Zéro pointé pour la grande distribution

Un article paru dans l’Humanité du 4/10/07

Le commerce est l’un des plus mauvais élèves sur les conditions de travail. C’est la plus chaude des batailles actuelles sur les conditions de travail dans le commerce. Faut-il ou non autoriser l’ouverture des magasins le dimanche ? Depuis cet été, pro et anti ont encore resserré les rangs et multiplient les affrontements sur la question. La dernière offensive date de lundi : pour la première fois, les principales enseignes de la distribution du meuble en Île-de-France – Conforama, Ikea, But et Alinéa – sont collectivement montées au créneau pour exiger le droit de lever leur rideau le dimanche. « La fermeture dominicale représente une menace grave pour l’emploi, pour notre chiffre d’affaires et pour les habitudes des clients, a lancé Christophe Cuvilier, président de Conforama, le leader de l’ameublement en France. Nous demandons la suspension des actions menées à notre encontre et l’ouverture de négociations. » Des déclarations aussitôt dénoncées par les syndicats, en premier lieu par la CGT de Conforama. « Ces dirigeants manipulent leurs salariés avec l’arme du pouvoir d’achat et de l’emploi, et avec comme but la déréglementation du travail, à commencer par le Code du travail. » Mêmes réactions du côté de FO en la personne de son secrétaire général, Jean-Claude Mailly : « Si le travail le dimanche était libéralisé, les salariés ne seraient pas payés plus, c’est parce que c’est dérogatoire qu’ils le sont » ! Très mobilisé sur la question, FO multiplie les actions en justice afin de « protéger le droit au repos dominical pour les salariés d’un secteur déjà connu pour ses mauvaises conditions de travail ».

Gestes répétitifs, stress, horaires morcelés sur la journée et de plus en plus amplifiés, pénibilité physique, sous-effectif structurel, management très rude. Les sujets qui font du commerce et de la grande distribution des mauvais élèves ne manquent pas. À tel point que fin 2006, à la demande du patronat et des syndicats, une enquête sans précédent a été réalisée par 350 médecins du travail auprès de 5 000 salariés. En sont en particulier ressortis la forte prévalence des troubles musculo-squelettiques (avec une souffrance chez près de 85 % des sondés) et une importante « pression temporelle » (80 % des salariés disent devoir se dépêcher pour faire leur travail et ne peuvent pas faire des pauses quand ils le souhaitent). Si elle advenait, la banalisation des ouvertures dominicales rajouterait encore à ce constat critique.

Christelle Chabaud

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