Les Eglises protestantes et catholique s'opposent au travail le dimanche

Un article du journal LE MONDE | 18.12.07

Récusant toute tentation de défendre « des intérêts particuliers », le président de la Fédération des protestants de France (FPF), le pasteur Claude Baty, a choisi un ton volontairement décalé pour vilipender l’ouverture possible des commerces le dimanche. « La religion de la consommation serait-elle le culte officiel de la France laïque ? » s’interroge-t-il dans une tribune publiée sur le site Internet de la Fédération, le 13 décembre.

Claude Baty, Président de la Fédération des Protestants de France

La multiplication des autorisations d’ouverture de magasins le dimanche, confirmerait, selon lui, « l’affirmation sans complexe du culte de la consommation animé par sa prophétesse publicité (…). Le supermarché est devenu le lieu de la célébration par excellence, où le travailleur fatigué s’enivre de musiques et de lumières pour mieux sacrifier dans la joie ». Tout en rappelant que la Bible préconise des jours de repos et de fêtes, « pour célébrer Dieu », le pasteur souligne que ce temps doit être l’occasion de « réfléchir sur la finalité de son action ». « Pourquoi travailler plus ? Pourquoi gagner ? Pour qui ? Pour quelle vie ? » conclut-il.

Egalement opposé à cette évolution, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, l’avait dénoncée lors de la messe de rentrée des responsables politiques, en octobre.

Sans nier la nécessité pour les catholiques de « vivre leur religion (le dimanche) sans avoir à se livrer à des acrobaties pour gérer leur calendrier », Mgr Vingt-Trois, devenu président de la Conférence des évêques de France, insistait aussi sur la perte de valeurs induites par une telle décision. « Les enjeux d’équilibre humain dépassent les enjeux particuliers d’une religion (…). Comment espérer que les familles pourront remplir leur mission éducative si on les entraîne, ou pire, si on les accule, à une atomisation du temps vécu en commun ? s’interrogeait-il. Les nécessités de la vie devraient pouvoir être satisfaites le samedi sans qu’il soit nécessaire que tous les centres commerciaux soient ouverts le dimanche. »

Dans une critique larvée du « travailler plus pour gagner plus », cher au président de la République, Nicolas Sarkozy, le cardinal soulignait : « Les employés doivent pouvoir gagner leur juste salaire sans être acculés à des horaires qui vont déstructurer l’équilibre de leurs relations familiales. » Le conseil pour les questions familiales et sociales de la Conférence des évêques poursuit sa réflexion sur le sujet.

Stéphanie Le Bars

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