) qu’on dise que tout doit être fermé le dimanche ?« , a demandé le chef de l’Etat. « Quand je vois des manifestations de salariés pour avoir l’autorisation de travailler le dimanche, parce que le dimanche on est payé double, je me dis : « Mais pourquoi on les empêche de le faire ? » » , a-t-il poursuivi. « J’étais l’autre jour dans le Nord. Quelqu’un me disait « M. Sarkozy, le dimanche on va tous en Belgique (…) parce que les magasins sont ouverts ». Voilà qui est malin !« , s’est exclamé le président de la République. « J’aime beaucoup les Belges, mais je les aime tellement que je préférerais que ça soit eux qui viennent dépenser leur argent chez nous, plutôt que nous qui allions dépenser notre argent chez eux !« , a-t-il lâché.

« Sur les Champs-Elysées, ils ont trouvé le moyen de mettre un trottoir touristique et un qui l’est pas. Il y a un trottoir où on a le doit d’être ouvert le dimanche et l’autre où on n’a pas le droit. Je vous assure, ça fait drôle quand on vient de l’étranger !« , a-t-il raillé. « Il faut quand même penser aussi aux familles qui ont le droit, les jours où elles ne travaillent pas, d’aller faire leurs courses dans des magasins qui sont ouverts, et pas systématiquement fermés, sur la base, naturellement, du volontariat« , a-t-il insisté. « Je vois bien que le dimanche est un jour de famille, que c’est un jour aussi où on peut aller à la messe » et « avoir toutes les (autres) activités », a-t-il toutefois admis, plaidant pour « la liberté de choisir« .

Joseph Thouvenel, secrétaire général adjoint de la CFTC, avait affirmé mi-octobre à l’AFP que « selon le Code du travail, les employeurs n’ont aucune obligation légale de payer plus le travail le dimanche et la majorité des gens ne sont pas payés plus ce jour-là« , prenant l’exemple des employés de cafés, hôtels, restaurants ou des journalistes. « Certains peuvent certes bénéficier d’un accord d’entreprise ou d’une convention collective » majorant leur travail ce jour-là, avait-il expliqué, mais ce n’est pas obligatoire.

La seule mention dans le Code du travail prévoyant un salaire majoré le dimanche concerne les établissements de commerce de détail, et prévoit 1/30e du salaire brut mensuel en plus, avait-il rappelé. (Source AFP)

Voir aussi : Sarkozy radote, sur Bakchich

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