Sarkozy : test libéral réussi !

“Sarkozy : test libéral réussi ! […] nous avions fait de la liberté de travailler le dimanche un test libéral : test réussi puisque Nicolas Sarkozy veut que le travail du dimanche soit rendu possible pour les salariés qui le souhaitent.”

C’est de ce cri triomphant que “la lettre des libéraux” (http://www.cerclesliberaux.com/) salue le discours d’Agen (22/6/2006) de Nicolas Sarkozyzy, qui s’engage en effet, en excellent démocrate, pour le travail du dimanche – donc contre les 88% de français qui sont contre.

Nous livrons tout entier ce discours, dont certains passages ont un parfum gaullien qui, ma foi, n’est pas désagréable à entendre à certaines oreilles nostalgiques. Mais il n’est pas impossible que les intentions du petit Nicolas soient (encore) moins pures que celles du grand Charles ! Pour ceux que la lecture de cette prose irriterait, nous avons eu l’amabilité de surligner le passage qui nous intéresse, et où il parle du travail du dimanche.

Nicolas Sarkozy,
Président de l’Union pour un Mouvement Populaire (PMU)

Pour la France du travail
AGEN – jeudi 22 juin 2006

Chers amis,

Je veux vous dire ma joie de vous retrouver ce soir dans cette région si riche d’histoire et de traditions, où le bonheur de vivre l’a toujours emporté sur les malheurs du temps, où l’esprit de renoncement s’est tant de fois brisé sur l’indomptable caractère de la vieille Guyenne et de l’antique Gascogne, où la fierté d’être Français ne s’est jamais démentie, où les rugbymen sont des héros.

En un temps où le sentiment d’appartenance à la Nation s’effrite, où la tentation du communautarisme menace d’enfermer chacun dans ses origines, sa religion et sa couleur de peau ; en un temps où la mémoire collective se rétrécit, où le patriotisme est dénigré, il est bon de rappeler combien cette région a compté dans la formation de notre unité nationale. Elle a été au cœur de toutes les grandes tragédies à travers lesquelles la France est devenue ce qu’elle est : de la guerre de Cent Ans aux guerres de religions, de la croisade des Albigeois à la Révolution française, du coup d’Etat du 2 décembre à la Résistance antinazie !

Elle s’est forgée une forte identité faite, à l’image de la France elle-même, d’une multitude d’apports successifs qui se sont mélangés de siècle en siècle les uns aux autres.

Les habitants d’Aquitaine sont venus du Nord, de la Bretagne, de la Vendée, du Massif Central, mais aussi de l’Angleterre, de l’Espagne, de l’Italie.

Travailleurs venus combler les vides des campagnes, cathares et protestants fuyant l’intolérance religieuse, républicains espagnols pourchassés par les franquistes, antifascistes italiens persécutés par Mussolini, rapatriés d’Algérie qui avaient tout perdu, harkis avec lesquels la France fut si ingrate, tous trouvèrent ici une terre d’asile où la passion de la liberté se conjuguait avec celle de la fraternité.

Cette région n’a pas donné à la France que le sang de ses enfants tombés dans toutes les guerres.

Sans les cadets de Gascogne je sais que notre histoire nationale n’aurait pas été la même.

Sans la protection que trouvèrent à Nérac auprès de Marguerite d’Angoulême, de Jeanne d’Albret ou de la reine Margot tant d’esprits libres et d’humanistes, la culture française n’aurait pas été aussi libre.

Sans cette générosité, cet amour de la vie et cet esprit de tolérance qui sont les traits de caractère que cette région s’est forgés dans les drames du passé, l’identité française ne serait pas aussi marquée. Et que dire de notre conscience nationale sans la grande figure d’Henri IV qui domine ici toutes les autres, et que l’Edit de Nantes a consacré comme le plus beau symbole de notre unité nationale ?

Oui votre région a trop vécu au rythme de l’histoire de France pour ne pas mesurer l’importance de ce qui va se jouer dans quelques mois pour la France.

J’ai reçu une lettre bien émouvante d’une vieille dame de 87 ans qui m’écrit de Marmande : « Pour la première fois je m’engage dans un parti politique. Tout devient si confus et désespérant pour l’avenir. Mon mari a fait partie de la Résistance (…) Je l’ai aidé de mon mieux. Je me suis consacrée à l’aide des Espagnols chassés de leur pays par un tyran et si peu aidés par la République. J’ai caché des personnes recherchées, j’ai aidé les réfugiés belges et ensuite ceux du mur de l’Atlantique (…) ». Que veut-elle ? Simplement la reconnaissance pour les supplétifs indochinois et pour les harkis qui ont tout perdu pour aider la France. Elle a raison. Cette reconnaissance est un droit. Je me battrai pour ce droit.

Et une autre dame, qui a dû quitter sa maison et son village parce qu’elle n’avait plus les moyens d’entretenir sa toiture, m’a écrit d’Agen : « J’ai la nostalgie du temps où on parlait avec le cœur (…) dans ce monde bouleversé où nous vivons, mes peines et mes douleurs je les offre pour la réussite de la France ».

Cette dame parle d’un temps où souffrir pour la France était une noblesse. J’ai la nostalgie de cette noblesse lorsque j’entends siffler la Marseillaise.

Ces deux femmes sont les visages d’une France qui n’a jamais rien demandé pour elle-même et qui a toujours vécu avec le sentiment qu’elle n’avait au fond que des devoirs. Elles sont les visages d’une France qui a toujours placé au-dessus de tout le sens de l’effort, et la fierté de ne devoir qu’à soi-même le peu que l’on possédait.

Je sais qu’on ne fait pas une politique avec de la nostalgie. Il n’y a rien de pire que de chercher à ressusciter un âge d’or qui n’existera plus si tant est qu’il ait jamais vécu.

On sait où nous ont menés dans le passé l’idéologie de la « terre qui ne ment pas » et l’apologie des anciennes sociétés provinciales, étriquées, repliées sur elles-mêmes et dominées par les notables. Et l’étudiant de mai 68 qui n’avait jamais travaillé de sa vie ne rêvait en fait de retour à la terre que parce qu’il n’avait aucune idée de ce que le travail d’agriculteur exigeait de peine et de sacrifice.

