Aux oubliettes, le repos dominical ?

Le Dauphiné Libéré, la rédaction, 28/10/08 Lucile AGERON

«Le dimanche, les gens sont plus tranquilles. C’est plus agréable et on est payés plus, alors pourquoi pas » explique Jérôme Souquet, employé à Botanic, à L’Isle d’Abeau. À l’image de Jérôme, de plus en plus d’employés sont amenés à travailler le dimanche. En Nord-Isère, la plupart des petits commerces alimentaires et près d’une dizaine de supermarchés sont ouverts le dimanche matin, comme la loi les y autorise. Faire plus de chiffre d’affaires ou relancer la croissance, les raisons invoquées pour justifier ces ouvertures sont nombreuses, mais ne font pas l’unanimité.

« J’ai choisi d’ouvrir car mon magasin connaissait des difficultés financières. On tourne avec un effectif minimum de six personnes, sur la base du volontariat. Cela nous permet d’ajouter une journée de chiffre. On est gagnant » assure Jean-François Charruaud, directeur du magasin Casino aux Avenières. Un discours également relayé par Laurent Diemunsch, directeur du magasin ED, à La Tour-du-Pin : « Nous sommes les seuls à ouvrir sur le secteur. Du coup, nous avons même conquis des gens « anti-discount » qui finalement, restent clients chez nous ».*

* on comprend facilement que quand les autres sont fermés, c’est facile de faire du chiffre (illégalement) – NDLR

« Les gens ne mangeront pas plus parce qu’on ouvre le dimanche »

Mais l’ouverture le dimanche reste un sujet sensible. Une majorité de magasins résiste encore. À Chanas, Intermarché n’a pas cédé à la nouvelle vague. « Et heureusement !, s’emporte Catherine Palisse, hôtesse d’accueil. Il y a une assez grande amplitude des horaires d’ouverture en semaine. Et de toute façon, les gens qui viennent le dimanche ne viendront pas après. On parle de la baisse du pouvoir d’achat, mais ce n’est pas parce qu’on ouvre 7 jours sur 7 que les gens achèteront plus ».

Car le problème reste, encore et toujours, le même : le porte-monnaie des Nord-Isérois n’est pas extensible. Alors, ouvrir le dimanche pour relancer la consommation, l’idée a du mal à convaincre.

Favoriser l’acte d’achat

« Si la concurrence ouvrait, nous n’aurions pas d’autre choix que de faire pareil. Mais pour le moment, nous respectons le repos dominical. La consommation ne va pas augmenter. Ce n’est pas parce qu’on ouvre le dimanche que les gens mangeront plus ! Dans les autres secteurs comme celui de l’ameublement, les gens iraient peut-être plus se promener et il y aurait peut-être plus d’achats d’impulsion » s’interroge Pierre Marmonier, directeur de l’hypermarché Leclerc, à Bourgoin-Jallieu.

Car, même si elle n’a pas forcément l’argent, la clientèle du dimanche a le sourire. Détendue et disponible, elle se laisse plus facilement tenter par les produits. Nicole Beaux, cliente à Botanic, témoigne : « Cela m’arrange de venir le dimanche car la semaine, je n’ai pas le temps de voir les nouveautés. On est moins précipité, et si j’ai un coup de coeur, j’achète ! ». Une aubaine pour le directeur, Jean-Claude Carvalho : « Nous avons une activité plus forte le dimanche que le samedi. Le travail du dimanche, c’est dans les moeurs même si je comprends que cela soit gênant pour ceux qui n’ont pas l’habitude ». Mais du côté des enseignes d’ameublement, ouverte cinq dimanches dans l’année par arrêté préfectoral, on reste sceptique sur le réel apport de ces ventes dominicales : « On vend bien la semaine alors je ne suis pas sûr que ça soit très rentable le week-end » analyse Laurent Chardon, directeur éponyme du magasin Chardon Laurent Cuisines, à Saint-Jean-de-Bournay. Même refrain auprès des enseignes de loisirs. Le repos dominical semble avoir encore quelques beaux jours devant lui…

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