Ouverture dominicale en Suisse : les commerces visent Noël

La tribune de Genève, 17/6/08

Les grandes enseignes ont bien profité de l’autorisation d’ouvrir dimanche pendant l’Euro. Elles annoncent qu’elles veulent renouveler l’expérience. Clash en vue avec les syndicats.  

 


69Steeve Iuncker Gomez | Dimanche, Migros place du Cirque

Dimanche dernier au centre-ville, l’ambiance n’avait rien de morose.

Touristes, supporters et flâneurs ont afflué dans les Rues- Basses pour profiter des commerces exceptionnellement ouverts de 11 heures à 17 heures. Au point que les commerçants semblent vouloir multiplier ces ouvertures dominicales. Retour sur une journée qui pourrait changer les règles du commerce à Genève.

«Il y avait des étrangers, mais aussi des Genevois, rapporte Fabienne Gautier, présidente de la Fédération du commerce genevois (FCG). C’est un bilan positif et encourageant pour une première expérience.»

Boum dans les grandes enseignes

Pendant les trois semaines de l’Euro 2008, les magasins d’un périmètre bien défini avaient reçu l’autorisation d’élargir leurs horaires d’ouverture en semaine ainsi que d’accueillir les clients le dimanche 15 juin. Les quelques grands magasins qui ont profité de cette autorisation semblent ravis. «Nous avons eu du monde dès le matin jusqu’à la fermeture, se réjouit Laurent Baldacci, attaché de presse pour Manor. Les gens faisaient la queue à l’entrée du supermarché avant l’ouverture et le restaurant Manora était plein aux alentours de midi.» Les autres rayons de l’enseigne se félicitent aussi de la bonne fréquentation, comparable «à celle d’un samedi».

Selon les mêmes commerçants, le personnel ne s’est pas fait prier pour venir travailler un dimanche. «Ce travail dominical, explique Fabienne Gautier, est volontaire. Il est rémunéré à 200% pour les employés fixes du commerce et à 150% pour les étudiants.» Par ailleurs, Guy Vibourel, président du Trade-Club (regroupant des grandes enseignes comme Globus, Manor, Bon Génie et Migros), souligne que «dans certains commerces, différentes attentions étaient préparées à l’intention du personnel».

Du côté des petits commerces, cette autorisation n’a pas suscité l’enthousiasme. A la rue de la Corraterie, Fleuriot Fleurs et les boutiques de chaussures Pompes Funèbres et Pomp It Up sont restés fermés. «Les gens ne viennent pas acheter des chaussures le dimanche, note Olivier Marmillod, gérant de Pomp It Up. Pour nous, ce n’était pas intéressant d’ouvrir.»

Financièrement intéressant

D’autres ont tout de même tenté l’expérience. Chez Morgan, à la place de la Fusterie, les vendeuses confirment le grand nombre de passants qui ne sont pas devenus de réels clients. «Les restaurants et les terrasses étaient pleins, constate Gilbert Buzzano, propriétaire des boutiques d’accessoires éponymes. Mais peu de monde quittait un magasin avec un cornet.»

A priori, cette journée d’ouverture s’est avérée financièrement intéressante pour les grandes enseignes qui proposent notamment de quoi se ravitailler. Au point qu’elles souhaitent toutes renouveler l’expérience une ou deux fois juste avant Noël. «L’ouverture dominicale doit rester quelque chose d’exceptionnel, rassure Laurent Baldacci. En période de Fêtes, cela rendrait service à beaucoup de monde.»

Guy Vibourel espère «trouver un accord avec les syndicats pour renouveler l’expérience en décembre». A les entendre, le pari est loin d’être gagné.

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