Il ne faut pas croire que la vie d’avant était plus facile. Elle était souvent plus cruelle. Mais les ouvriers qui ne connaissaient pas les congés payés et qui mouraient avant d’atteindre l’âge de la retraite, les paysans que les cycles de la nature laissaient sans repos, les mères de famille qui s’écorchaient les mains sur les lavoirs, les enfants qu’on envoyait à douze ans travailler à la ferme ou à l’usine, étaient portés par l’espérance que demain serait mieux qu’hier et que les fils vivraient plus heureux que les pères. Cette espérance avait un nom : elle s’appelait le progrès. Le progrès et l’avenir sont deux idées dont les liens étaient indissociables.

A la Révolution Saint-Just avait proclamé que le bonheur était une idée neuve en Europe ! Le siècle des Lumières avait accouché d’une foi nouvelle dans l’avenir et dans le genre humain, qui se révéla longtemps plus forte que la misère, la guerre et l’injustice.

Trente ans de crise économique, sociale, morale ont eu raison de cette foi. On ne peut plus croire au bonheur quand on a peur de tout, de l’avenir, des autres, du voisin, de soi-même. Quand les parents craignent leurs enfants, quand les professeurs redoutent leurs élèves, quand les jeunes se méfient du monde des adultes, quand chacun est effrayé de voir dans l
a vieillesse la promesse de son déclin futur, quand l’homme devient plus violent que l’animal. Quant la société est aspirée par cette violence primitive, alors la France va mal.

C’est ce que ressent la vieille dame qui ne reconnaît plus le pays qu’elle a tant aimé.
C’est ce que pressentent trop de Français. C’est ce qui accable tous ceux qui dans le monde attendent de la France qu’elle incarne un idéal de progrès, de liberté et de fraternité.

Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas voir, pour ne pas entendre le mal-être des Français.
Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas voir, pour ne pas entendre la déception et la tristesse de tous les peuples qui ont besoin de la France pour continuer d’espérer dans la justice et dans la paix, et qui aujourd’hui s’inquiètent de la voir hésiter.

La France doute.

Les symptômes de son mal ont pour noms : pauvreté, exclusion, précarité, insécurité… Ce mal est dans les têtes, il s’appelle : angoisse, frustration, démoralisation, découragement, désespérance.

Ce mal est autour de nous.
Il se voit.

Il se voit sur les trottoirs de nos villes où s’installent ceux qui n’ont plus de domicile. Il se voit dans les restaurants du cœur et les banques alimentaires où se précipitent ceux qui n’ont plus les moyens de se nourrir. Il se voit dans les commissions de surendettement, aux guichets du RMI, dans les centres médico-sociaux. Il se voit dans le désarroi d’une partie de la jeunesse.

Qui ne voit ce changement si révélateur ? Avant les pauvres étaient des vieux. Maintenant ce sont des jeunes qui sont venus s’additionner aux plus anciens.

Il y a une France, qui ne s’en sort pas, qui vit la précarité au quotidien, qui ne peut pas faire de projets d’avenir.

Je veux m’adresser à cette France qui souffre dont tout le monde parle mais à laquelle pourtant on ne parle pas.

Je veux m’adresser à ce jeune titulaire d’une licence qui enchaîne les stages et les petits boulots, à ce fils d’immigré qui malgré ses diplômes ne trouve pas à se faire embaucher, à ce débutant auquel on demande une expérience qu’il n’aura jamais si on ne lui donne pas sa première chance, à ce chômeur de 50 ans qui sait qu’il ne retrouvera pas d’emploi.

Je veux m’adresser à celui qui a quitté l’école sans aucune formation et qui n’en peut plus de dépendre de ses parents parce qu’il n’a pas les moyens de se loger, à ce chômeur de longue durée qui vit des minima sociaux, qui se sent humilié de ne pas pouvoir gagner sa vie du fruit de son travail et qui a la rage au cœur de ne pas avoir les moyens de payer des vacances à ses enfants.

Je veux parler à tous ces malheureux, mais je veux dire que la souffrance et la dureté de la vie ne se limitent pas à eux.

Je veux parler d’une autre souffrance, bien réelle, qui ne doit pas être sous-estimée : celle de la France qui n’est pas dans la précarité, qui se lève tôt, qui travaille dur, qui se donne du mal pour nourrir sa famille et élever ses enfants, qui elle aussi je l’affirme est à la peine, et qui entend qu’on le sache et qu’on réponde à son appel.

Sur fond de chômage de masse, de mondialisation, d’efforts acharnés de productivité et de prélèvements sur le travail sans cesse accrus pour régler la facture toujours plus lourde de la fracture sociale, depuis 25 ans la vérité est qu’on demande à cette France qui travaille toujours plus de sacrifices.

Je veux m’adresser à cette France qui n’en peut plus de faire des efforts et dont on ne parle que pour la culpabiliser.

En 25 ans le pouvoir d’achat des salaires n’a en moyenne presque pas augmenté alors que le niveau de qualification n’a pas cessé de s’élever ! Et tout le monde sait bien que la réalité est pire, et qu’en vingt cinq ans la France qui vit de son travail a subi une chute de son niveau de vie, qu’elle a plus de mal à joindre les deux bouts, plus de mal à se loger.

Pour habiter un logement de la même surface dans le même quartier les jeunes générations doivent travailler aujourd’hui deux fois plus longtemps que leurs parents pour le louer et trois fois plus pour l’acheter !

Je veux m’adresser à l’habitant de la commune rurale qui ne peut rien faire sans sa voiture car les transports en commun n’existent pas, à l’ouvrier qui doit aller travailler à 20 kilomètres de chez lui et qui dépense un quart de son salaire en transport, qui regardent avec inquiétude la hausse du prix de l’essence.

Je veux m’adresser au petit commerçant qui voit chuter la valeur de son fonds de commerce parce que les usines ferment et au paysan qui voit baisser le prix des terres agricoles parce que les cours s’effondrent et qui sont saisis d’angoisse quand ils se demandent comment ils vont pouvoir s’assurer une retraite décente.

