Ouverture le dimanche : une librairie au tribunal

Samedi 22 mars 2008 | Le Parisien – Laurence Allezy

Force ouvrière n’attaque plus seulement les grandes enseignes. Hier, pour la première fois, un commerce indépendant était assigné.

Après Conforama, Castorama, Ikea, Darty, la Fnac et bien d’autres… c’est au tour du magasin le Grand Cercle d’Eragny de se retrouver à la barre du tribunal de grande instance de Pontoise. Hier matin, la direction de la neuvième plus grande librairie française était assignée devant le juge des référés par le syndicat Force ouvrière, qui proteste contre le travail dominical illégal.

Ayant épuisé les grandes enseignes du département, FOs’attaque cette fois à un indépendant. La librairie le GrandCercle dispose d’un seul magasin, installé dans le centre commercial Art-de-Vivre à Eragny et ouvert tous les dimanches de l’année depuis 1993. Une « particularité » largement évoquée lors de l’audience par Me Duret-Proux, l’avocate du magasin. « Il s’agit d’une enseigne familiale qui subit déjà la forte concurrence de la Fnac et de Cultura. Les pertes sont importantes sur 2007, près de 63 000 € », argumente l’avocate avant d’évoquer le licenciement « d’un tiers du personnel » en cas de fermeture dominicale. En 2001, la librairie s’était déjà retrouvée devant le tribunal pour des poursuites identiques. « L’infraction était constatée mais elle avait donné lieu à une dispense de peine. Les salariés ont toujours continué à travailler le dimanche et avec l’accord du comité d’entreprise », insiste Me Duret- Proux. Le volontariat des employés est lui aussi mis en avant dans le dossier : « Un référendum a été organisé au sein de l’entreprise : sur les 162 salariés, 144 ont voté pour. L’adhésion est totale. » Des arguments qui n’entravent pas la démarche de FO. « Il faut nous donner les moyens de stopper ce travail illégal du dimanche », réclame Me Lecourt, l’avocat du syndicat, en s’adressant à la présidente. Il dénonce notamment « le chantage au licenciement » fait par la direction aux salariés : « Celui-ci n’est pas valable juridiquement dès le moment où la direction est hors la loi… Aujourd’hui, le droit doit primer. »

Me Lecourt souhaite une « astreinte suffisamment dissuasive pour permettre le respect de la loi. Elle ne devrait pas aller en dessous de 10 000 € par dimanche ». Nouveau point contesté par la partie adversaire, qui a réclamé « un délai de grâce de six mois » pour permettre au Grand Cercle de se mettre en conformité. Le délibéré sera rendu le 18 avril.

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