Et si c'est mon choix, de travailler le dimanche ?

Les commentaires aux articles parus sur ce site sont souvent très intéressants.

L’un de ceux ci a été écrit par Maro, ce 6 octobre. Il est intéressant à deux titres.

D’abord, parce qu’elle fait état d’une objection qui n’est pas éludable, qui est celle qui concerne la situation particulière de certains salariés en condition précaire.

Ensuite, parce que Maro représente une situation emblématique : celle de ces salariés pris en otage par leurs employeurs, et que l’on retrouve, bouclier humain peu coûteux, dans des manifestations subventionnées de la grande distrib, éventuellement sous menace de chantage au chômage.

Maître Lecourt répond à Maro.

{xtypo_code}sur le lien Lire la suite : le message de Maro, la réponse de Maître Lecourt{/xtypo_code}

 

{xtypo_quote}pourquoi ne respectez vous pas le choix des employés
Ecrit par maro , octobre 06, 2007

je travaille le dimanche et c’est un choix!!! mon conjoint est au 3/8 et donc travaille 1 dimanche sur deux…( peut être peut on lui proposer d’arrêter de travailler le dimanche ..il chauffe les hôpitaux de Paris, je suis sure que les patients seront ravis)le fait de travailler le dimanche me permet d’être en repos en même temps que lui et donc d’améliorer ma vie familliale!!! De plus je suis payée double le dimanche, et je touche en plus une prime de 150€ de dédomagement..sans compter les primes qui sont fondées à 50% sur les bénéfices réalisés le dimanche,si mon enseigne ferme le dimanche c’est 60 supressions d’emploi et personnellement 30 à 40% de moin sur mon salaire…qui va payer mes factures les syndicats? j’en doute fort….Laissez le choix aux personnes qui veulent travailler le dimanche!!!
Réfléchissez un peu aux conséquences catastrophiques de vos actes…vous ferez subir aux employés une régression sociale au lieu de les aiders!!!

merci de porter attention à ce mot je ne suis pas le seule dans ce cas et vous allez détruire des vies…et la mienne en particulier {/xtypo_quote}

La réponse de Vincent.

Dis donc, ton patron, avant de t’engager  et de te faire travailler le dimanche, tu crois qu’il ne savait pas qu’il était dans l’illégalité ? Tu parles de 60 salariés au chômage, ce n’est donc pas une petite enseigne puisqu’Ikéa n’en projette que 30. Il ne peut donc certainement pas manquer de connaître la Loi.

En réalité, il ne peut pas te licencier. Il le sait. S’il prétend le contraire, lis les autres articles sur ce site et tu constateras qu’il est de mauvaise foi.

As tu seulement jamais tenté d’obtenir une augmentation ? Comme aux autres, il te dira sans doute que pour t’en sortir, tu peux travailler le dimanche… C’est ce qui se passe quand tu écoutes les salariés. C’est un marché de dupes.

Que se passera-t-il si le dimanche devient un jour comme les autres ? Tu as pensé à la salariée qui, à côté de toi, aura envie d’être avec ses gosses et à qui le tôlier demandera de venir ce jour là ? Si elle répond non, qu’est-ce qu’il dira tu crois ? Quand il s’agira de promouvoir deux salariés à compétences égales dont l’un travaille le dimanche et l’autre pas, qui choisira t-il, à ton avis ?

Et qu’est-ce que tu vas dire au salarié du petit commerce de meuble dont le patron ne pourra pas ouvrir le dimanche et qui finira par fermer ? Regarde ce qui se passe dans les centre villes où ils ferment les uns après les autres. Quand son salarié ou ses deux salariés iront pointer au chômage, tu leur diras, « ma vie est plus importante que la vôtre qui peut être détruite » ?

A terme, il n’y aura plus que quelques enseignes, les plus grosses disposant déjà de moyens énormes, de sites internet de vente en ligne. Elles finiront de laminer les petits commerçants.

Elles savent se retrouver pour faire front commun et certainement pas au profit de leurs salariés. Regarde bien les concurrents capables de s’organiser pour faire un appel commun au gouvernement.

Par contre, elles disent qu’elles sont incapables de se mettre d’accord pour fermer le dimanche, en attendant d’obtenir des autorisations régulières.

Tu ne trouves pas cela curieux qu’un patron maintienne le salaire de ses salariés pour lui permettre de manifester ? Essaie de faire grève pour une augmentation de salaire et on verra s’il accepte de te rémunérer ta journée.

Ne pas travailler le dimanche serait une régression sociale ? A te suivre, les congés payés aussi et puis la retraite. Tu ne crois pas que la flexibilité a des limites ? Tu ne penses pas que la consommation ne doit pas se faire au détriment des droits des salariés ?

Banalise le dimanche et comme la CGPME l’a indiqué, il s’agira d’une journée comme les autres, sans qu’il soit alors nécessaire de verser la moindre majoration. Il n’y aura plus de raison. Qu’auront alors gagné les salariés ? Essaie de ne pas voir uniquement à court terme.

Quel jour inviteras-tu ta famille à déjeuner, organiseras-tu le mariage de ta fille, te retrouveras-tu avec tes potes ? Quand pourras tu le faire ? Il y aura toujours un de tes proches au boulot.

Il existe d’autres solutions dont l’efficacité est démontrée dans les départements qui respectent la Loi : le repos dominical permet à la société de s’organiser et au consommateur de consommer sans avoir besoin de le faire sur le dos des salariés. Tu crois que les consommateurs n’ont ni table ni chaise ?

A la rentrée de l’année prochaine, les élèves de l’élémentaire n’auront plus cours le samedi et à leur suite les collégiens. L’objectif est de leur permettre d’être avec leurs parents. C’est paradoxal non ? Leurs parents seront au boulot.

A t-on seulement tenté de respecter la Loi en Région Parisienne ? Le faire contraindrait les consommateurs à s’organiser différemment. Cela ne les empêchera pas de s’acheter des tables, un canapé, une télé ou des chaises, comme c’est le cas en province.

Ce qui l’empêche aujourd’hui, c’est que les enseignes attendent d’être toutes condamnées pour fermer car sinon elles risquent de perdre leur clientèle au profit des autres enseignes, dixit Conforama. Elles savent de quoi elles parlent. C’est ce qu’elles ont fait aux petits commerçants en ouvrant le dimanche dès leur installation.

Elles disent vouloir ouvrir des négociations mais souhaitent en réalité que dans l’attente, elles puissent travailler le dimanche. Négocier sur quoi, on ne sait pas ? En réalité, elles veulent attendre une Loi qui vienne donner une prime à leur comportement illégal en continuant à travailler le dimanche en violation de la Loi.

Les syndicats, c’est l’inverse. Avant de négocier, ils souhaitent que tout le monde ferme le dimanche. L’objectif est de faire la démonstration que le repos dominical n’entrave en rien le commerce ou la consommation. La seule différence, c’est que les syndicats respectent la Loi alors que les grandes enseignes demandent à pouvoir la violer. Deux conceptions différentes de la société.

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