Je veux m’adresser à cette mère de famille qui élève seule ses enfants en cumulant plusieurs emplois à temps partiel et qui malgré toute sa volonté ne s’en sort pas.

Il y a en France 3 millions et demi de travailleurs qui gagnent moins que le SMIC et qui ne demandent pour la plupart qu’à travailler plus. Il y a en France plus de travailleurs pauvres que de RMIstes.

Il y a en France 1 million six cent mille parents qui élèvent seuls leurs enfants avec un seul salaire et qui sont confrontés à des problèmes quotidiens souvent insolubles.

Il y a en France un million de salariés qui sont obligés de jongler avec plusieurs employeurs en même temps pour gagner parfois à peine de quoi vivre.

Il y a une France qui voudrait travailler pour gagner sa vie et qui ne trouve pas de travail. Et il y a une France qui travaille de plus en plus dur et qui ne se sent pas payée de retour.

Mais je veux m’adresser aussi à ce salarié qui veut travailler plus pour gagner plus parce qu’il vient d’avoir un enfant et qui se heurte au mur des 35 heures.

Je veux m’adresser à ce cadre qui sert de variable d’ajustement dans la valse incessante des restructurations, dont le statut professionnel a tendance à se diluer dans les nouvelles formes d’organisation du travail, à cet ingénieur qui n’est plus à l’abri du licenciement économique et qui a peur, s’il venait à être au chômage, d’avoir à affronter le regard des autres, de sa famille, de ses enfants.

Mais je veux m’adresser aussi à ce jeune diplômé encore célibataire qui n’a peur de rien, qui travaille sans compter son temps, qui n’aspire qu’à travailler encore plus et à prendre davantage de responsabilités et qui a le sentiment que tout est fait pour l’empêcher d’avancer, à cet entrepreneur qui a créé sa petite entreprise et qu’on écarte systématiquement des appels d’offre parce qu’il n’a pas de référence et qu’on ne lui donne jamais l’occasion de faire ses preuves.

Je veux m’adresser à ce fonctionnaire qui vit mal la paupérisation de l’Etat et la dégradation de son statut social et qui sait que malgré ses efforts, il ne sera pas récompensé puisque tout le monde s’en moque.

Toutes ces France en vérité n’en forment qu’une. En chacun d’entre nous, dans chacune de nos familles, à différents moments de notre vie, dans nos aspirations contradictoires, nous appartenons à la France qui perd et à celle qui gagne, à la France qui travaille beaucoup et à celle qui ne travaille pas assez. A celle des propriétaires et à celle des travailleurs. Nos destins, nos souffrances, nos réussites sont entremêlés.

Quand, au cours des dix dernières années, pas loin d’un Français sur trois a connu le chômage, quand au cours des deux dernières années un ménage sur quatre en âge de travailler a fait au moins une fois l’expérience du chômage, plus personne ne se sent à l’abri. Même le fonctionnaire qui a peur pour ses enfants.

Quand la France qui travaille va mal, la France du chômage et
de l’exclusion s’enfonce un peu plus. Quand la France du chômage et de l’exclusion s’étend, la France du travail paye plus de charges et se sent davantage hantée par la peur d’être touchée à son tour. Quand l’ouvrier s’inquiète de la délocalisation des usines, les salariés du tertiaire savent bien que l’administration, la conception, la recherche et les services aux entreprises finiront par suivre. Et quand la rémunération du travail s’effondre pendant que la rémunération de la propriété explose c’est une forme d’euthanasie sociale qui se met en route dans laquelle la propriété finira par tout perdre.

A l’angoisse de l’exclusion qui étreint la classe populaire répond l’angoisse du déclassement qui hante la classe moyenne.

La fracture sociale s’est transformée en désintégration sociale.

Comment s’étonner que toute la société se raidisse, que chacun soit tenté de se replier sur lui-même ? Comment s’étonner que les solidarités ethniques et religieuses s’engouffrent dans le vide laissé par le délitement du lien social ?

Comment s’étonner que ce qui peut apparaître comme l’échec de l’idéal républicain ouvre la voie à des valeurs qui sont tout le contraire des valeurs de la République ?

Comment s’étonner de ce front du refus qui unit désormais les classes moyennes aux classes populaires ? C’est l’expression, de la part d’un nombre de plus en plus grand de Français, d’une liberté dont ils ont le sentiment qu’elle ne peut plus se manifester qu’en disant « non ».

Comment s’étonner que tant de jeunes soient tentés par l’expatriation ou rêvent à haute voix de devenir fonctionnaires ? C’est l’expression de l’angoisse d’une jeunesse qui ne demande qu’à espérer et qui a le sentiment qu’on lui vole son avenir.

Il faut dire que depuis 25 ans tout est fait pour déprécier l’effort, pour dénigrer le mérite.

Depuis 25 ans, une gauche qui n’a plus rien à voir avec celle de Jaurès et de Blum qui connaissait la valeur du travail, et une droite qui a fini par avoir honte de ne pas être la gauche, dévaluent économiquement et moralement le travail.

Depuis 25 ans on met en accusation la France qui travaille, on veut la culpabiliser, la rendre responsable de la pauvreté, de l’exclusion, du chômage.

On s’obstine à opposer les inclus aux exclus, ceux qui ont un emploi à ceux qui sont au chômage, ceux qui sont protégés par un statut à ceux qui vivent dans l’insécurité du travail. On oppose l’ancienne économie à la nouvelle, on oppose le territoire au territoire, le quartier au quartier, le citoyen au citoyen.

Au fond, depuis 25 ans, on fait une politique qui se résume tout entière à prendre aux uns pour donner aux autres, à pénaliser les uns pour favoriser les autres, à déshabiller Pierre pour habiller Paul.

On ponctionne les classes moyennes soi-disant pour aider les pauvres.

On freine les salaires soi-disant pour aider les chômeurs à retrouver un emploi.

On invente les 35 heures soi-disant pour partager le travail plus équitablement.

On taxe le travail soi-disant parce que c’est plus juste que de taxer la consommation.

On incite les vieux à sortir du marché du travail soi-disant pour favoriser l’emploi des jeunes.

