A Lambersart, les salariés de Match manifestent contre le travail du dimanche

L’histoire des supermarchés Match, bien connus dans la région de Lille, vient éclairer d’un jour cru les tenants du « volontariat du dimanche ». A Lambersart, l’ouverture du dimanche a été décidée sans consultation, au mépris de l’arrêté préfectoral. Proposée à 20%, la prime du dimanche a été – pour le moment – portée à 100%. Et le « discours officieux » reste lourd de menaces contre ceux qui ne seraient pas « volontaires »…

La Voix Eco du 4 mars 2008

Travail du dimanche : les employés de Match ne veulent pas perdre la partie

L’ouverture de leur magasin le dimanche, bon nombre de salariés de supermarchés Match de la métropole lilloise sont contre. Ils l’ont fait savoir, dimanche matin, en manifestant devant l’établissement de Lambersart. Les employés dénoncent des pressions et la mise en péril de leur vie de famille.


Manifestation à Lambsersart,
cliché ©La Voix Eco
 

Devant le supermarché de Lambersart, dimanche, deux événements : l’ouverture du magasin, habituellement fermé, et des salariés en colère, habituellement de repos. « Du jour au lendemain, ils ont décidé qu’ils allaient ouvrir le dimanche matin, explique Khaled Bouafia, gestionnaire commercial. Et ce, sans consulter le personnel. » Aux côtés des employés lambersartois, du personnel des magasins de Loos, Lille Halles, Villeneuve-d’Ascq et Marcq-en-Baroeul sont présents, puisque prochainement ou déjà concernés. Qualité de la vie de famille, problème de mode de garde des jeunes enfants, la suppression du jour de repos dominical est synonyme de contraintes, voire de sacrifices, même si les heures sont payées double. «  Il faut aussi savoir qu’ils ne respectent pas l’arrêté préfectoral qui les oblige à fermer une journée par semaine », poursuit Vincent Viaene, trésorier du comité d’entreprise (CE). « Il y a, en effet, un arrêté préfectoral, confirme Jean-Dominique Lavazais, responsable de la communication à la direction régionale. Nous le connaissons mais nous en contestons la validité. »

Volontariat obligatoire ?

Mais les griefs des employés ne s’arrêtent pas à la simple décision de l’ouverture. « On travaille sous pression en ce moment, sous la menace, confie Sabine Castelin, déléguée du personnel. Si on n’est pas volontaire, nos jours de repos risquent d’être changés, nos horaires modifiées. Il y a eu du harcèlement. » Et Philippe Fauquet, représentant du personnel du magasin de Marcq-en-Baroeul de préciser : «  On nous a dit que si on refusait de travailler le dimanche, ce serait considéré comme une faute grave qui entraînerait le licenciement. Bien évidement, ça, c’est le discours officieux… » Effectivement, à l’intérieur du magasin, changement de ton, plus détendu, pour le directeur, Olivier Deleplace. «  Je n’ai exercé de pression sur quiconque. Tous les gens qui sont à l’intérieur aujourd’hui sont volontaires, tout comme ceux qui sont dehors. » Christophe Dauchelle, boucher du supermarché, confirme : «  Au début, on nous a annoncé que les heures ne seraient payées que 20 % de plus et ça ne m’intéressait pas. Mais quand on a appris que ce serait 100 %…  » Massika, hôtesse de caisse, poursuit : «  Ça m’arrangeait de ne pas travailler le dimanche mais s’il faut le faire, on le fait. Je ne peux pas dire s’il y a eu des pressions. Ça ne m’est pas arrivé car j’ai été volontaire tout de suite. » Jean-Dominique Lavazais reprend : «  C’est sûr, on l’a proposé à tous les salariés. Mais, ça reste du commerce, si le salarié travaille contre sa volonté, ça transparaît au niveau de la clientèle. » Les clients, eux, ont un avis mitigé : «  Je reviens de vacances, on m’a dit que c’était ouvert et ça m’arrangeait. Il est certain que pour le personnel, c’est autre chose. Maintenant, je ne serai pas là dimanche prochain car j’ai un peu l’impression de faire une action assez lugubre ! » •

CAMILLE RAAD

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