La crèche de Chanteloup menacée de fermeture

L’aventure pour le moment anecdotique de la crèche de Chanteloup-les-vignes resitue bien la dimension sociétale de la question du travail dominical.

Voulons-nous, en effet, d’une société où la fonction éducative soit déléguée aux services publics, où la fonction productive soit assurée par une armée de salariés aux ordres de grands groupes internationaux, voire la fonction reproductive assumée par un pool de mères porteuses génétiquement contrôlées ?

Le travail du dimanche est bien un choix de société, dans lequel les considérations personnelles ne devraient pas intervenir, non plus que les difficultés économiques éventuelles, qui elles aussi, résultent de choix délibérés.

Un article du Parisien, 20/07/08


Cliché Le Parisien – Marie d’Ornellas

Après les commerces, la polémique sur l’ouverture dominicale touche les services publics. A Chanteloup, une crèche ouverte sept jours sur sept pourrait être contrainte à fermer le dimanche. Au grand dam de nombreuses mères de famille.

«BABY-LOUP, une crèche pas comme les autres. » Une devise qui risque de changer dans les semaines à venir. Ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, cette structure associative, implantée au coeur de la cité de la Noé, quartier sensible de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), pourrait bien être contrainte de fermer le dimanche… à moins d’obtenir une dérogation au repos dominical, comme n’importe quel commerce ou grande surface. La décision sera connue le 18 août.

Les soucis remontent au mois d’avril. L’association reçoit une visite de l’inspection du travail. Cette dernière décrète que Baby-Loup est une crèche et ne peut donc ouvrir ses portes le dimanche. « Nous avons été très surpris », affirme la directrice Natalia Baleato. En 2002, Baby-Loup avait adhéré à la Fédération des établissements hospitaliers et d’assistance privés à but non lucratif. « Cette convention collective avait pour nous valeur d’autorisation. C’est un malentendu, poursuit la responsable. Baby-Loup est un concept novateur et aucune codification n’existe. Or, la mentalité française considère que si ce n’est pas autorisé, c’est interdit. »

« A force de mettre des normes, on est dans l’énorme »

La directrice veut garder espoir. Le 29 mai, elle s’est ouverte de son problème à Fadela Amara, secrétaire d’Etat à la Politique de la ville, en visite à Chanteloup. « Elle a compris nos soucis. Si la décision est négative, je lui enverrai une lettre », assure Natalia Baleato.

Le maire Pierre Cardo (UMP) défend aussi cette structure, « véritable service public ». Mercredi, le conseil municipal a voté un avis favorable. « Il a fallu que j’interpelle trois ministères pour que les élus puissent simplement délibérer sur une demande de dérogation, indique l’édile. On ne veut pas que les enfants traînent n’importe où, mais on met des barrières en permanence aux structures innovantes. A force d’être dans les normes partout, on est dans l’énorme. » La préfecture des Yvelines, de son côté, assure que « si rien ne l’empêche, on peut l’autoriser ».

Quant aux parents, ils sont prêts à se mobiliser car les conséquences d’une fermeture dominicale seraient dramatiques. « Je serai obligée d’arrêter mon travail, ou du moins d’exercer à mi-temps et je ne peux me le permettre », s’inquiète Aurélie Gamby, lieutenant pénitentiaire, qui reflète la situation d’autres femmes, infirmières, femmes de ménage, vendeuses… « Les parents travaillent de plus en plus le dimanche. Les familles monoparentales (20 % des foyers à la cité de la Noé) augmentent aussi d’année en année, explique Natalia Baleato. Nous voulons offrir à leurs enfants une structure sécurisante. »

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