On crée des ZEP soi-disant pour réduire les inégalités.

On met en œuvre des politiques de monnaie forte et de surévaluation du change qui profitent à la rente et pénalisent l’activité, au motif de la protection du pouvoir d’achat.

Depuis 25 ans on se contente de gérer le sous emploi et d’essayer à grands frais de rendre supportables des inégalités qu’on a renoncé à combattre.

On s’enferme dans la logique exclusive du traitement social du chômage, de l’emploi aidé et de l’assistance.

On se contente d’accompagner les conséquences sans chercher à agir sur les causes.

Depuis 25 ans on décourage les Français qui travaillent sans améliorer le sort des autres.

Et au bout du compte : toujours plus de pauvres, toujours plus de chômeurs, toujours plus d’exclus, toujours plus de déficits, toujours moins de pouvoir d’achat et des inégalités face à l’école et à l’emploi qui n’ont jamais été aussi fortes !

Les socialistes proposent de continuer.
Je propose d’arrêter !
Ils proposent de changer l’indice des prix.
Je propose de changer de politique !

Le mal français ne vient pas de notre histoire, qui est celle d’une grande nation dont nous avons tout lieu d’être fiers.

Il ne vient pas de notre culture qui est celle de la liberté de l’esprit et de la diversité des identités.

Il ne vient pas de nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui sont celles de la dignité humaine.

Il ne vient pas de l’élitisme républicain dont nous payons en vérité l’affaiblissement. Les soixante-huitards de gauche qui ont confondu la démocratisation avec la baisse du niveau des examens portent une responsabilité considérable dans la panne de l’ascenseur social. Il faut dire que ce sont les mêmes qui jadis voulaient supprimer les notes pour ne pas traumatiser les mauvais élèves ! On n’a jamais rien inventé de plus sot.

Au fil du temps nous avons dénaturé la République en l’enfermant dans l’égalitarisme, le nivellement et l’assistanat.

Je refuse ces valeurs.

Je vous propose de construire ensemble une France nouvelle qui redonne vie aux vraies valeurs, celles du mérite, de l’effort, du travail, de la récompense, du respect, de l’autorité, et pourquoi pas le dire de la fermeté.

Nous avons réduit la nation à n’être plus que le cadre de la redistribution.

Je vous propose d’en refaire une communauté de destin et l’expression d’une ambition et d’une fierté collectives qui tire chacun vers le haut et qui tourne le dos au misérabilisme.

Je vous propose de construire ensemble une société qui donne à chacun les moyens d’être libre, de gagner sa vie par son travail, de se faire sa place dans la société, de réaliser ses aspirations, de vivre debout, dignement, du fruit de son activité.

Je propose de construire une société d’égalité qui donne à chacun ce qui lui est nécessaire pour développer ses talents et vivre son rêve.

Je propose de rétablir l’égalité devant l’impôt en laissant à celui qui a travaillé dur le produit de son travail.

Je propose de rétablir l’égalité devant le service public, devant l’école, devant la santé, en ramenant l’Etat dans les quartiers que cela plaise ou non aux bandes et aux voyous.

Je propose de rétablir l’égalité des devoirs et des droits en mettant sous tutelle les allocations familiales de celui qui laisse son enfant pratiquer l’absentéisme scolaire.

Je propose de rétablir l’égalité devant la loi en supprimant l’amnistie et en transférant à une instance collégiale le droit de grâce.

Je propose de construire une société fraternelle. La fraternité ce n’est pas la charité.

La fraternité c’est la France qui travaille solidaire de la France des chômeurs qui ne demandent qu’à travailler, c’est la France bien portante solidaire de la France des malades, des handicapés, des personnes âgées.

La fraternité c’est la compréhension et le respect.

L’heure est venue de savoir ce que nous voulons collectivement

L’alternative est simple.

Ou bien nous ne changeons rien et nous continuons, ou bien nous changeons tout dans notre façon de concevoir la politique et nous construisons réellement une France nouvelle.

Ou bien nous voulons véritablement refaire une société, refaire une communauté de destin, refaire une Nation, bref, construire l’avenir, ou bien nous nous contentons d’accompagner la désintégration sociale.

Si nous voulons véritablement construire une ambition collective
pour relever le grand défi de la mondialisation, si nous ne voulons pas nous contenter de gérer le déclin économique et politique d’une France écartelée par les conflits d’intérêts et paralysée par les peurs. Alors, il nous faut changer nos méthodes et nos priorités.

Et le premier des impératifs, c’est de donner la priorité au travail parce que c’est le travail qui crée le travail. Comme c’est la richesse qui crée la richesse.

Ce n’est pas parce que l’on fait moins travailler les uns qu’il y a davantage d’emplois pour les autres. C’est tout le contraire !

Ce n’est pas parce que les vieux ne travaillent pas que les jeunes ont du travail. C’est tout le contraire !

La réhabilitation du travail, elle passe d’abord par une certaine morale.

La politique pour les socialistes c’est faire la morale à tout le monde.
Moi je veux faire une politique respectueuse de la morale !

L’adolescent voit l’impunité du petit trafiquant, le petit trafiquant voit la fortune du patron voyou et l’infortune de son père qui travaille à la chaîne. Le chômeur finit par se demander pourquoi il reprendrait un emploi qui lui rapportera moins que le RMI. L’ouvrier n’en peut plus des parachutes en or et des retraites chapeau et y perd l’envie de se dévouer à une entreprise.

Je veux dire à celui qui travaille dur pour gagner sa vie et qui est démoralisé de voir que l’assistance paye mieux que le travail, que je veux construire avec lui une société où il n’y aura plus d’assistance sans contrepartie, où il sera demandé à celui qui vit avec les minima sociaux d’accomplir un travail d’utilité sociale. C’est cela aussi la solidarité. Elle n’est pas à sens unique. Dans les valeurs que je porte, on ne peut réclamer des droits sans être prêt à assumer des devoirs.

