Au Luxembourg, vigilance nécessaire

Un article de L’essentiel du 12/3

Six dimanches travaillés dans le commerce, c’est assez. C’est le message que fait passer le syndicat LCGB depuis dimanche et jusqu’au week-end prochain, avec un autocollant: «J’aime mon dimanche libre!» distribué aux vendeurs et clients.

La crainte: que le ministre des Classes moyennes, Fernand Boden, ne libéralise complètement le travail du dimanche: «Nous sommes vigilants, car l’an dernier, en septembre, il avait déjà autorisé que tous les dimanches jusqu’à Noël soient travaillés», commente Christian Welter du syndicat.

Que le LCGB ait donné son accord «il y a des années» aux six ouvertures dominicales n’est pas contradictoire avec leur action, selon eux. «Cela fait vivre les villes. Mais on veut un concept: juste ouvrir le dimanche ne suffit pas. Il faudrait aussi des animations». Pour le moment, une rencontre avec le ministre sur le sujet n’est pas prévue.

Complément : l’article du Quotidien, 13/03/2008

Le dimanche, jour de repos hebdomadaire, serait-il la pierre d’achoppement du dialogue social? Robert Weber, le patron du syndicat chrétien LCGB, tempère, malgré les propos échauffants de sa secrétaire syndicale en charge du secteur commerce. Le secrétaire syndical de l’autre syndicat représentatif national, l’OGBL, ne décolère pas non plus.
Jean Rhein

Finalement, l’OGBL a maintenu la position qu’il avait déjà adoptée en 2007 : un accord-cadre relatif aux prolongations des heures d’ouverture est inacceptable, aussi longtemps que le patronat se refuse à des négociations plus étendues.
Le LCGB s’oppose tout aussi énergiquement que son homologue, l’OGBL, à l’augmentation du nombre des dimanches d’ouverture des commerces au-delà de 6 par an. Par contre, le syndicat chrétien a signé, il y a quelques jours, une nouvelle fois pour l’année 2008, un accord-cadre instaurant un horaire d’ouverture prolongée jusqu’à 20 heures à l’occasion des veilles de trois jours fériés légaux (30 avril, 14 août et 31 octobre) et de six samedis par an. Cet accord est catégoriquement récusé par le premier syndicat dans le secteur.
De son côté, Robert Weber affirme qu’après les élections sociales, tout se normaliserait entre les syndicats. En fait, ce n’est pas seulement le dialogue de sourds entre les syndicats qu’il faut déplorer; dans le secteur du commerce, le dialogue social, c’est-à-dire le dialogue entre les partenaires sociaux, les entrepreneurs et les syndicats, est non seulement défaillant, mais quasiment inexistant.

D’ailleurs, les militants du syndicat chrétien n’ont pas respecté, ce dimanche, le jour de repos dominical. Les observateurs oranges ont distribué des milliers d’autocollants sympathisants avec le dimanche libre. Ils ont constaté que les commerces étaient boudés par les consommateurs à Luxembourg, alors que Trèves ne subissait pas le même sort. Les syndicalistes chrétiens concluent, à juste titre, que la stratégie commerciale pour le Luxembourg est dépourvue de tout concept.

Les efforts de la Confédération luxembourgeoise du commerce (clc) en vue d’ériger Luxembourg en capitale commerciale de la Grande Région, restent couronnés de (trop) peu de succès, jusqu’à présent. Par contre, l’approche et la critique syndicalistes sont mal acceptées par les dirigeants du commerce. S’estimant être les seuls maîtres à bord, ils dédaignent les négociations avec l’ensemble des syndicats, préférant des solos, avec l’un d’eux, profitant de semer la discorde du côté salarial.

Le gouvernement est sollicité pour faire respecter la loi. Le ministre du Travail, d’une part, et le ministre des Classes moyennes sont soumis à des pressions différentes.

François Biltgen semblerait s’inquiéter à propos des pratiques salariales de certaines entreprises du secteur commerce.

L’année passée, Fernand Boden avait cédé aux revendications du lobby des commerçants, en accordant généreusement des dérogations au régime des dimanches.

Robert Weber n’en démord pas : «Il y a des libéraux également au Parti chrétien social». Non pas qu’il viserait les détracteurs de l’Église. En tant que syndicaliste chrétien, aurait-il donc à s’attaquer également aux requins du mondialisme économique dans son propre parti, en premier lieu son ministre? Ou sont passés les représentants de la doctrine sociale de l’Église catholique prônant, contre vents et marées, l’écon0mie sociale de marché?

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