La CFTC Paris appelle au boycott

La CFTC Paris appelle à boycotter les grandes surfaces le dimanche 24 décembre

Pour la CFTC Paris, qui lance un boycott des grandes surfaces la veille de Noël, le repos dominical doit rester la règle. Entretien avec Joseph Thouvenel,secrétaire général adjoint de la CFTC, responsable de la CFTC Paris

 

La Croix : Pourquoi la CFTC Paris appelle-t-elle les consommateurs à boycotter les grandes surfaces le dimanche 24 ?

Joseph Thouvenel : D’abord, je voudrais préciser que c’est bien la CFTC Paris qui appelle à ce boycott. La confédération CFTC ne s’y est pas jointe formellement, parce que ses instances ne se réunissent qu’après les fêtes, mais elle s’est déjà prononcée plusieurs fois pour le repos dominical. En ce qui concerne le 24 décembre, même si Noël a un sens particulier pour les chrétiens, il s’agit pour nous de rappeler que, pour chacun, c’est une fête de famille. Or, en demandant à des salariés de travailler ce jour-là, on les empêche de se retrouver en famille.

Nous appelons donc les consommateurs à ignorer le matraquage commercial qui caractérise cette période pour faire un geste de solidarité : offrir aux salariés des grandes surfaces la possibilité de ne pas travailler en boycottant les achats dans ce type de magasins ce jour-là. Ce qui n’empêchera pas d’avoir des cadeaux au pied du sapin, car les gens peuvent faire leurs courses le samedi 23.

Nous visons les grandes surfaces, car, quand un grand magasin ouvre le dimanche, il prend des parts de marché aux petits commerces. Or, les petits commerces créent proportionnellement plus d’emplois qu’une grande surface. Il s’agit donc aussi de se protéger contre la destruction de centaines de milliers d’emplois.

Êtes-vous pour autant hostile à tout travail le dimanche ?

Bien sûr que non. Nous sommes d’accord avec ce que prévoit la loi, à savoir l’ouverture des commerces alimentaires ou des marchés le dimanche matin. Il existe aussi la possibilité pour les maires d’accorder cinq dimanches par an aux commerces non alimentaires.

En tant que syndicaliste, j’ai été amené à donner mon avis concernant certaines demandes de dérogations sur Paris.

J’ai émis un avis positif à une demande de la banque HSBC qui voulait pouvoir travailler le dimanche 31 pour régler des problèmes informatiques, en contrepartie d’une rémunération supplémentaire accordée aux salariés.

En revanche, j’ai refusé la demande d’un sous-traitant de Peugeot sur les Champs-Élysées, parce qu’il n’accordait qu’une prime de 0,85 € par heure travaillée le dimanche. Il faut donc que ce soit légal et que le choix du salarié de travailler ou pas soit véritablement libre et non dicté par l’absolue nécessité de gagner plus.

Dans la grande distribution, où le salaire moyen, avec les temps partiels, est de 700 € par mois, cette condition ne me paraît pas remplie. Ce qu’on observe, c’est que, dans les professions où ces deux critères sont satisfaits, comme chez les médecins libéraux, très peu choisissent de travailler le dimanche.

Seriez-vous d’accord pour envisager des évolutions législatives ?

D’abord, il faut que les magasins qui ouvrent le dimanche en toute illégalité soient plus sévèrement sanctionnés. La loi prévoit des amendes de 1 500 € par salarié illégalement employé le dimanche. Pour des magasins comme Ikea, qui font des chiffres d’affaires énormes ces jours-là, ce n’est pas dissuasif. Nous souhaitons des amendes proportionnelles au chiffre d’affaires réalisé.

Ensuite, on peut éventuellement se poser la question de l’évolution de la loi. Mais il s’agit d’un vrai débat de société.

La question est de savoir s’il existe un temps où la vie économique peut être mise entre parenthèses pour permettre une vie personnelle, familiale, associative ou spirituelle. Pour nous, la réponse est oui, et ce jour est naturellement le dimanche.

Recueilli par Nathalie BIRCHEM


Le communiqué de presse de l’UD CFTC PARIS

 

Union Départementale
CFTC PARIS

Communiqué de presse

 

La veille de Noël,

ça peut être un dimanche !

  

La CFTC PARIS appelle tous les consommateurs à préparer leur réveillon en s’approvisionnant le dimanche matin sur les marchés traditionnels, marchés de Noël et chez les petits commerçants de proximité, afin que tous bénéficient de leur après-midi pour préparer le réveillon.

 La CFTC rappelle que faire échec à l’ouverture des grandes surfaces le dimanche, c’est permettre un temps pour les activités familiales, personnelles, associatives et spirituelles : 

  • C’est empêcher la perte de plusieurs centaines de milliers d’emplois dans le petit commerce ;
  • C’est préserver la diversité des sources d’approvisionnement, chacun aura, par exemple, remarqué qu’au fur et à mesure que disparaissent les libraires de quartiers, les maisons d’édition indépendantes ferment leurs portes, faute de réseau de distribution.

Pour la CFTC, le repos dominical ne doit pas être un choix de boutiquier mais un choix de société. Au-delà du matraquage publicitaire, demandons-nous si « le bien commun » ne mérite pas un effort même minime, afin de réfréner des mécanismes économiques aveugles ou des désirs de consommation immédiats, pour laisser s’épanouir la vie familiale, les liens sociaux et la vie spirituelle.

Et oui, la veille de Noël peut aussi être un dimanche…..

 

Paris, le 18 décembre 2006.

Contact :            Joseph THOUVENEL 06.80.06.55.54

8 boulevard Berthier
75017 PARIS
01.44.85.22.22

Secrétariat : v.tanguy@cftc-paris.fr

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