Je veux dire au salarié qui a économisé sou à sou pour acheter la voiture dont il a besoin pour aller travailler et qui est écœuré de découvrir au petit matin qu’elle a été brûlée pour se distraire par des individus désœuvrés, que je veux construire avec lui une société où l’on ne cherchera plus des excuses aux voyous, qu’ils seront punis, parce que dans mes valeurs, la victime compte davantage que le délinquant.

Je veux dire à l’ouvrier qui se demande ce qu’il va bien pouvoir dire à ses enfants pour les convaincre de travailler à l’école quand il lit dans le journal qu’un adolescent de 14 ans gagne 700 € par semaine en faisant le guet pour les revendeurs de drogue du quartier, que je veux construire avec lui une société qui pratiquera le principe de la tolérance zéro avec tous les trafiquants.

Je veux dire au petit patron qui paye toutes ses charges et qui n’en peut plus de la concurrence déloyale que je veux construire avec lui une société où il n’y aura plus aucune indulgence ni aucune tolérance pour le travail au noir et pour la contrefaçon.

Je veux dire au patron voyou qui déménage son usine la nuit, ou qui vide la caisse pour n’avoir à payer ni les salaires ni les indemnités de licenciement que pour lui ce sera la tolérance double zéro. Quand on a plus de chances dans la vie on a également plus de devoirs.

Je veux dire au grand patron qui gagne beaucoup d’argent qu’il est sain de gagner de l’argent quand on l’a mérité parce qu’on a contribué à créer beaucoup d’emplois et beaucoup de valeur. Mais je veux lui dire aussi que l’outrance en la matière est une insulte à tous ceux qui travaillent dur pour gagner péniblement leur vie.

Je veux dire à ce grand patron dont la gestion est un échec et qui négocie une prime d’éviction en forme de parachute en or qu’il est légitime que la réussite paye mais qu’il est scandaleux que l’échec enrichisse et que son parachute en or n’est rien d’autre qu’une forme d’abus de bien social.

La moindre des choses c’est que les dirigeants des grands groupes cotés assument leur rémunération devant leurs salariés, leurs actionnaires, et que, par conséquent la rémunération de chaque dirigeant ne soit pas secrètement fixée dans le huis-clos du conseil d’administration mais publiquement approuvée pour chacun d’entre eux par l’assemblée générale des actionnaires, et bien sûr publiée nominativement dans le rapport annuel. Je propose qu’il en soit de même pour toutes les primes exceptionnelles, les parachutes et les retraites chapeau.

Je comprends que les stocks options soient considérées comme un bon instrument de motivation. Mais ce qui est bon pour les uns doit être bon pour tous.

Je propose donc qu’aucun programme de stocks options ne puisse être réservé aux seuls dirigeants mais qu’il soit étendu à tous les salariés de l’entreprise de sorte que chacun soit partie prenante au succès de tous.

Revaloriser le travail c’est faire en sorte que le revenu dépende davantage de l’activité, qu’il soit plus en rapport avec le travail. Mais c’est aussi – je le dis avec force – faire en sorte que le travail paye. Il faut briser la spirale suicidaire du revenu de la propriété qui explose et de la rémunération du travail qui s’effondre.

Les socialistes proposent la généralisation des 35 heures.

Je propose l’augmentation du pouvoir d’achat !

Voici le véritable clivage de la prochaine élection présidentielle. Je ne veux pas d’une réduction obligatoire et uniforme du temps de travail. Je veux que tous ceux, dans le public comme dans le privé, qui veulent travailler plus pour gagner plus puissent le faire.

A l’ouvrier d’Alstom, à l’infirmière, à l’instituteur qui sont fiers de leurs métiers mais pas de leurs salaires, à tous ceux qui travaillent dur, qui se donnent du mal, qui depuis 25 ans subissent l’austérité salariale, à tous ceux, cadres, professions intermédiaires, ouvriers qualifiés dont la charge de travail s’est alourdie sans compensation salariale, je propose de rendre du pouvoir d’achat. Plus de pouvoir d’achat c’est plus de motivation, plus de productivité, plus de consommation, et au bout du compte plus de travail et plus d’emplois.

Les socialistes veulent construire le progrès social contre l’économie.
Je veux construire le progrès social grâce à l’économie !

Ils disent : augmentons le SMIC, l’entreprise paiera !

Mais si elle ne peut pas payer, elle licenciera ou elle ira produire ailleurs ou elle se rattrapera sur tous les autres salaires.

Ils disent : faisons payer le capital ! Mais si le capital paye trop, il s’en ira.

Je propose l’augmentation des salaires nets et la diminution des charges qui pénalisent le travail. Je veux tout mettre sur la table sans tabou : l’impôt sur le revenu, la taxe professionnelle, la taxe sur les salaires, les charges sociales. Comment pourrait-on espérer revaloriser le travail si en le surtaxant on pousse les entreprises à l’économiser et à freiner les salaires ? Et comment peut-on sérieusement proclamer qu’on veut donner la priorité à l’emploi si l’on taxe l’entreprise sur le nombre des salariés qu’elle emploie et sur les salaires qu’elle leur verse plutôt que sur qu’elle produit et sur ce qu’elle vend ? Qu’elle logique y a t- il à ce que le consommateur contribue à financer sa sécurité sociale quand il achète un produit français et pas quand il achète un produit étranger ? Comment atténuer cette contradiction qui pousse le salarié en manque de pouvoir d’achat à détruire son emploi et sa protection sociale en achetant les produits bon marché des pays à bas salaires ? Comment enrichir le contenu en emploi de la croissance sans détruire la compétitivité des activités à forte valeur ajoutée ? Comment financer la protection sociale sans faire fuir ni les capitaux ni le travail ? Je veux que nous examinions toutes les pistes sans tabous. Allez donc demander à l’industriel, à l’ouvrier du textile, à l’agriculteur s’i
ls pensent que ce n’est pas une bonne idée de faire contribuer les importations au financement de la protection sociale et d’en exonérer les exportations ! Je propose que l’option de la TVA sociale soit étudiée, débattue, sans a priori idéologique et au-delà des cénacles où se forge habituellement cette pensée unique dans laquelle nous sommes englués .

Je propose que toutes les heures supplémentaires soient totalement exonérées d’impôts et de charges sociales. Aujourd’hui on décourage le travail supplémentaire, je veux le décupler.

