Manifestants du Val d'Oise : il s'agissait bien de mercernaires

Manifestants du Val d’Oise : il s’agissait bien de mercernaires. Merci à M Bissuel d’avoir enquêté.

Les salariés du bricolage veulent aussi travailler le dimanche

Un article du Monde du 19/04/08

Elle a une hantise : perdre son job. Depuis cinq ans, Stéphanie Diene travaille au magasin Castorama d’Eragny (Val-d’Oise). Comme d’autres étudiants, cette jeune femme de 25 ans est employée exclusivement le dimanche. Sa fonction : « conseillère vente ». Son salaire : environ 500 euros net par mois. Elle a pris ce boulot d‘ »extra » pour « mettre un pied dans le monde du travail », payer sa scolarité dans l’enseignement supérieur et les « à-côtés » de la vie quotidienne.

Mais cette source de revenus risque de se tarir depuis que le tribunal de grande instance de Pontoise a ordonné, le 29 février, à trois « Casto » du Val-d’Oise de fermer le dimanche, à la suite d’un recours engagé par le syndicat FO. En Ile-de-France, la quasi-totalité des établissements de l’enseigne de bricolage sont ouverts ce jour-là. Contraire à la législation, cet usage parfois vieux de vingt ans a été condamné dans le Val-d’Oise (90 000 euros d’astreinte par dimanche ouvert pour les trois magasins concernés). Stéphanie a de la peine à admettre qu’elle ne puisse pas travailler à sa guise. Elle est même « en colère » contre « les syndicats » qui ont saisi les tribunaux : « Ils ne nous ont pas consultés. » Pour Stéphanie, « il faudrait que les politiques s’intéressent à (leur) cas » et que la loi soit modifiée. Une telle réforme correspond à l’attente de bien des clients, fait-elle aussi valoir.

Toutes ces raisons ont conduit des salariés de plusieurs enseignes (Leroy Merlin et Castorama, pour l’essentiel) à se rassembler devant la préfecture du Val-d’Oise, jeudi 17 avril à Cergy-Pontoise. Ils étaient environ 2 500, d’après le service de presse du préfet. Leur slogan : « On veut travailler le dimanche. »

UN COUP DE MAIN DE L’EMPLOYEUR

Pour Christian Debuire, responsable de l’Union départementale de FO, la spontanéité de ce mouvement est sujette à caution. De fait, les manifestants ont bénéficié d’un bon coup de main de leur employeur. « Chaque établissement a financé le déplacement de nos collaborateurs sur place », indique un porte-parole de Leroy Merlin. « C’est le CE qui paye », précise Yveline Collet, employée au magasin de Monsoult (Val-d’Oise). Le prix des casse-croûte aussi a été réglé par les enseignes. Mais « la motivation », l’initiative viennent de la base, souligne Fabien Tei, 24 ans. Lui aussi travaille le dimanche, au Leroy Merlin de Monsoult, pour « financer ses études » d’ingénieur informatique.

Les salariés favorables à l’ouverture dominicale ne sont pas tous des « extras ». Rattaché à plein temps au Leroy Merlin de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), Faouzi Boukhiba, 42 ans, apprécie de pouvoir « faire deux ou trois dimanches dans le mois » car son salaire est alors majoré. « Ça permet de financer les mensualités de notre emprunt pour le logement », dit-il. « Si on ferme le dimanche, le chiffre d’affaires risque de baisser », observe Gwen, 31 ans, employé au Leroy Merlin de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Or le montant des primes versées chaque trimestre aux salariés varie en fonction du niveau des ventes. Ces gratifications sont importantes pour Gwen, car elles atteignent parfois 1 000 euros, soit quasiment un mois de salaire.

Laisser un commentaire