Je propose que chacun puisse transmettre à ses enfants sans aucun droit de succession le patrimoine constitué tout au long d’une vie de travail. Ce n’est pas un crime d’avoir un patrimoine et de vouloir le transmettre à ses enfants.

Je propose la participation, l’intéressement et les stocks options pour tous, car la détention du capital ce doit être d’affaire de tous les salariés !

Pour tous ceux qui gagnent souvent moins que le SMIC et à tous ceux pour lesquels l’arrivée d’un enfant représente une baisse sensible du niveau de vie, je propose une forte revalorisation des allocations familiales dès le premier enfant. C’est un investissement pour l’avenir que de permettre aux familles de mieux vivre. Et c’est le pouvoir d’achat qui soutiendra la croissance française.

Au fonctionnaire auquel on demande des gains de productivité pour assainir les finances publiques je propose le partage systématique des gains de productivité et une part de rémunération au mérite.

Au patron de PME qui à la moindre difficulté risque d’être lâché par son banquier ou mis en faillite par l’URSSAF, je propose comme aux Etats-Unis une politique de discrimination positive en faveur des PME, en leur réservant des parts dans la commande publique.

Les socialistes proposent de partager l’emploi.
Je propose de libérer le travail !
Voici le deuxième clivage de la prochaine présidentielle.

Au chef d’entreprise qui hésite à embaucher parce qu’il a peur de ne pas pouvoir licencier et qui se perd entre les quelque 36 formules de contrats de travail possibles, je propose un contrat unique à durée indéterminée, plus souple, avec une consolidation des droits du salarié au cours du temps. Au salarié qui a peur de la précarité je propose de créer une sécurité sociale professionnelle pour sécuriser l’ensemble de son parcours professionnel plutôt que seulement son emploi du moment. Je lui propose la liberté du choix syndical en mettant fin au monopole de la représentativité fondé sur un critère historique qui n’a plus lieu d’être.

A celui qui veut changer de métier je propose le droit à la formation tout au long de la vie.

A la femme qui a du mal à concilier sa vie familiale et sa vie professionnelle, je propose un investissement massif dans le développement et la diversification des modes de garde, ainsi qu’une journée scolaire qui se termine par des études surveillées qui permettront de ne pas laisser les enfants livrés à eux-mêmes, qui garantiront que les devoirs seront faits, qui offriront aux enseignants qui le souhaiteront la possibilité d’augmenter leur pouvoir d’achat.

Les socialistes veulent la réduction du temps de travail pour tous comme projet de société !

Je veux aider chacun à construire son projet de vie grâce au temps choisi !

Je veux la liberté du choix vis-à-vis du travail. Je veux que chacun soit libre de rester aux 35 heures ou d’en sortir. Et cela vaut pour les salariés de la fonction publique comme pour ceux du secteur privé.

A celui qui vient d’avoir un enfant et qui a besoin de gagner plus je propose la liberté de travailler plus. A celui qui souhaite avoir davantage de temps je propose la liberté de travailler moins. A celui qui préfère travailler le dimanche je propose la liberté de le faire. Je veux que chacun soit libre de choisir son rythme de travail en fonction de ses besoins et de ses aspirations et d’organiser sa vie comme il le souhaite. Et à celui qui est contre la grève obligatoire imposée par une minorité je propose la démocratie par l’organisation obligatoire d’un vote à bulletin secret dans les 8 jours qui suivront tout déclenchement de mouvement social.

Les socialistes veulent l’assistance pour tous.

Je veux que l’on reconnaisse l’utilité sociale de chacun !

Aux Français qui sont happés par le chômage et par la pauvreté et qui ne sont plus capables de s’en sortir tout seuls, à ceux que les services sociaux passent plus de temps à chercher de quel dispositif ils relèvent qu’à les aider à retrouver leur place dans la société, je propose de concentrer tous les efforts sur les parcours d’insertion et de donner la priorité au traitement des familles et des individus plutôt que de se reposer entièrement sur le traitement global des territoires et des quartiers.

Je propose une aide dans l’éducation des enfants dès le plus jeune âge qui est le plus décisif. Je propose que les enfants lorsqu’ils sont doués pour les études bénéficient de bourses plus substantielles et puissent être accueillis dans des internats d’excellence.

Dans les quartiers où s’accumulent tous les problèmes de l’exclusion et du chômage, je propose de créer des classes de 15 élèves dans les collèges et les lycées. Aux familles qui sont tentées de déménager pour pouvoir inscrire leurs enfant dans des établissements scolaires qui obtiennent de meilleurs résultats je propose d’assouplir la carte scolaire parce que c’est une meilleure façon de lutter contre la ségrégation urbaine que de créer autoritairement des enclaves de pauvres au milieu des enclaves de riches.

A celui qui veut se donner du mal pour sortir de l’assistance, à celui qui veut se donner du mal pour sortir du chômage, je propose qu’on l’aide à trouver un emploi parce que cette aide sera toujours moins coûteuse que le chômage.

Les socialistes lui proposent la survie sociale par l’allocation. Je lui propose la dignité par le travail !

Je lui dis : « Tu veux trouver du travail ? On t’accompagnera. Tu es prêt à prendre un emploi loin de son domicile ? Tu bénéficieras d’une prise en charge de tes frais de transport. Tu veux devenir entrepreneur ? Tu pourras aller dans une école de projets et tu pourras bénéficier d’une aide aux chômeurs créateurs d’entreprise. Tu as quitté l’école sans aucune qualification et tu veux t’en sortir ? Tu pourras aller dans une école de la deuxième chance. Tu n’as pas ton bac et tu veux reprendre tes études ? Tu disposeras d’un crédit formation tout au long de ta vie et tu trouveras dans toutes les disciplines des passerelles sur le modèle de la capacité en droit qui permet d’accéder à l’université sans le bac. Tu veux créer ton propre emploi ? Tu auras accès au micro-crédit. »

Mais je lui dis aussi : « La société ne pourra rien pour toi si tu n’es pas décidé au préalable à produire le minimum d’efforts pour t’en sortir par toi-même. L’Etat ne peut rien pour toi si tu ne veux rien pour toi ! »

Et à ceux qui ont délibérément choisi de vivre du travail des autres, ceux qui pensent que tout leur est dû sans qu’eux-mêmes doivent rien à personne, ceux qui veulent tout tout de suite sans rien faire, ceux qui au lieu de se donner du mal pour gagner leur vie préfèrent chercher dans les replis de l’histoire une dette imaginaire que la France aurait contractée à leur égard et qu’à leurs yeux elle n’aurait pas réglée, ceux qui préfèrent attiser la surenchère des mémoires pour exiger une compensation que personne ne leur doit plutôt que de chercher à s’intégrer par l’effort et par le travail, ceux qui n’aiment pas la France, ceux qui exigent tout d’elle sans rien vouloir lui donner je leur dis qu’ils ne sont pas obl
igés de rester sur le territoire national.

Nous avons une dette que nous n’avons pas réglée envers ceux qui, ayant versé leur sang pour la France, ont été chassés de leur pays et ont tout perdu. A tous les autres nous ne devons que ce que nous devons à tout citoyen : l’égalité des devoirs et des droits.

Mais nous ne parviendrons à faire tout ceci que si le chômage de masse cesse de tirer toute la société vers le bas ?

Un chômage faible n’élimine pas automatiquement la pauvreté et l’exclusion mais il donne les moyens de les combattre et il ouvre une issue. Comment espérer insérer quand l’emploi manque ? Comment espérer que l’entreprise fasse un effort de rémunération, de formation, de promotion et qu’elle se laisse moins aller à la discrimination quand elle n’a que l’embarras du choix pour embaucher ? Comment redonner au travailleur un pouvoir de négociation et des perspectives d’avenir ? Comment, sinon par le plein emploi qui corrige naturellement le rapport de force entre l’employeur et l’employé, entre le capital et le travail, entre l’actionnaire et le salarié ? Comment réduire les déficits publics et les prélèvements ? Comment ralentir l’immense pompe aspirante de la redistribution ? Comment faire, sinon par le plein emploi ?

On a tout essayé disait Mitterrand !

Eh bien non, contre le chômage on n’a pas tout essayé ! Nous avons obtenu des premiers résultats mais il faut aller plus loin.

La France n’est pas condamnée au déclin ! Elle ne doit pas être à la remorque du monde.

Le mal français ne vient pas des Français qui ne sont ni frileux, ni conservateurs, ni incapables de voir le monde tel qu’il est, qui sont créatifs, imaginatifs, qui sont travailleurs.

Depuis un demi-siècle la France n’a pas cessé de s’adapter grâce à l’effort et aux sacrifices du plus grand nombre.

Dans ses profondeurs la France n’est pas saisie par le renoncement. Elle ne manque ni de courage, ni d’audace, ni d’imagination.

La France n’est pas condamnée éternellement à ne pas pouvoir offrir du travail à tous ceux qui veulent travailler : il se crée chaque année dans le monde des millions d’emplois. La fin du travail est un mythe. La fin de l’Histoire en est un autre.

Il suffit de regarder autour de nous pour s’en convaincre: on peut conduire une politique économique qui tende au plein emploi, qui rende l’espoir.

Et il n’y a aucune raison pour que la zone Euro soit la variable d’ajustement des déséquilibres économiques du monde.

Avons-nous déjà oublié le Franc fort à tout prix qui nous a coûté cher en emplois, en pouvoir d’achat, en déficits et en endettement public pour que nous nous sentions obligés de recommencer alors même que nous n’avons plus à gérer la réunification allemande et la marche vers l’Euro ?

N’avons-nous pas encore compris combien il est risqué pour l’emploi de pousser à la réévaluation de l’Euro quand tous les autres pays du monde mènent une stratégie monétaire offensive, et quand le dumping monétaire amplifie les effets dévastateurs du dumping social ? Demandez donc au patron de la petite entreprise industrielle et à ses ouvriers qui ont vu en quelques mois la baisse du dollar ruiner des années d’effort de productivité !

Je me souviens de Lionel Jospin déclarant pendant la campagne pour l’élection présidentielle : « Un homme politique responsable ne parle pas de la monnaie ». Pour moi c’est dire cela qui est irresponsable ! Il n’y a pas un pays au monde où la monnaie ne soit pas un instrument de politique économique. Regardez les Etats-Unis, le Japon ou la Chine. Et demandez-vous pourquoi les pays européens qui enregistrent les meilleures performances en matière d’emploi, de pouvoir d’achat et de croissance comme le Danemark, la Suède ou l’Angleterre sont en dehors de l’Euro ?

J’ai voté pour la création de l’Euro. Je ne le regrette pas.

Nous avons fait l’Euro au prix de beaucoup de sacrifices mais nous l’avons fait pour agir pas pour subir !

Nous avons fait l’Euro pour mettre le travail européen en mesure de relever le défi de la mondialisation, non pour l’étrangler.

J’ai toujours dit oui à l’Europe. J’ai voté oui à l’Acte unique, oui à l’Euro – et il n’est pas question de le remettre en cause. J’ai voté oui à la constitution européenne !

Mais on ne peut pas être un Européen conséquent et se satisfaire de la situation actuelle qui affaiblit l’Europe. Etre un européen conséquent c’est dire à la Banque Centrale Européenne qu’il y a des risques à poursuivre une politique de resserrement monétaire alors que l’activité stagne. Il est urgent que soit créé un véritable gouvernement économique de la zone Euro et que soient rediscutés le statut et les objectifs de la BCE. Dire la vérité aux Français, c’est reconnaître que l’introduction de l’Euro a brouillé les repères monétaires et qu’il s’est bel et bien accompagné d’une forte hausse du coût de la vie et d’une chute du pouvoir d’achat. Cela ne s’est peut être pas vu dans les statistiques de la Banque Centrale mais cela s’est senti dans les porte-monnaie de tous les Français. Je suis un homme politique qui veut parler de la vie réelle des français pas de la vie virtuelle.

Etre un Européen conséquent c’est accepter une discipline budgétaire commune comme contrepartie de la monnaie unique, c’est chercher à réduire les déficits quand la conjoncture est bonne, mais c’est aussi refuser une logique absurde qui conduit à augmenter les impôts, à couper dans les investissements publics, et à tailler dans les dépenses sociales quand la croissance ralentit et le chômage augmente. C’est s’en tenir à cette simple vérité que ce n’est pas le déficit qui crée le chômage mais le chômage qui creuse le déficit.
C’est poser comme principe que si la dette publique doit être remboursée, ce ne peut être que par la croissance et certainement pas par la diminution du pouvoir d’achat. C’est refuser la dictature du court terme en inscrivant la stratégie budgétaire dans la durée. C’est privilégier la logique économique sur la logique comptable. C’est se donner des marges pour l’investissement et l’innovation.

Regardez ce que font les autres, les Etats-Unis ou le Japon, regardez comment l’Angleterre, la Suède ou le Danemark ont réussit à financer leurs réformes! Faire semblant de croire que l’on peut réformer quand l’économie stagne et quand tous les leviers de la politique économique sont bloqués c’est se condamner à ne jamais réformer.

Oui, une nouvelle fois, je veux le dire : Nous avons fait l’Europe pour agir pas pour subir !

Etre un Européen conséquent c’est admettre les grands principes de la concurrence comme fondements du marché unique, mais c’est refuser que le droit européen de la concurrence laisse les entreprises européennes à la merci des prédateurs du monde entier. C’est refuser que l’Europe sanctionne la présomption d’abus de position dominante quand les Etats-Unis se contentent de sanctionner l’abus avéré de position dominante. C’est refuser que l’Europe rejette toute forme de préférence communautaire et empêche toute politique industrielle quand le monde entier fait le contraire. C’est refuser que certains pays membres puissent financer la baisse de leur impôt sur les sociétés et faire ainsi du dumping fiscal à notre détriment avec l’argent de nos impôts !

Etre un Européen conséquent, être un homme politique responsable c’est refuser que l’Europe serve d’alibi à tous les renoncements !

C’est refuser que le marché unique serve de paravent à tous les dumpings sociaux, fiscaux ou écologiques !

Etre un Européen conséquent et un homme politique responsable c’est ne pas faire après le « non » français à la constitution européenne comme s’il ne s
’était rien passé !

Etre un Européen conséquent et un homme politique responsable c’est appeler à une révision de la politique économique européenne afin que dans tous les pays d’Europe les gouvernements ne soient pas condamnés à répondre toujours aux citoyens qui leur demandent des comptes sur le chômage, le pouvoir d’achat ou la croissance : « Nous n’y pouvons rien ! »

Nous avons fait l’Europe pour agir pas pour subir !

Mes cher amis, la France a besoin de construire des politiques qui permettent de saisir l’avenir à bras le corps. Elle a besoin de rénover en profondeur son système éducatif, ses universités, sa recherche. Elle a besoin d’un dialogue social renouvelé, d’un droit du travail modernisé dans la concertation. Elle a besoin d’une politique de relance par le travail et par l’augmentation du pouvoir d’achat. Elle a aussi besoin de maîtriser sa dépense publique.

Mais nous ne construirons rien si d’abord nous ne redonnons pas à la France du travail sa dignité et sa fierté.

Dans cette région où depuis que le dernier chasseur-cueilleur de Sauveterre s’est mis à cultiver la terre il a fallu 7 à 8 mille ans d’efforts ininterrompus pour fabriquer un des plus beaux paysages du monde et le plus grand jardin de France ;

Dans cette région où les fils des immigrés italiens et espagnols des années 30 se sont si bien intégrés par l’effort et le travail, poussés par le seul désir d’éprouver un jour la fierté d’être devenus des citoyens comme les autres ;

Dans cette région où les rapatriés d’Afrique du Nord qui n’avaient plus rien ont reconstruit courageusement leur vie après avoir laissé derrière eux le fruit du travail de trois générations et qui pour la plupart n’avaient jamais exploité personne d’autre qu’eux-mêmes ;

Dans cette région on sait la valeur du travail des hommes. Sans travail, il n’y a pas de richesse. Les Américains, les Anglais ont un niveau de bien supérieur au nôtre – on le sait bien du reste dans cette région où de plus en plus les Anglais achètent nos maisons. Ce n’est pas qu’ils soient plus talentueux. C’est tout simplement qu’ils travaillent davantage.

Sans l’amour du travail bien fait, sans la fierté de l’œuvre accomplie il n’y a pas de civilisation. Les paysans qui ont façonné le visage de la France, les bâtisseurs de cathédrales qui cherchaient le salut dans la perfection de leur œuvre, les artisans qui n’ont d’autre fierté que celle qu’ils mettent dans la maîtrise de leur art, les ingénieurs qui ont conçu le viaduc de Millau, les savants dans leurs laboratoires, les ouvriers dans leurs ateliers, les employés dans leurs bureaux, les médecins au chevet de leurs malades ne nous lèguent pas qu’un immense héritage de savoir-faire, de technique et de culture. Ils nous enseignent depuis des millénaires une immense leçon de savoir-vivre ensemble à travers une division du travail social où chacun travaillant pour les autres reçoit de tous davantage qu’il ne donne. Ils trouvent dans leur talent et dans son expression une part de leur raison d’être et d’intenses satisfactions.

C’est ce réapprentissage de la valeur du travail qu’il va nous falloir opposer à la désintégration sociale.

Il faudra beaucoup d’efforts pour remonter le courant qui nous entraîne si loin de nos idéaux ; si loin de ce modèle de société qu’ont rêvé pour nous nos parents et nos grands-parents, la vieille dame de Marmande et celle d’Agen, et tous ceux avant eux qui ont construit le plus beau pays du monde avec la fierté de ne devoir qu’à eux-mêmes d’être des femmes et des hommes libres et solidaires.

Mais au bout de ces efforts nous redonnerons vie et réalité aux idéaux qui ont toujours animé notre peuple, nous rendrons l’espérance à nos enfants, nous retrouverons notre fierté d’être Français.

Mes chers amis, c’est cette France nouvelle que je vous invite à construire, à construire ensemble.

Vive la France. Vive la République.

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